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Interview / Abdallah Djalim, SG du ministère de l’Education : «Il n’y a pas eu de fuites de sujet, je peux vous l’assurer»

Interview / Abdallah Djalim, SG du ministère de l’Education : «Il n’y a pas eu de fuites de sujet, je peux vous l’assurer»

Éducation | -   Abdou Moustoifa

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Le secrétaire général du ministère de l’Éducation, Abdallah Djalim, a accordé à Al-watwan une interview dans laquelle il revient sur l’actualité en particulier celle qui concerne le baccalauréat qui se déroule en ce moment. Le report du second tour de la présidentielle de l’Université, la grève déclenchée par le Sneuc ou encore le non-remplissage des bulletins du second trimestre des élèves du public, Abdallah Djalim n’esquive aucune question. Interview.

 


Le baccalauréat a commencé depuis samedi, mais on entend parler d’une fuite de certains sujets. Comment expliquez-vous un tel scénario ?



Des fuites de sujets cela ne m’étonne pas car chaque année on en entend parler. Qu’il y ait des fuites ou pas la même chanson se répète. Par contre moi, je suis persuadé que les dispositions servant à sécuriser les épreuves ont été prises. Peut-être qu’il y a eu des élèves qui ont tenté de faire traiter les sujets depuis l’extérieur en les envoyant à des amis. Mais dire que les sujets ont fuité depuis l’Office national des examens et concours(Onec) je dirai que c’est faux.


Quelles sont les mesures prises par le ministère pour sécuriser les examens nationaux ?



Comme chaque période d’examen, il y a une série de mesures adoptées par les autorités pour garantir un bon déroulement du processus. L’envoi des sujets a été escorté par la gendarmerie nationale dans un convoi après les avoir gardé la veille. Au niveau de la surveillance tout se prépare entre l’Office des examens et concours (insulaire) et l’Onec. Le premier propose et le second valide. Voilà entre autres comment ça se passe. Je ne nie pas qu’il puisse y avoir quelques arrangements en catimini, mais nous avons recruté les meilleurs. Même avant-hier lundi, nous avons attrapé un candidat en train de tricher et il répondra de ses actes selon les textes. L’élève est en ce moment aux mains de la gendarmerie. Et nous mettons en garde, les élèves et surveillants toute toute sorte de bêtise. Qu’ils sachent que les sanctions seront sévères. Le ministère ne tolérera rien.


Et le cas de Nkurani-ya-sima ?



Je voudrais éclairer cette situation. Au mois d’avril, un arrêté a été signé par le ministre de l’Education et portait sur les conditions d’ouverture des sous-centres pour les épreuves écrites. A cette époque-là, Nkurani ne répondait pas à ces critères en termes de nombre d’élèves, salles de classe, clôture complet de site, etc. Avec 155 élèves on ne pouvait pas ouvrir un site. Nkurani avait  95 élèves dont 15 venant des villages environnants. Ces derniers, puisqu’ils ne sont pas originaires de Nkurani, ont pu faire l’examen à Uziwani. Je regrette que l’on sacrifie ces enfants. Il faut respecter les textes en vigueur. Les conflits existent entre les villages mais en cette période, ils sont mis en veilleuse pour sauver les enfants. Ces enfants qui vont perdre une année en voudront à qui? Pas au gouvernement mais à leurs parents.


La décision du ministre de l’Education de reporter le second tour de l’élection présidentielle de l’Université des Comores sans consulter le comité électoral n’est-elle pas synonyme d’ingérence de la part du gouvernement comme certains, le disent?



Il ne faut pas oublier que c’est le ministre de l’Education qui a signé les deux arrêtés dont le premier portait sur la nomination du président par intérim et le second mettait en place le comité électoral. Effectivement, l’organisation du scrutin revient selon la loi au comité électoral. Le ministre a pris la décision de reporter le second tour car il a reçu une requête déposée par l’un des candidats. Il faut noter qu’avant de suspendre le processus, il a consulté le président du comité électoral, El-Hussein. Il se pourrait que celui-ci n’ait pas pu réunir ses collègues pour en discuter.


Qu’est ce qui bloque l’organisation de ce scrutin?



Nous avons entamé une discussion avec le syndicat il y a presque dix jours pour arrêter un calendrier qui conviendrait aux parties concernées par ce dossier. Nous espérons que d’ici la rentrée prévue au mois de septembre, un président sera élu.


Un sous-comité avait présenté un calendrier et un budget mais la convocation du comité électoral se fait toujours attendre, car son président est parti à l’extérieur. Pourquoi ne pas léguer à son vice-président les pouvoirs pour organiser le second tour vu le temps perdu ?



Certes le président du comité électoral était en voyage mais il est actuellement sur le territoire national. Mais je n’ai pas eu connaissance d’un quelconque sous-comité mis en place pour élaborer un calendrier. [Sourire]. Donc je ne peux pas parler à la place des personnes concernées.  


Donc un intérim de huit mois ?



Ce sont les circonstances qui font perdurer les choses. C’est donc un intérim qui dure pour ce qui est de notre cas. Je vous garantis qu’on va y arriver. Le second tour sera organisé avant la rentrée. Ces retards ne sont pas des actes délibérés mais plutôt une question de calendrier trop chargé du ministère et de l’Université. Le gouvernement soutient l’Université des Comores dans son fonctionnement. Il assure les subventions. Ce dernier a quand même le droit d’un regard sans pour autant vouloir s’immiscer et c’est tout à fait normal. Comme il le fait dans les autres sociétés.


Le ministre de l’Education a confirmé devant le Sneuc, que des textes destinés à l’université étaient en cours. Est-ce vrai ? De quoi s’agit-il en réalité ?



Au lendemain de leur préavis de grève, je suis entré en contact avec eux pour qu’ils annulent leur préavis. On s’était fixé un agenda qui planchait sur l’organisation du second tour avant la rentrée. On est toujours en contact régulièrement. Si ces textes existent comme ils le disent, un draft est nécessaire. On ne peut pas engager des discussions sans qu’il y ait un document de base. Je n’ai pas vu des documents allant dans ce sens. Mais je pense que cela devrait être le cas. Dans la procédure normale, il faut préparer un projet avant de le présenter devant les concernés. Il se pourrait que ça soit un projet de loi et non pas une note circulaire.

 


Au niveau de l’enseignement secondaire dans le public, le paiement du mois de mai 2017 des agents de l’Education n’avance plus, pourquoi ?



Le gouvernement a ordonné le versement du salaire pour les enseignants du primaire et du secondaire. A Mwali, tout est fini. Au niveau de Ngazidja, deux-tiers des fonctionnaires concernés ont perçu leurs salaires. Tout a été retardé par le paiement des fonctionnaires lorsqu’on entamait le mois sacré de Ramadhwani, sans oublier l’Aïd. Il reste moins de cent enseignants et nous comptons les régulariser incessamment. Pour le cas de Ndzuwani, les états financiers attendent quelques ajustements. Rien que çà.


En septembre 2016, le chef de l’Etat a pris part à la 11ème Conférence sur l’éducation. Deux ans après cet événement, certaines réformes avancées, (réactualisation de la loi d’orientation de 1994, mise en place du plan de transition du secteur de l’éducation 2017-2020 censé redessiner la carte scolaire et introduire l’enseignement de la technologie dès la sixième, n’ont toujours pas été réalisées. A l’époque il n’y avait aucune ligne budgétaire, où en est-on ?



Ces mesures sont prises en considération. Actuellement on est en train d’élaborer un document sur l’orientation de l’éducation dans le pays. Un premier draft a été pondu, il sera remis en conseil de gouvernement avant d’atterrir à l’Assemblée. Une commission est chargée de cette tâche. Parmi les réformes visées, on peut citer l’apprentissage des trois langues (Anglais, Arabe et Français) dès le primaire, la formation des enseignants du primaire, collège et lycée, mais également la réforme de l’Ifere, l’amélioration de la capacité d’accueil à l’Université, avec un amphithéâtre de 900 places qui est financé par le fonds omanais et qui sera opérationnel au plus tard au mois de janvier.
Le gouvernement comorien construira un institut de formation des langues arabes. Il y a eu la réhabilitation de bon nombre de salles de classes soit 23 milliards  398  millions de francs comoriens investis au cours de ces deux ans dans l’éducation.

Propos recueillis par
Abdou Moustoifa

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