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Examens nationaux I Faut-il reformer les épreuves orales du second groupe ?

Examens nationaux I Faut-il reformer les épreuves orales du second groupe ?

Éducation | -   Abdou Moustoifa

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En plus des coûts plus ou moins considérables qu’elles engendrent, se poserait également «un problème de manque de sérieux», dit-on, de la part des membres du jury, qui, dans leur majorité sont accusés à tort ou à raison de faire preuve de complaisance envers les candidats, pendant cette épreuve dite de la seconde chance.

 

Tous les ans, le scenario reste le même. C’est d’ailleurs le seul examen sans enjeu. L’unique épreuve où les résultats sont connus en avance et ne changent presque jamais. Et pour cause, tous les candidats réussissent, peu importe le niveau. Sauf les absents. Voilà à quoi ressemblent ce que nous appelons, épreuves orales du second groupe.Cette année, on n’a pas dérogé à la règle. En effet, tous les candidats au bac, autorisés à se présenter au second groupe à Ndzuani et Mwali, ont tous été déclarés admis. Ils étaient au total 1 216. Tout comme à Ngazidja. Pour les élèves de la classe de 3ème, aussi qui, actuellement passent les épreuves orales n’ont aucune raison de s’inquiéter.Car, ils réussiront tous et sans exception.

Du moins ceux qui se présenteront. Ainsi, se déroulent les épreuves écrites du second groupe, au cours de ces dernières années. Aujourd’hui, cette façon de faire suscite débat. Des voix, vont jusqu’à demander s’il est nécessaire de garder encore ce examen dont le seul moyen de valider le ticket est semble-t-il la présence. N’est-il pas temps de le reformer ?

Suppression

Président du jury au bac à maintes reprises, Abdillah Said Amana lui, se dit favorable à cette option. «J’ai toujours milité pour ça. J’ai des pistes à proposer sur la façon dont on doit procéder», a-t-il avancé. L’idée en soi n’est pas nouvelle. En 2020, les membres ayant siégé au secrétariat du bac à Moroni, avaient déjà proposé quelques solutions. Dans leur rapport transmis à l’Onec, auquel Al-watwan a eu accès, ces derniers, suggèrent, par exemple, l’élimination de l’épreuve orale du deuxième groupe. Sinon revoir carrément son organisation.

Pas de complaisance

L’année dernière, à Ngazidja, les 1 686 candidats autorisés au premier groupe ont été déclarés admis au second, excepté le seul absent. Ce qui donne un taux de réussite de 99,64%.Ce résultat n’a pas laissé indiffèrent le secrétariat, lequel a reformulé quelques recommandations. Parmi elles, repêcher les candidats dont la moyenne est supérieure ou égale à 8,5 pour les racheter à nouveau et les ramener à 10. Le tout en précisant dans la décision du jury « admis avec indulgence du jury». L’avantage d’une telle méthodologie ? Elle permettra, selon les auteurs du rapport, de limiter les moyens financiers. Quant à l’élève, estiment-ils, aura ses notes réelles.


D’ailleurs, c’est sur ce dernier point que la plupart des gens s’appuient pour remettre en cause l’épreuve qui parait à leurs yeux moins crédible. «Sinon comment comprendre qu’un candidat qui a obtenu une note de 2/20, se retrouve avec un 18 du jour au lendemain. En une journée, il devient par miracle intelligent. Comment est-ce possible il n’y aucune logique», s’exclame, Abdillah Said Amana, qui, cette année a officié en tant que président du jury du Bac à Ndzuani. A ce propos, l’enseignant de philosophie, Nourdine Mazamba pense qu’on porte des jugements sur un aspect, sans pour autant prendre la peine de faire une analyse.

«Ce n’est pas parce qu’à l’issue des épreuves orales, tous les candidats réussissent qu’il y a forcément une complaisance», conteste-t-il. L’ancien directeur de cabinet du ministère de l’Éducation s’est expliqué : «Imagine un élève qui a obtenu 2 en maths et 8 en philosophie. Qu’est ce qui l’empêche d’avoir respectivement 12 et 7 à l’orale. A cela s’ajoute au français, devenu optionnel. Avec ces trois matières, pourquoi serait-il difficile de récolter les 48 points manquants, sans un coup de pouce. J’estime que certains soulèvent un faux débat», a déduit Nourdine Mazamba, rejetant l’image «épreuves de complaisance» collée aux épreuves orales en raison de son taux de réussite.

Deux sessions

«Sinon supprimez le français et rendez les épreuves écrites et vous verrez comment les résultats vont chuter», a-t-il lâché pour montrer combien l’évaluation à l’orale est différente de l’écrit.Son collègue, Abdou Ahamada, enseignant de français de la Terminale n’est pas du même avis. Ce dernier désapprouve le format actuel des oraux. «Certains diront que pédagogiquement, l’élève doit partir à la recherche des points manquants. Je suis d’accord. Ils oublient toutefois qu’il existe un rachat avant la proclamation.


A quoi assiste-t-on ces dernières années à l’issue des orales ? Les résultats sont connus à l’avance. Pourquoi engager des dépenses alors», réplique-t-il. Une alternative ? Abdou Ahmada a fait deux propositions : Organiser deux sessions écrites ou fixer un seuil de moyenne à partir du quel, l’élève sera considéré directement comme admis.Coté de l’inspection de l’éducation, le sujet mérite réflexion. « Je souscris à l’idée de revoir la méthodologie du système d’évaluation, pas seulement les épreuves orales mais tout», a admis, le doyen de l’Igen, Djoubeiri Moustakim.

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