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Education I un fossé entre écoles publiques et privées

Education I un fossé entre écoles publiques et privées

Éducation | -

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Dans une cérémonie de remise officielle de bâtiments réhabilités mardi dernier à l’Institut universitaire de technologies (Iut), le ministre de l’Education nationale, Bakari Mvoulana, a sonné l’alarme sur le déclin de l’enseignement public. En effet, les résultats du baccalauréat session 2024 aux Comores ont suscité de vives inquiétudes. Sur l’île de Ngazidja, par exemple, 2296 des 2885 candidats admis proviennent des établissements privés. C’est un taux de réussite de 79,58%. En revanche, les écoles publiques ne comptent que 589 admis, soit un taux de 20,41%. Des écarts similaires se constatent également sur les autres îles : à Ndzuani, 57,54% des admis viennent des écoles privées, tandis qu’à Mwali, ce chiffre atteint 75,39%.


Ces résultats soulèvent des interrogations sur la qualité de l’enseignement dispensé dans les écoles publiques, comme l’a fait remarquer le ministre. Ce dernier a mis en cause «la négligence de certains enseignants», et estimé que cette situation contribuerait significativement aux taux d’échec élevés. Cette accusation a suscité des réactions dans la communauté éducative.


Moussa Mfougoulié, enseignant, admet qu’il existe effectivement des professeurs moins impliqués dans les écoles publiques. Il déplore le manque d’assiduité de certains collègues et la négligence de cours, mais insiste sur le fait qu’il ne faut pas généraliser. Beaucoup d’enseignants dévoués s’efforcent selon lui de fournir un enseignement de qualité, malgré des conditions difficiles.


L’inspecteur pédagogique Kamal Youssouf évoque des problématiques plus larges, notamment le manque d’enseignants qualifiés au primaire. De nombreux cours seraient dispensés par des bénévoles, souvent sans formation adéquate. «Comment peut-on avoir du niveau avec un enseignant fonctionnaire pour six bénévoles dans une école de sept divisions ?», s’interroge-t-il. Youssouf pointe également du doigt le rôle des parents, qui selon lui, négligent le suivi éducatif de leurs enfants. Il déplore le manque de rigueur, notamment en matière d’achat de livres scolaires.


Concernant les collèges et lycées, l’inspecteur insiste sur le manque de moyens accordés aux encadreurs pédagogiques par l’État, ce qui limite leur capacité à suivre les enseignants et à les sensibiliser à leurs responsabilités. La situation actuelle appelle sans doute donc à une réflexion approfondie sur les défis rencontrés par l’éducation aux Comores.

                                   Saïd Toihir

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