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Les défis immédiats du ministre Mahamoud Salime

Les défis immédiats du ministre Mahamoud Salime

Éducation | -   Abdou Moustoifa

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Nommé à la tête du ministère de l’Education nationale, Salime Mahamoud, précédemment ministre des Sports, aura du pain sur la planche. Parmi les dossiers chauds qui l’attendent au seuil de son bureau, il y a le bras de fer qui oppose les enseignants à l’Etat au sujet du «non remplissage» des bulletins des élèves du secteur public. Le jeune ministre aura à faire avec le syndicat national des enseignants de l’Université des Comores (Sneuc) qui demande, entre autres, l’organisation du second tour de l’élection du président de l’Udc et sortir l’institution de la crise morale qui ternit son image.

 

Le nouveau ministre de l’Education nationale, Salime Mahamoud, rencontre aujourd’hui, dans la matinée, les responsables  des établissements (publics et privés) scolaires au lycée Saïd Mohamed Cheikh. Un exercice périlleux pour un secteur dominé par d’interminables revendications et dont les compromis resteront difficiles à épouser.
Il s’agit de sa première réunion avec les acteurs de l’Education, depuis que le Président de la République lui a confié, il y a une semaine, la gestion de ce secteur. Comme tout responsable, digne de son rang, le nouveau patron de l’Education nationale est pris entre de nombreux feux. Il sera appelé à résoudre tant de problèmes - un peu compliqués - hérités de  son prédécesseur. Mais déjà, il existe des questions urgentes à règler. Aussi bien dans l’enseignement supérieur que dans l’enseignement secondaire.


Le premier defi : resoudre la crise de l’Université des Comores (Udc) engendrée par le report du deuxième tour de l’élection du président de cette institution. Son prédécesseur, Salime Mohamed Abderemane, avait décidé, la veille du scrutin, soit le 12 mai, de reporter in extrémis le second tour, suscitant un désamour entre le corps enseignant et les autorités. Le vote devant opposer Achmet Saïd et Ouledi Ahmed devait avoir lieu le 14 mai. Les conséquences sont là : boycott des concours d’entrée à l’Université, menace pesant sur la rentrée de septembre ou encore le prolongement de la période intérimaire du président de l’institution. Si le Chef de l’Etat a demandé, après avoir rencontré le syndicat des enseignants de l’Université (Sneuc), samedi dernier, l’élaboration d’un plan de sortie crise, rien n’empêche que l’intersyndicale aura la force de lâcher du lest tant la crise est profonde. L’ancien patron de l’Education avait, à la surprise générale, décidé de «suspendre» l’élection évoquant des requêtes déposées par un candidat sans aller au bout de ces requêtes et fixer un calendrier du second tour. De quoi susciter l’inquiétude du Sneuc.

Aucun bulletin pour le secondaire

Les requêtes en question ne remettaient pas en cause les résultats du premier tour.  L’issue de cette mini-crise sera connue le vendredi 6 septembre. Ce jour là, le syndicat sera reçu à Beit-salam pour présenter son rapport. Le chef de l’Etat demande une nouvelle réunion pour mettre un terme à la crise. Autre défi : la grève «latente» et «silencieuse» déclenchée jusqu’ici par l’intersyndicale des agents du secondaire. Il s’agit d’une grosse épine dans le pied de Salime Mahamoud, s’il ne le résout pas.  La situation dévient inquiétante. En effet, cela fait presque trois mois depuis que les élèves sont en vacance. Sauf qu’aucun élève du secteur public n’a pu obtenir un bulletin de notes. Une première du genre. Une situation qui laisse planer une indifférence des autorités face à une question qui relève du cadre élémentaire de la gestion d’un pays.
Les enseignants du secondaire (primaire, collège et lycée),  refusent de remplir les bulletins des trois trimestres. Ils réclament le versement  du salaire du mois de mai 2017. Cette doléance fait partie des conditions posées par l’intersyndicale au moment où ils signaient le protocole d’accord de juin 2017 avec les trois gouverneurs devant aboutir à la fin de la longue grève qui touchait les établissements publics. Le gouvernement a commencé à payer ce salaire. Mais depuis un moment, le processus reste au point mort.   A Ngazidja, 80% des enseignants auraient perçu le salaire du mois de mai tout comme  20% des fonctionnaires à Ndzuwani. Les enseignants de Mwali n’étaient pas concernés.

L’année scolaire inachevée

Moins d’un mois avant la rentrée scolaire pour la session 2018-2019, aucune solution n’a, pour le moment, été dévoilée. A l’heure où nous écrivions ces lignes, une réunion devait avoir lieu entre le nouveau ministre de l’Education et l’intersyndicale. Les élèves ne cessent d’en pâtir. Les chefs d’établissements, eux aussi, ne savent plus quoi faire. C’est la désolation pour ces responsables. «En dépit des efforts consentis par le gouvernement, les bulletins sont là, vierges. Nous avons entendu parler d’une rencontre entre le nouveau ministre et le syndicat. Espérons qu’une issue sera trouvée. Il faut savoir que la plupart des bacheliers venant des lycées publics  sont confrontés à un sérieux problème. Ceux qui souhaitent partir à l’extérieur sont obligés de chercher des bulletins. Dans les établissements privés, on leur fait  payer une fortune. Certains dépensent même 40.000 francs-comoriens pour se faire délivrer ces fameux bulletins. Ils n’ont pas le choix.», regrette, le proviseur du lycée Saïd Mohamed Cheikh, Mohamed Ali Abdallah, joint au téléphone hier.

 


Ce dernier qui se demande si l’on peut parler d’une année scolaire achevée, a révélé une autre question, toujours liée à  la grève touchant les établissements du public : beaucoup d’élèves quittent ces derniers pour se rendre dans les écoles privées. Une désertion qui, selon le patron du lycée de référence, entrainera la réduction des divisions scolaires avec comme conséquence, le chômage de certains enseignants qui risquent de se retrouver sans emploi. Pour Mohamed Ali, si les classes continuaient à se vider, il serait dans l’obligation de demander à la fonction publique de trouver des lieux d’affectation pour ces enseignants.

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