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Grève à l’Université des Comores I Le gouvernement mise sur le dialogue pour sortir de la crise

Grève à l’Université des Comores I Le gouvernement mise sur le dialogue pour sortir de la crise

Éducation | -   Mairat Ibrahim Msaidie

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Plus d’un mois après le déclenchement d’une grève illimitée à l’Université des Comores, le ministre de l’Éducation nationale, Bacar Mvoulana, évoque les avancées enregistrées, les blocages persistants et les perspectives de sortie de crise.

 

Depuis plusieurs semaines, l’Université des Comores est à l’arrêt. En cause, une grève illimitée des enseignants-chercheurs, initiée pour faire entendre un ensemble de revendications jugées «légitimes» par le ministre de l’Éducation nationale lui-même. Parmi celles-ci figurent la sécurisation des salaires, l’application de l’arrêté de 2016 portant sur la nomination de 23 enseignants, la reconnaissance des diplômes ou encore l’amélioration de la gouvernance. «Certaines avancées ont été réalisées, notamment sur le plan de la gouvernance», souligne Bacar Mvoulana, tout en assurant que plusieurs doléances demeurent en cours de traitement. Il explique que la résolution de cette crise se heurte à une lourdeur administrative et à une nécessaire coordination entre plusieurs institutions : l’Université, le ministère de l’Éducation, celui des Finances, et d’autres encore.

Un enchevêtrement qui, selon lui, ralentit, malgré la volonté affichée des autorités, l’issue de la crise. C’est dans ce contexte qu’un nouveau cycle de négociation a été entamé mercredi 6 août entre le gouvernement et le syndicat des enseignants. Et le ministre se veut optimiste. «Nous sommes conscients de l’urgence. Cette situation ne peut plus durer. Le dialogue est notre principal levier pour sortir de cette crise», affirme-t-il. Le contexte national de réflexion sur l’éducation semble, lui aussi, peser dans les débats. Les récentes assises nationales ont mis à nu les carences du système d’enseignement supérieur comorien et ont débouché sur une série de recommandations : améliorer la gouvernance, stabiliser les financements, renforcer les conditions de travail du corps enseignant et mieux adapter l’offre de formation aux besoins du pays. «L’objectif est de poser les bases d’un système universitaire plus efficace, plus équitable et mieux adapté aux réalités du pays», affirme Bacar Mvoulana.

Appels à la responsabilité

Tout en réaffirmant l’engagement du gouvernement, le ministre en appelle au sens des responsabilités de l’ensemble des acteurs concernés. À l’adresse des enseignants, il avertit qu’«une grève prolongée risque de compromettre leur propre carrière mais aussi la survie de l’université». Aux étudiants, il demande de faire preuve de retenue et de continuer à privilégier les voies du dialogue. «Le gouvernement reste pleinement engagé à trouver une solution qui garantira la reprise des examens de fin d’année dans des conditions satisfaisantes», dit-il. Mais sur les bancs désertés de l’université, le temps semble suspendu. Les étudiants, eux, subissent les conséquences d’un conflit dont ils ne maîtrisent ni les rouages ni les délais.

Menace de descendre dans la rue

Pour rappel, l’ensemble des coopératives des différents sites de l’Université des Comores a tenu un point de presse, mardi 5 août, à l’institut Confucius de Moroni. «Alerter les responsables gouvernementaux sur» leurs «inquiétudes et annoncer un préavis de manifestation étudiante» ont été les principaux objectifs de cette rencontre, selon les intervenants. «Nous sommes les principales victimes de cette grève illimitée, déclenchée depuis le 19 juin dernier. Certains d’entre nous travaillent durant les vacances pour préparer leur rentrée.
D’autres souhaitent retourner chez eux ou partir en vacances ailleurs, mais nous sommes tous bloqués, car sans les résultats, nous ne sommes pas tranquilles. Ceux actuellement en troisième année ne peuvent pas postuler à des formations ailleurs », s’inquiètent-ils. Selon eux, si les résultats ne sont pas affichés d’ici le 12 août prochain, ils seront contraints de «manifester pour faire valoir» leurs «droits». Les responsables des coopératives confient qu’ils ne pourront pas empêcher les étudiants de descendre dans la rue.

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