Né en juin 1995 à Mkazi, dans la région de Bambao, Oubeidillah M. Dhoimiri appartient à cette nouvelle génération d’écrivains qui font de la culture une mission. Diplômé d’un master II en littérature francophone de l’Université d’Antananarivo (Madagascar), il poursuit avec passion ce qu’il qualifie lui-même de vocation : l’écriture.
Après un premier roman remarqué en 2020, «Un amour qui miaule», dans lequel il s’intéresse aux défis rencontrés par la jeunesse et rend hommage à la force féminine, l’auteur revient en 2025 avec un second ouvrage intitulé «Les trésors des îles au parfum». Ce recueil de contes et de nouvelles ancrés dans les traditions orales comoriennes ausculte l’âme de l’archipel : sa culture, ses valeurs, et ses personnages emblématiques.
Un hommage vibrant
Dans ses récits, Dhoimiri célèbre l’amour sous toutes ses formes : celui d’une femme, d’une mère, d’une amie. La figure féminine, déjà centrale dans son premier roman, conserve ici toute son importance. L’auteur la dépeint avec respect et admiration; cela donne une idée de sa patience, sa discrétion, son intelligence et son courage face aux épreuves de la vie. «La femme affronte les vagues et les difficultés de la vie avec patience et détermination, et donne toujours des résultats remarquables», confie-t-il.
Les contes transmis par les grand-mères, les anecdotes puisées dans les traditions populaires et les réflexions sur la société actuelle forment la trame de cette œuvre. Dhoimiri s’appuie sur des années d’écoute, d’observation et de collecte d’histoires auprès des anciens pour livrer un ouvrage à la fois poétique et profondément ancré dans la réalité comorienne.
Parmi les récits marquants du recueil, figure celui du Cheikh de Mkazi, dans lequel l’auteur dénonce les dérives dans certaines madras et appelle à la vigilance des parents. Citant l’adage bien connu «l’habit ne fait pas le moine», il alerte : «Avant d’envoyer nos frères et sœurs dans les madras, veillons d’abord à bien vérifier surtout les responsables de ces établissements. Ouvrez bien les yeux et veillez très bien aux comportements des enfants».
Cette volonté de faire passer des messages de société est au cœur de la démarche littéraire de Dhoimiri.
Mémoire collective
À travers les histoires d’Assad l’imposteur, le fils du pêcheur, ou encore Ibunassuya le rusé, l’auteur aborde des thèmes comme la spiritualité, l’estime de soi, la justice et la sagesse. «Les trésors des îles au parfum» n’est pas qu’un recueil de contes : c’est une œuvre de transmission. Dhoimiri y valorise la richesse de la littérature orale comorienne, souvent reléguée au second plan, mais essentielle pour comprendre les fondements culturels et moraux de la société. Chaque histoire porte une leçon, chaque personnage un symbole, chaque mot une trace du passé.
Par un style simple, accessible, mais empreint de poésie, l’auteur parvient à capter l’essence des Comores. Ce second livre confirme le talent et l’engagement d’un jeune écrivain qui, loin des projecteurs, construit patiemment une œuvre sincère et profondément enracinée dans l’identité de son peuple. Un ouvrage à découvrir pour tous ceux qui souhaitent comprendre l’âme comorienne à travers ses contes, sa sagesse populaire et la beauté de sa tradition orale.
Toimayat Hassane Ali (stagiaire)