Comme dans les autres îles, Mwali connaît un déficit important d’enseignants du primaire. À chaque rentrée, plusieurs chefs d’établissement affirment être obligés de limiter les inscriptions des plus jeunes, au profit des élèves plus âgés, afin d’éviter des sureffectifs devenus ingérables. Les directeurs que nous avons contactés hier mercredi 19 novembre expliquent que regrouper les élèves de différents niveaux reste la solution palliative.
Le directeur de l’école primaire de Wanani, dans la région de Djando, Nadhuifou Idarousse, affirme regrouper les classes d’Ep1 et d’Ep2 pour former une seule salle.
«Ainsi, plus de 60 élèves de 4 à 6 ans se retrouvent dans une classe avec un seul enseignant», dit-il. «Avec un effectif de 612 enfants répartis en 18 divisions, l’école est totalement délabrée et dépourvue d’une clôture digne de ce nom. La majorité des classes n’ont pas de toiture ; les cours doivent parfois s’arrêter en cas de fortes pluies», ajoute-t-il.
Dans la même région, l’Epp de Hamavuna fait face à des difficultés similaires. Ici, seuls trois instituteurs ne sont pas affectés pour 11 divisions accueillant 310 élèves. L’année scolaire précédente, quatre enseignants manquaient. Cette année, une légère baisse de l’effectif a réduit le nombre de divisions et donc le nombre d’enseignants vacants, selon le directeur. Hyaldine Athoumane qui s’inquiète également de l’absence de clôture, d’autant que l’école est située à quelques mètres de la mer. « Souvent, des enfants tentent de s’en approcher en se cachant », confie-t-il.
À l’Epp de Ndrondroni, dans la région de Mledjele, la situation n’est guère différente. «L’établissement compte initialement 22 divisions pour 11 salles. Mais avec 735 élèves, nous avons dû récupérer et réhabiliter une salle abandonnée pour répondre aux besoins», explique le nouveau directeur, Athouman Mohamed. «Avec quatre instituteurs manquants, nous avons dû regrouper les élèves d’Ep1 et d’Ep3 : 46 enfants qui, comme leur enseignant, affrontent de nombreuses difficultés… mais nous n’avons pas d’autre choix », déplore-t-il.
Selon le directeur de l’enseignement primaire de Mwali, Kaldine Soihibou, 18 enseignants manquent dans les 26 écoles réparties entre les trois centres d’inscription pédagogique régionale (Cipr) de l’île : Moimbassa, Djando et Mledjele. Il reconnaît l’urgence de recruter rapidement des instituteurs dans l’ensemble des îles.
Un ancien instituteur à la retraite estime de son côté que les responsables du ministère de l’Éducation nationale ne prennent pas suffisamment en compte les difficultés du secteur. Selon lui, les problèmes s’aggravent chaque année. «Autrefois, certains établissements étaient considérés comme des écoles pilotes. Aujourd’hui, ils sont négligés et confrontés à des problèmes pourtant élémentaires», affirme-t-il sous anonymat. Il propose alors plusieurs pistes pour pallier le manque d’instituteurs, notamment « le recrutement des bénévoles déjà actifs dans le secteur».
