De l’avis des experts et de l’ensemble des acteurs du secteur éducatif, la revue sectorielle du Plan de transition du secteur de l’éducation (Ptse) 2018-2020 était nécessaire pour dresser entre autres le bilan de ce plan axé sur l’accès et l’équité, la qualité et la pertinence de l’enseignement et enfin la gouvernance et le pilotage du système éducatif. Il s’agissait aussi d’un avant-gout des assises nationales sur l’éducation qui auront lieu prochainement. Et après trois jours de travaux il a été constaté que «des progrès ont été accomplis mais que beaucoup reste à faire pour répondre aux préoccupations du moment».
La rétention des élèves la qualité de l’enseignement
Ainsi, dans les différents niveaux de l’enseignement, les constats divergent sans surprise. Au niveau de l’enseignement préscolaire et primaire, le problème n’est pas la scolarisation mais la rétention des élèves et la qualité de l’enseignement. L’Enseignement coranique rénové longtemps vanté est aujourd’hui pointé du doigt. Il est ainsi recommandé de «trouver un consensus» avec la «mise en place d’un programme éducatif du préscolaire par lequel se transmettent les valeurs socioculturelles et religieuses du comorien». Au collège et au lycée les effectifs sont respectivement en hausse et en baisse. Là aussi il y a un problème de rétention et ce malgré la multiplication des écoles privées.
45% du budget consacré à l’enseignement primaire
Le ministère de l’Education affirme ainsi qu’au secondaire «il n’y a que peu de réalisation à l’exception notable de la production et distribution de manuels et fascicules scolaires». On notera malgré cela que le Centre de diffusion scientifique (Cds) est quasiment en état de mort cérébrale. Pour ce qui est de l’enseignement technique et professionnel, il a «fortement progressé en termes d’effectifs, d’offres de formation et de diversification des filières. Cela correspond à des investissements importants dans le sous-secteur malgré un financement très faible dans le budget de l’Etat. L’enseignement technique et professionnel souffre également d’un dispositif institutionnel incomplet». L’enseignement supérieur a, quant à lui, quelques projets que l’on dit phares. Il s’agit de «la réforme des Ifere qui seront transformés en une Ecole normale, la mise en place des œuvres universitaires, notamment le transport des étudiants, et l’attribution des bourses». Et «au niveau de l’Université des Comores, la forte croissance des effectifs et le statut d’autonomie ont poussé au développement d’un plan stratégique, lui-même décliné en plan de développement visant l’amélioration de la gouvernance, l’intégration du numérique et le soutien à la recherche».
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A en croire les séminaristes, «le budget de l’Etat alloué à l’éducation a augmenté mais la part des dépenses publiques totales a diminué. Sur le plan de la répartition des dépenses par sous-secteur, le ministère n’a pas atteint ses engagements quant à la part consacrée à l’enseignement primaire qui doit être 45%. Plus de 90% de ces dépenses sont consacrées aux salaires et le budget de fonctionnement est relativement faible».
Les Etats généraux de l’éducation de 1994
Aussi, «les financements extérieurs ont été conséquents (4,1 milliards de francs), mais ils n’ont pas toujours financé les priorités du Ptse, notamment en matière de renforcement des capacités, et ont souffre de problèmes de coordination». Sur ce volet, «deux freins principaux à son suivi ont été relevés. Il s’agit de l’absence du comité de coordination du Ptse et de l’absence de Plans d’action annuel budgétisé. Malgré cela, des actions ont été initiées concernant l’établissement d’un fonds commun et la préparation du prochain plan sectoriel de l’éducation». Si de nombreuses pistes ont été dégagées, nous retiendrons ce qui a été dit sur les assises nationales prochaines qui, on le rappelle, cherchent à «dégager des pistes d’orientation politique du système éducatif à partir des analyses, évaluations et réflexions déjà menées au cours de deux dernières décennies (depuis les Etats généraux de l’éducation de 1994 à ce jour) ; proposer des stratégies efficaces de concrétisation de la vision de l’éducation au service de l’émergence du pays à l’horizon 2030 et définir des conditions et modalités d’articulation, de complémentarité et de cohérence de la nouvelle politique de l’éducation avec les objectifs régionaux et mondiaux en matière d’éducation et de formation».
Quant aux résultats attendus, les assises nationales devront permettre d’avoir des «contributions thématiques des experts nationaux de différents domaines pour alimenter les échanges et concertations mais aussi des notes de synthèses des échanges et recommandations issues des commissions de différentes tables rondes». Préalablement, «des consultations et concertations régionales seront organisées dans huit régions du pays, avant les journées des assises nationales, pour rechercher des idées et propositions originales, surtout en ce qui concerne l’offre et la demande d’éducation et de formation dans les différentes régions».
La finalité est «à la fois d’impliquer toutes les différentes couches de la population comorienne dans les décisions que le gouvernement aura à prendre et de les sensibiliser sur les choix et les options retenus pour le devenir du secteur». Un programme ambitieux mais qui, comme le souligne le rapport final, n’est pas suffisant puisque si «les textes sont nécessaires, leur application reste l’objectif final et celle-ci est très difficile».