La grève illimitée entamée il y a quinze jours par les enseignants puis par le personnel administratif de l’Université des Comores (Udc) quelques jours après, se poursuit. Les deux syndicats, le Sneuc et l’Iatos, ont tenu un point de presse hier jeudi 14 septembre à l’Ecole de médecine et de santé publique (Emsp), pour réaffirmer leurs revendications, à savoir « le paiement de trois mois de salaires impayés et l’installation des institutions de l’université, dont l’élection d’un président et la mise en place du conseil d’administration et du conseil scientifique ».
Une situation « insupportable »
« Nous avons pris cette décision en assemblée générale, car nous sommes fatigués d’attendre », a déclaré Abdou Saïd Muignidaho, secrétaire général du Sneuc, avant de faire savoir que le message est aujourd’hui adressé aux étudiants, qui sont les premières victimes de cette situation. « Les autorités nous ont promis de payer nos salaires et de mettre en place une commission multipartite pour se pencher sur ces problèmes, mais elles ne l’ont pas fait. Nous sommes également inquiets pour l’avenir de l’Udc.
Les institutions de l’université ne sont pas adaptées aux besoins de nos étudiants ni aux intérêts du pays. Sans compter qu’il y a beaucoup d’ingérence politique dans le format actuel », a déclaré, sur le ton du regret, le patron du Sneuc.Pour le personnel de l’Iatos, le non-paiement des salaires est « une situation insupportable ». «Nous ne pouvons pas continuer à vivre comme ça », a déclaré Chamssoudine Mhoma, secrétaire général de l’Iatos. «Nous demandons aux autorités de respecter leurs engagements et de résoudre rapidement ces problèmes ».
Une situation complexe
Les syndicats Sneuc et Iatos ont annoncé qu’ils maintiendraient leur pression sur les autorités jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites. « Si les choses restent en l’état, d’autres actions suivront d’ici la fin de ce mois. Cela sera débattu par l’ensemble des syndiqués le moment venu », a assuré Abdou Saïd Muignidaho. La situation est d’autant plus complexe que « la loi sur l’enseignement supérieur a été adoptée deux fois, mais n’a jamais été promulgué ». A chaque fois, les syndicats ont saisi le président de la République pour lui demander de ne pas la promulguer, car en contradiction avec les aspirations de l’institution.
« Dieu merci, il a, à chaque fois, répondu positivement à notre demande », a affirmé Abdou Saïd Muignidaho.Aujourd’hui, le texte serait en cours d’études. Et « Beaucoup de travail a été réalisé dessus, mais ce n’est pas gage de reprise de cours ». Après deux tentatives infructueuses, cette énième reprise s’avère décisive « quitte à attendre la fin de la session parlementaire d’octobre en décembre prochain ».
Les étudiants se retrouvent pris en otage par cette crise. « Les cours sont suspendus, les examens en suspens », a fait savoir Abdou Saïd Muignidaho.
Des actions à venir
Les étudiants sont bloqués sur tous les fronts. Les cours sont suspendus, les examens sont reportés, ceux qui doivent travailler sur leurs mémoires de fin d’études sont bloqués et d’autres ne peuvent pas obtenir leur diplôme. S’il n’y a pas de consignes pour la reprise du travail, Chamssoudine Mhoma, prévoyant, affirme que « l’Udc ne peut réquisitionner que deux personnes par service, pas le service entier. Un message que j’adresse à mes collègues au cas l’Udc invoque une situation d’urgence ».
Les regards sont tournés vers les autorités pour qu’elles trouvent une issue rapide et juste à cette crise qui affecte profondément l’avenir de l’enseignement supérieur du pays. Avec 486 employés au sein de l’université, l’impact de cette grève est significatif. Cela laisse surtout de nombreux étudiants dans l’incertitude quant à leur avenir académique. La grève des enseignants et du personnel de l’Udc est aussi un nouveau coup dur pour l’université. L’institution est déjà confrontée à de nombreux problèmes. Selon les conférenciers, la masse salariale mensuelle de l’Udc atteint la somme de 160 millions de francs comoriens.