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Horaires scolaires I Des matinées optimisées qui n’arrangent pas tout le monde

Horaires scolaires I Des matinées optimisées qui n’arrangent pas tout le monde

Éducation | -   Youssef Abdou

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Entrée en vigueur le 30 septembre, la nouvelle répartition des cours bouleverse l’organisation scolaire. Si certains y voient un progrès, d’autres dénoncent des difficultés d’application concrètes.

 

Les nouveaux emplois du temps, annoncés depuis août dernier par le ministère de l’Éducation nationale pour les collèges et lycées publics, sont entrés en vigueur le mardi 30 septembre 2025. Présentée comme une réforme visant à améliorer le rythme scolaire et à harmoniser l’organisation des établissements, cette mesure prévoit désormais que 80 % des cours soient dispensés le matin et seulement 20 % l’après-midi. L’objectif est clair : exploiter pleinement les heures de forte concentration des élèves pour y placer les matières fondamentales, tout en allégeant les après-midis souvent trop chargés.Sur le papier, la réforme répond à une vieille revendication des enseignants et des parents, régulièrement confrontés à des emplois du temps déséquilibrés, avec des journées interminables et des chevauchements d’horaires.

Mais sur le terrain, les difficultés n’auraient pas tardé à apparaître. Dans plusieurs établissements, les enseignants reconnaissent déjà «avoir du mal à appliquer la nouvelle grille horaire, en raison du manque de personnel, des classes surchargées et du nombre insuffisant de salles» : autant de contraintes qui fragilisent la réforme.
C’est le cas d’un professeur d’histoire-géographie du collège de Coulée, qui a accepté de témoigner sous anonymat. «Certes, c’est bien de dire que 80 % des cours doivent être faits le matin, mais quand on n’a pas assez de professeurs de mathématiques ou de sciences, l’emploi du temps reste théorique, et surtout, il devient très compliqué à mettre en œuvre», estime ce dernier.

Capacités de concentration

Un sentiment partagé par Hamdani Foumbamba, professeur de sciences naturelles dans le même établissement. «Je ne comprends pas pourquoi le ministère nous impose un emploi du temps alors que nous enseignons aussi dans des écoles privées. Maintenant, il faut nous coordonner et modifier nos horaires dans ces établissements», déplore-t-il. À l’inverse, dans certains autres établissements, la réforme semble mieux accueillie, comme en témoigne Nasbata Rachadi, agent de la scolarité au collège de Bueni. «Ici, nous appliquons ces emplois du temps sans aucune contrainte. Cette réforme n’affecte en rien notre organisation : chaque professeur enseigne aux horaires prévus», précise-t-elle.


Malgré les tensions, certains acteurs du système éducatif préfèrent retenir les aspects positifs de cette réforme, à l’image de Said Abdou Mdarara, secrétaire général du syndicat des enseignants, qui salue une mesure qu’il juge protectrice, notamment pour les élèves. «C’est une très bonne idée, car ces nouveaux emplois du temps favorisent les cours du matin», explique-t-il.

Et d’ajouter : «C’est le matin que les élèves sont les plus attentifs et concentrés. Ils peuvent ainsi aborder 80 % des matières avant midi, ce qui leur permet de mieux mobiliser leurs capacités de concentration.» Il reconnaît toutefois la frustration de certains enseignants : «Il faut aussi comprendre leur désarroi, car ils se sont retrouvés coincés et doivent désormais refaire en grande partie leurs emplois du temps en fonction de celui imposé par le ministère», insiste le secrétaire général.

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