Le bras de fer entre les responsables des écoles privées fermées et le ministère de l’Éducation nationale se poursuit. Lors d’un point de presse tenu samedi dernier, les responsables ont dénoncé « l’attitude » du ministère, qui «maintient sa décision malgré l’ordonnance du tribunal de première instance de Moroni ordonnant sa suspension». Notons que le ministère a déposé un recours auprès de la Cour d’appel.
En effet, le 10 septembre dernier, plusieurs établissements scolaires privés se sont vus interdire par le ministère de l’Éducation nationale d’ouvrir leurs écoles pour la rentrée scolaire 2024-2025, pour absence ou non-renouvellement d’agrément. Suite à cette décision ministérielle, les établissements concernés ont immédiatement introduit un recours gracieux auprès du ministre. Celui-ci a publié une nouvelle liste, le 26 septembre, dans laquelle certaines écoles privées initialement interdites ont été de nouveau autorisées à ouvrir.
«C’est ce qui nous a étonnés Car, jusqu’à preuve du contraire, nous n’avons reçu aucune notification. Nous ignorons pourquoi nous sommes interdits alors que d’autres établissements, dans la même situation, ont été autorisés à rouvrir », a regretté Ali Bacar, responsable d’un établissement privé. Selon lui, cette situation de «deux poids deux mesures» a conduit le collectif des écoles concernées à assigner le ministère devant le tribunal de première instance de Moroni.
«On aurait dû être avertis par un préavis. Car décider de fermer certaines écoles privées à la veille de la rentrée, c’est mettre tout le monde au pied du mur », a regretté M. Bacar, qui a également condamné la sortie médiatique du ministre, lequel a comparé certaines écoles privées à des épiceries. «Nous ne sommes pas des épiciers. Nous contribuons à l’économie du pays autant qu’à l’éducation nationale. D’ailleurs, l’huissier qui nous assiste dans cette procédure est un ancien élève de nos établissements », a-t-il fait savoir.
De « graves conséquences »
Chamsoudine Said, un autre responsable d’une école privée, partage les mêmes préoccupations. Selon lui, cette décision ministérielle aura des conséquences graves non seulement pour les établissements visés, mais aussi pour les parents d’élèves. «Comme tout établissement scolaire, nous avons préparé la rentrée en prenant des engagements auprès des banques. Que devons-nous faire maintenant ? Le ministre a-t-il pensé au sort des milliers d’enfants qui se retrouveront dans la rue sans perspective ?» s’est-il interrogé, demandant au ministre de revenir sur sa décision et d’ouvrir un dialogue pour sortir de cette impasse.
Par une ordonnance du 7 octobre 2024, le tribunal de première instance de Moroni a ordonné la suspension de la décision du ministère de l’Éducation nationale en date du 26 septembre, et l’ouverture immédiate des écoles concernées. Cependant, le ministère a fait appel de cette ordonnance, demandant au premier président de la Cour d’appel de Moroni de l’infirmer pour «incompétence du vice-président du tribunal de première instance à statuer», ainsi que pour «contestations non sérieuses» et «absence de péril pour les élèves».Pour le ministère, les arguments avancés par les établissements interdits ne tiennent donc pas. «Ces établissements privés sont dans un état plus délabré que la majorité des établissements publics. Or, l’éducation est un service public que l’État peut déléguer au privé, à condition que celui-ci respecte les normes légales et réglementaires», lit-on dans le mémoire d’appel.