Après les sanctions infligées aux élèves, enseignants et autres responsables de l’éducation pris en flagrant délit de fraudes ou de complicité de fraudes, le directeur général de l’Office national des examens et concours (Onec) se dit confiant quant à la sécurisation des prochains examens. Abdou Ali Abdallah et son équipe sont, en effet, à pied d’œuvre pour éviter que les erreurs et autres anomalies constatées ces dernières années ne se reproduisent pas. Malgré cette volonté manifeste de sécuriser les examens, des inquiétudes subsistent encore.
Le logiciel de notation des résultats, jugé «vieux et dépassé», est loin de rassurer tous les acteurs du système éducatif. Conçu en 1999 lors de la première informatisation des résultats, ce logiciel Access a déjà montré ses limites et fait l’objet de bugs. Au départ, le programme devait «supporter 4.000 candidats» alors qu’on en est à plus de 8.000.
Par conséquent, lors de la saisie des notes «on peut se retrouver avec des bugs qui nous font perdre des données, nous poussant à tout recommencer et à faire des rafistolages», nous a confié une source anonyme.
Mais, il y a encore plus grave : «lors de la saisie, le logiciel n’est même pas capable de détecter la langue vivante 1 et 2 des élèves. Il faut un suivi permanent. Il se pose donc un grave problème de coefficient puisque la langue vivante 1 est multipliée par 4 tandis que la deuxième est multipliée par 2». Une situation lourde de conséquences puisque la différence de coefficient est énorme.
Problème de confiance
Un ancien président de jury au baccalauréat confirme que, des fois, des notes sont cryptées «de façon à pouvoir les insérer au moment voulu». Il souhaite donc que le syndicat des enseignants fasse partie du service des examens.
Un problème de confiance survient, en outre, lors de la saisie des données. On se souvient de l’épisode de 2012 quand de nombreux candidats recalés au bac se sont vus accorder des notes de complaisance lors de la saisie. Heureusement qu’ils ont été découverts à temps.
L’année dernière, un informaticien a été suspendu et fait aujourd’hui l’objet de poursuites judiciaires pour avoir falsifié des notes. Abdou Ali Abdallah mise beaucoup sur la prévention et la sensibilisation. Pour lui «les sanctions seront plus sévères à l’avenir».
Parallèlement, «le gouvernement veut qu’on atteigne les 50% de réussite lors des prochains examens», affirme le directeur de l’Onec. Et de préciser : «Il ne s’agit pas là de laisser tout le monde avoir le bac ni de rendre les choses plus faciles qu’elles ne le sont.
Nous avons mis en place des formations en docimologie à l’endroit des acteurs du système éducatif accrédités aux examens nationaux de façon à ce que la conception, l’interrogation et la correction des sujets tiennent compte du niveau des élèves et de la réalité comorienne».
Au niveau des sites où auront lieu les épreuves, des mesures draconiennes seront prises pour enrayer, autant que faire se peut, toute tentative de fraude. Chaque site est ainsi tenu d’avoir une clôture et des toilettes séparées hommes/femmes. «Si certaines écoles ont pu répondre à ces conditions et nous les en remercions, d’autres n’ont pas pu le faire et ne seront donc pas utilisées cette année».
Manque de volonté
Mais, pour beaucoup, le souci majeur ne se trouve pas à ce niveau là. «Il y a un manque cruel de volonté de la part des dirigeants de trouver des solutions définitives à ces problèmes. Chaque année, nous faisons des ateliers et nous évoquons de manière redondante les mêmes problèmes et citons les solutions à adopter, sauf que ça reste toujours au stade de la théorie», regrette un fin connaisseur de l’appareil éducatif national.
A l’en croire, il y a toujours des réticences quand il s’agit de changer les choses, même si «nous n’avons pas le monopole du portefeuille». A noter que pour l’instant, le budget du baccalauréat oscille entre 90 et 100 millions, selon les effectifs (la subvention de l’Etat et les droits d’inscription sont les sources de financement des examens).
Certains estiment que des économies pourraient être réalisées si les réformes proposées étaient adoptées. Il faut donc «une bonne foi des dirigeants, mais c’est à croire que le système actuel les arrange». Pour autant, l’Onec annonce que, pour les prochains examens, «ce sont des personnes de confiance qui seront aux avant-postes.
Nous travaillons avec elles depuis longtemps, donc il n’y a aucune crainte». Pour ce qui est du rachat, différent d’une île à une autre, «nous allons faire en sorte qu’il soit défini avant les examens et surtout qu’il soit le même à Ngazidja, Mwali et Ndzuani».
Autre nouveauté : «les épreuves facultatives au bac et au Bepc seront comptabilisées dès le premier tour. Avant, seuls ceux qui parvenaient au deuxième groupe pouvaient en bénéficier». Il s’agit là de l’épreuve de dessin au bac et de l’épreuve d’éducation physique et sportive au Bepc. Dans le même temps, les examens professionnels seront décentralisés dans les différents centres du pays.