L’affaire a fait l’effet d’une bombe. Samedi dernier, une information selon laquelle un professeur d’histoire-géographie du lycée français Henri-Matisse aurait traité ses élèves de première de “singes”. Depuis, l’information s’est répandue comme une trainée de poudre, et a suscité l’indignation de l’opinion et, même, des plus hautes instances étatiques. En effet, très vite, le ministre de l’Education, Djaffar Salim Allaoui, a déclaré, lors d’une rencontre avec de nombreux médias, qu’il aurait “pris contact” avec la proviseure du lycée français, et lui aurait exigée de lui remettre la note faisant éta de la “suspension” dudit professeur.
Dans une vidéo publiée sur la page de Facebook Fm, on peut voir le ministre exhiber la note en question. “Les élèves du lycée français Henri-Matisse sont, soit Comoriens, soit franco-comoriens. Le lycée est régi par des textes français dont on connait les valeurs, il ne peut donc, en aucun cas, être une zone de non-droit”, a-t-il déclaré. Le lycée français a réaffirmé sa volonté de faire preuve d’impunité face à ce genre de discours qui peuvent inciter à la haine et à la division. A travers un communiqué publié sur sa page officielle facebook, l’école affirme “ne cautionner aucun acte de racisme”, et que “l’enseignant est suspendu le temps qu’une enquête administrative établisse les responsabilités”.
Des propos sortis de leur contexte ?
Les faits se seraient déroulés il y a deux mois. Le professeur aurait exactement dit, “poussez vos cris de singes”, après avoir présenté, aux élèves, “une photographie d’un paysage”, a indiqué un témoin oculaire. Quelques semaines avant cela, le professeur leur aurait exposé une photographie “terrifiante, à la limite sanglante”, et les élèves auraientt poussé des cris de “peur”. Ce serait, selon notre témoin, ce qui pourrait expliquer le “réflexe” de l’enseignant. Notre interlocuteur évoque des propos “décontextualisés” pour acculer l’enseignant.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les élèves ne seraient pas à l’origine de cette fronde qui aura occasionné cette polémique, mais de parents d’élèves qui ne porteraient pas l’enseignant dans leur cœur. “Le professeur est, certes, parfois maladroit, mais n’avait jamais esquissé le moindre geste raciste. Jamais il n’a eu une tendance raciste et c’est en soit, un professeur de qualité”, a fait savoir notre source. Pas sûr que cela soit suffisant pour éteindre le feu allumé par cette histoire, surtout que le ministre de l’Education évoque un “cas de récidive”, et affirme que “tout le gouvernement est solidaire sur la question”.Une chose est sûre : le lycée français Henri-Matisse n’avait nullement besoin de ce genre de publicité peu reluisante, surtout que l’école s’apprête à organiser, en ce mois d’avril, la finale du concours d’éloquence de la Zone océan indien et Afrique australe et orientale.
Housni Hassani
