Le ministère de l’Éducation nationale a organisé, en collaboration avec l’Agence nationale du développement du numérique (Anaden), ainsi qu’avec divers dirigeants et chefs d’établissements publics et privés de Ngazidja, une réunion ce lundi 7 avril dans ses locaux. Au cours de cette rencontre, il a été officiellement annoncé le lancement technique du projet e-Msomo, une plateforme web novatrice dont la phase pilote est spécifiquement consacrée à la gestion dématérialisée des bulletins scolaires dans les établissements publics. Signifiant «éducation» en shikomori, ce terme constitue la première concrétisation de cette dynamique.
Le lancement technique d’e-Msomo marque ainsi le début de la phase pilote d’un projet qui sera mis en œuvre dans certaines écoles publiques afin d’en évaluer les fonctionnalités fondamentales et de recueillir les premiers retours d’expérience. Pour Said Ali Said, cette rencontre avec les enseignants du secondaire, au collège comme au lycée, vise à présenter les initiatives menées par le ministère de l’Éducation en collaboration avec l’Anaden. «Nous avons développé cette plateforme de bulletin unique afin de permettre au ministère de suivre l’évolution des élèves ainsi que les travaux effectués par leurs enseignants», a expliqué le secrétaire général.
Un contrôle rigoureux du parcours de l’élève
En précisant le concept de bulletin unique, il a indiqué que les notes seront saisies en ligne sur la plateforme, avec des accès rigoureusement définis pour chaque acteur. «Le chef d’établissement disposera d’un niveau d’accès spécifique, tout comme les enseignants, les parents, et même le ministère, afin de suivre les évolutions et les données relatives à chaque établissement », a-t-il précisé. Il a ajouté que l’un des principaux avantages de cette plateforme sera de permettre une connaissance précise des effectifs réels des élèves.
La version préliminaire de la plateforme, présentée à cette occasion, est axée sur l’administration numérique des relevés de notes : saisie en ligne des notes et des appréciations, génération automatique des bulletins, et accès sécurisé pour les élèves, les parents et les responsables pédagogiques.
Au-delà de la simple numérisation des bulletins scolaires, e-Msomo facilite également la gestion des transferts d’élèves entre établissements grâce à une décentralisation des données scolaires.
Le système permet la création d’un identifiant unique pour chaque élève, assure une traçabilité rigoureuse de son parcours académique, et génère des données statistiques fiables sur les élèves et leurs résultats, essentielles à l’optimisation du système éducatif. « Ce dispositif permettra enfin de lutter efficacement contre les modifications frauduleuses des bulletins de notes, en intégrant un système sécurisé et contrôlé. Cela contribuera également à endiguer la production de faux bulletins. Je parle de fabrication, car aujourd’hui, chacun se sent autorisé à créer un bulletin non conforme », a soutenu Said Ali Said.
Faridy Norbert, directeur du collège de Mbueni, a salué cette initiative du ministère de l’Éducation, et rappelé les limites du format papier dans la lutte contre la fraude. « Je pense que, du moment que nous digitalisons nos bulletins, et que chaque enseignant, le ministère et chaque directeur a un accès limité, cela permettra d’avoir des résultats justes par rapport aux statistiques souvent demandées par nos partenaires », a indiqué le professeur d’Histoire-géographie. Il a ajouté que ces données permettront aussi de mieux contrôler les mouvements des élèves.
«Aujourd’hui, il est inacceptable qu’un enfant quitte un établissement X pour rejoindre le mien avec une moyenne de 14, alors que ce n’est pas le cas. En amont, nous savons que ce bulletin a été falsifié pour qu’il puisse être accepté », a regretté Faridy Norbert. À terme, le site sera progressivement enrichi de nouvelles fonctionnalités, telles que les cours en ligne et d’autres services pédagogiques, qui seront intégrés au fil des mises à jour, dans une logique d’évolution continue.
Youssef Abdou