Un peu plus d’une semaine après le début de leur grève illimitée, l’Intersyndicale des agents de l’éducation et d’autres mouvements syndicaux du secteur de l’éducation ont convié la presse samedi dernier au Foyer Awlad El Komor pour, notamment, démentir les rumeurs qui circulent affirmant une fin de la grève et ainsi assurer que leur grève est toujours en cours.Pour rappel, cette grève est due à la non-application de la nouvelle grille indiciaire. Pour les grévistes, il y a “un deux poids deux mesures à la Fonction publique quand on sait que certains bénéficient de cette nouvelle grille que nous avons réclamée alors que d’autres non. Une situation d’autant plus incompréhensible puisque le coût de la vie a augmenté pour tout le monde”, fait savoir Ahamada Hassani, secrétaire régional du Syndicat national des professeurs comoriens (Snpc).
La non-application de la nouvelle grille indiciaire
L’intéressé a tenu à rappeler que la grille utilisée aujourd’hui date de l’époque coloniale. Une éternité. Ce n’est qu’en “2008, suite à des négociations avec le gouvernement de l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi qu’il y a eu une nouvelle grille indiciaire. Nous l’avons réclamé, mais ce sont les agents du secteur de la santé et de leur ministère de tutelle qui en ont été les premiers bénéficiaires”.
Il a fallu que “nous fassions une longue grève pour pouvoir être rémunéré sur la base de cette fameuse grille. Cela n’a malheureusement duré que trois mois”, assure Ahamada Hassani avant de parler d’un “rétropédalage aboutissant à la perte de cette nouvelle grille indiciaire, et ce, sans que les textes soient respectés”. Selon le conférencier, “seuls les agents de l’éducation ont perdu les avantages de cette nouvelle grille. D’autres corps comme les policiers, l’ensemble des agents de l’Assemblée nationale, ceux de la santé ou encore les greffiers l’ont toujours et en 2017, le chef de l’État, Azali Assoumani l’a accordé aux encadreurs pédagogiques”. Depuis des mois, “nous avons mené des négociations avec le gouvernement sortant et on nous a demandé de mettre nos revendications sur papier, ce que nous avons fait. Nous avons par la suite envoyé les copies aux autorités, aux premiers desquelles le chef de l’État. Depuis, il n’y a rien eu, ce qui a abouti à un arrêt de travail du 4 au 6 mars derniers”, déclare Ahamadi Hassani affirmant que les réactions des autorités vont plus dans la “menace que dans le dialogue”.
Les conférenciers reviendront ensuite sur l’impact de cette nouvelle grille qui est de “340 millions. 1,9 milliard avec la nouvelle grille, le même montant après le retrait de la nouvelle grille. L’incidence est donc moindre. Aujourd’hui, sans l’application de cette nouvelle grille, on est à 2,7 milliards. C’est l’actuelle masse salariale”. Ensuite, “nous avons écrit au gouvernement pour un préavis de grève parce que la commission mise en place n’a donné aucun résultat et surtout, on ne nous a rien dit. Le 6 mai dernier, nous avons entamé une grève illimitée et depuis aucune autorité ne s’est prononcée sur cette grève. Aucune réaction. Aucune proposition. Rien de la part des autorités”.
Des négociations depuis septembre 2021
Par conséquent, le mot d’ordre de la grève est maintenu et “nous remercions les enseignants de s’en tenir à cela. Si le gouvernement nous fait une proposition, nous rendrons comptes aux syndiqués puis nous verrons. En attendant, il n’y a eu aucune évolution”. S’agissant des “menaces proférées par les responsables des écoles primaires et secondaires, ils doivent arrêter de s’en prendre aux enseignants. Quant aux encadreurs pédagogiques, ils ne sont jamais venus faire leur travail quand il le fallait, qu’ils continuent ainsi, parce que nous ne comptons pas travailler. Les intimidations et les pressions ne sont pas la solution. Pour résoudre une grève, il faut des négociations et non des menaces. Pour ce qui est des élèves et de leurs parents, nous leur demandons de faire preuve de patience”, affirme Hassani Ahamadi avant d’ajouter que “ce sont les autorités qui sont responsables de cette situation. Nous avons mené des négociations depuis septembre 2021 qui n’ont conduit à rien.
La semaine prochaine, nous aurons une réunion pour savoir quel cap maintenir. En attendant, nous irons dans les écoles, mais nous ne donnerons pas de cours”. Pour Chabane Mohamed, syndicaliste, “certaines autorités brandissent la menace de fermer l’école publique faute d’effectifs arguant que nos horaires sont moindres. Si les autorités veulent trouver une solution à cette crise qui secoue le secteur, beaucoup d’écoles privées doivent fermer leurs portes.Des pseudos écoles pullulent dans le pays sans aucune réglementation. L’école publique va mal parce que le privé est devenu un foutoir. Proposer la carte scolaire serait une vraie solution”. Des nouvelles discussions entre le gouvernement et le syndicat sont annoncées pour ce lundi 16 mai.
AM