Entouré de plusieurs collaborateurs, le ministre de l’Education nationale, Moindjié Mohamed Moussa, s’est présenté à la presse pour faire le bilan d’une actualité chargée et qui met son département sous les feux des projecteurs. Entre fraudes au secondaire et à l’Université des Comores, l’enseignement est rongé par de terribles maux qu’il traine depuis plusieurs années sans mesures à la hauteur des situations. L’année scolaire 2018-2019 n’a pas échappée à ce qui est devenue une règle et a ainsi été marquée par une multitude de fraudes. Une commission de discipline a siégé et a pris une série de sanctions à l’encontre des fraudeurs, élèves comme enseignants et administrateurs. Les sanctions varient entre des suspensions de sept ans ou/et à vie.
Des sous-centres d’examens (Cipr de Hamahame, Collège rural de Wela, Bangwakuni, Lycée de Ntsaweni, Magaza à Mitsamihuli ou encore le Lycée de Mohoro etc.) sont aussi dans le collimateur du ministère. Moindjié Mohamed Moussa estime que ces sites sont sujets à de nombreuses tentatives de fraudes ou des irrégularités. «Nous lançons ici un avertissement et leur disons que nous pouvons fermer ces sites», déclare le ministre de l’Education nationale.
Pour autant, il reconnait dans le même temps que l’ouverture de nombreux sous-centres parfois même à moins de 5 kilomètres n’a pas eu l’effet escompté mais a peut-être contribué à l’anarchie qui règne dans certains sites lors des examens nationaux. Ainsi, la très attendue carte scolaire «sera bientôt finie et c’est sur cette base que seront ouverts les sous-centres», assure Moindjié Mohamed Moussa.
Corruption à l’école
Au niveau de l’enseignement supérieur, le tableau n’est guère reluisant. L’Université des Comores est en effet empêtrée dans un scandale de distribution de notes fantaisistes moyennant de l’argent (lire notre édition du 20 décembre 2019, «Scandale des notes à l’Université des Comores. Des enseignants et des étudiants reconnus «complices» par la commission d’enquête», Ndlr). Trois départements sont concernés, tous de la faculté de droit et des sciences économiques (Administration économique et sociale, sciences économiques et droit). Un rapport du conseil de discipline de l’Udc fait état d’une soixantaine d’étudiants lesquels ne sont pas passés en classe supérieur. Pour sa part, Moindjié Mohamed Moussa affirme que la commission de discipline dont il préside lui est celle relative à l’enseignement supérieur et ne statue que sur les enseignants chercheurs. C’est ainsi que ces trois personnes sont passées au peigne fin et sont pour le moment suspendues. Il s’agit de Mahamoud Halifa plus connu sous le nom de Mkolo (enseignant-chercheur), Ahmed Bacar Kassim (enseignant chercheur et ancien doyen) et Ibrahim Abdou Hamadi connu sous le nom de Zanoune. Signe du désordre qui règne à l’Udc, Zanoune «enseignant-chercheur» n’en est pas un selon le ministre.
Pseudo enseignant
Le pseudo enseignant-chercheur a été recruté en tant qu’administrateur avant de finir avec la craie à la main pour enseigner. Malgré cela, l’intéressé n’est pour l’instant pas inquiété. «Nous avons décidé de nous dessaisir en faveur d’autres instances de l’administration de l’Udc car les faits qui lui sont reprochés n’ont rien avoir avec l’affaire de gonflement des notes reprochés aux autres personnes présumées coupables», peut-on lire dans le procès-verbal du conseil de discipline. Mahamoud Halifa lui s’en sort avec deux mois où il percevra la moitié de son salaire à chaque fois. A noter qu’il reprendra service dès que cette décision lui sera notifiée. Ahmed Bacar Kassim lui, vue «sa largesse dans la notation des étudiants», le conseil demande son «déplacement d’office du lieu de travail de l’agent». En d’autres termes, «Ahmed Bacar Kassim n’assure plus de missions d’enseignement, d’encadrement pédagogique et de recherches au sein de l’Udc».
Pour autant, le même conseil demande à ce que l’intéressé «garde les avantages d’un enseignant chercheur». Des sanctions à minima, dit-on. Dans cet état de fait, seuls les étudiants ont payé un prix à la hauteur de leurs actes. Les trois enseignants, eux, ont soit eu un mois sans solde, soit une retraite dorée, soit s’en sortent sans aucune égratignure du moins pour le moment. A noter qu’ils peuvent faire recours de ces décisions. Le ministre de l’Education nationale affirme que les sanctions ne pouvaient être autrement au vue des éléments dont il dispose. 2020 a été déclaré année de l’éducation par le chef de l’Etat, gageons que la tendance actuelle change parce que pour l’heure on est encore loin du compte.
«Des mesures difficiles mais nécessaires»
On notera par ailleurs que si l’Udc a été représentée, l’administrateur provisoire, Abdullah Ben Saïd Hassane a brillé par son absence. Une absence que certaines sources disent ne pas être anodine. Au niveau de la hausse des tarifs des examens (lire notre édition du 26 décembre, Ndlr), le ministre assure que c’était nécessaire et qu’il fallait s’y affairer depuis le début de l’année d’où l’annonce qui a été faite. «C’est dans l’intérêt de l’éducation nationale et des élèves que nous avons décidé de cette hausse», assure le conférencier. Quant à la grève à l’Université des Comores, le ministre Moindjié Mohamed Moussa remercie les enseignants d’être revenus sur leur décision et d’assurer les examens. «Nous sommes ouverts aux discussions et nous travaillons d’arrache-pied pour faciliter les conditions de travail des enseignants», affirme le ministre de l’Education nationale.n