Toutes les études menées tendent à indiquer que l’enseignement dans la langue maternelle est un facteur essentiel d’inclusion et d’apprentissage de qualité, et qu’il aide à l’acquisition des acquis dans l’apprentissage et les performances scolaires.
Aux Comores cependant, aucun pas n’est véritablement pas fait, jusqu’ici, pour aller dans ce sens, en dehors des déclarations et des engagements sans lendemain des pouvoirs publics en faveur de l’introduction du shiKomori dans le système éducatif.
Dans un silence assourdissant
Bien que le linguiste Mohamed Ahmed Chamanga ait mis en place une orthographe officielle du shiKomori, depuis près de quinze ans, en 2009 précisément, pour notamment faciliter l’enseignement de cette langue riche des quatre «parlers» que sont le shiMaore, le shiNdzuani, le shiMwali et le shiNgazidja, jusqu’à lors le shiKomori est confinée à une présence marginale dans les établissements scolaires et même à l’Université des Comores, et dans toute l’administration publique.
Partout, malgré l’officialisation d’une orthographe et l’existence d’ouvrages de grammaire, notamment, chacun se permet d’écrire comme bon lui semble. A qui la faute?
Force est de constater que les plus jeunes parlent, de moins en moins, la langue de Mbae Trambwe et que cela entraine la perte de tout un patrimoine culturel et intellectuel, dans un silence assourdissant du ministère de la Culture et, surtout, de celui de l’Education qui devrait pourtant, être au four et au moulin dans ce combat.
Les Comores figurent en bonne place dans la liste de ces pays africains où les enfants débutent leur scolarité dans une langue étrangère, ce qui, de l’avis de tous, handicape fortement leur capacité de compréhension. Dans ces conditions, faudrait-il s’étonner, aujourd’hui, du niveau des élèves et des mauvais résultats qu’on constate, régulièrement, aux examens nationaux?
N’est-il pas grand temps de traiter le problème pas ses racines si l’on veut vraiment espérer voir les choses changer un jour prochain?
La situation est d’autant plus grave que le constat est fait que les enseignants, eux-mêmes, ne maitrisent pas forcement la principale langue d’instruction actuelle, le français, ce qui entrave la transmission du message aux élèves.
Célébrer une langue qui se meurt?
Pendant ce temps, les services du ministère de l’Education nationale – qui sont sensés travailler à l’insertion, dans l’enseignement, de la langue maternelle – semblent se suffire, à longueur d’années, des cérémonies de célébration de la «Journée internationale» d’une langue maternelle comorienne qui se meurt, rapidement et sûrement.
Les études montrent, de façon claire, qu’on apprend mieux une seconde langue lorsqu’on a bien acquis sa langue maternelle.
Cette démarche devrait s’accompagner d’un programme scolaire adapté au contexte culturel.Cependant, de la Cp à la l’université, les Comoriens continuent, encore et toujours, à apprendre sur la bases d’une documentation qui ne fait qu’exceptionnellement corps avec les réalités de son pays. Est-ce pour cette raison qu’ils ont tendance à aduler, systématiquement, ce qui vient d’ailleurs au détriment de ce qui est leur?