Sur l’île de Ndzuani, la Journée internationale des travailleurs a été célébrée à la place Mzingaju, le samedi 1er mai. Prévention contre la Covid-19 oblige, la fête a été réduite au strict minimum : moins d’une vingtaine de chaises ont été installées, et les discours ont été prononcés sans micro ni haut-parleurs. Quelques curieux passants se sont rapprochés pour écouter les intervenants, pendant qu’automobilistes et piétons ne faisaient qu’éventrer le cœur du rassemblement sans y prêter attention, vaquant seulement à leurs occupations.
«C’est bien regrettable de voir des gens continuer à travailler aujourd’hui comme si de rien n’était, au lieu de savourer cette journée», a déploré, dans son intervention, Bacar Dossar, militant infatigable de la Confédération des travailleurs et travailleuses comoriens (Ctc).
6 ou 7 de ces avancements «sautés»
«Cette fête est l’occasion de se réjouir de nos acquis, mais en même temps de revendiquer nos droits non encore acquis», a-t-il ajouté, après avoir rappelé que «notre pays a, depuis son accession à l’indépendance, ratifié de nombreuses conventions internationales relatives au droit des travailleurs, mais elles restent à ce jour très peu appliquées».
Concernant les acquis des fonctionnaires comoriens, les intervenants qui se sont relayées à la tribune de Mzingaju ont notamment parlé de l’avancement de salaire accordé cette année par le gouvernement, tout en rappelant que 6 ou 7 de ces avancements ont été «sautés» les années passées. Ils ont aussi parlé de la situation des retraités, qui « touchent une pension maigre», et «continuent d’accumuler des arriérés contrairement aux fonctionnaires». Et comme si cela n’était pas assez, «ils doivent, pour beaucoup, verser des compensations financières à la Caisse de retraite avant de pouvoir commencer à toucher leur pension».
Les revendications des agents de l’Etat, surtout ceux du secteur de l’Education nationale (cette célébration est le plus souvent l’affaire de l’Intersyndicale des enseignants), concernent aussi la situation des enseignants contractuels, ainsi que l’intégration des nouveaux diplômes des fonctionnaires. Abou Ibrahim, le secrétaire général du Syndicat des professeurs au niveau de Ndzuani, a rappelé que 395 enseignants ont été recrutés (par l’exécutif du gouverneur Anissi Chamsidine lors de son premier mandat) par concours ; ils ont été tous régularisés, mais seulement 172 d’entre eux touchent un salaire mensuel, tandis que les 178 restants ont vu le leur suspendu, sans justification, depuis le mois de mars 2020.
Au sujet des intégrations, le responsable syndical a fait savoir qu’il n’y a qu’à Ndzuani où ce problème se pose encore. « J’ai séjourné à Ngazidja pour essayer de résoudre le problème de douze agents dont les nouveaux diplômes devaient être intégrés. Je suis revenu bredouille. Mais je peux vous assurer qu’à Ngazidja, il n’y a aucun cas de revendication d’intégration de diplôme », a-t-il assuré.