logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Lycée Saïd Mohamed Cheikh : Les enseignants mis dehors par les élèves

Lycée Saïd Mohamed Cheikh : Les enseignants mis dehors par les élèves

Éducation | -   Maoulida Mbaé

image article une
Les élèves du lycée Saïd Mohamed Cheikh en ont ras-le-bol. L’année est presque finie, et ils n’ont toujours pas connaissance des résultats du premier et deuxième trimestre. Ils ont décidé hier, mercredi, de leur plein gré, de suspendre les cours, parce que «cela ne vaut pas la peine de continuer». Ils comptent maintenir leur mouvement jusqu’à ce qu’une solution soit, enfin, trouvée entre l’Intersyndicale des agents de l’Éducation et le gouvernement au sujet de l’arriéré de salaire du mois de mai 2017.

 

Le lycée Saïd Mohamed Cheikh est en pleine ébullition. Hier, jeudi, le Collectif des élèves s’est introduit dans les classes pour mettre dehors les enseignants. L’on arrive en effet au terme de l’année scolaire, et jusqu’ici les élèves du public n’ont aucune idée des résultats du premier et du deuxième trimestre. En cause, le refus des enseignants de remplir les bulletins trimestriels à défaut du paiement de l’arriéré de salaire du mois de mai 2017. Une partie des salaires a déjà été versée, sauf que l’Intersyndicale des agents de l’Éducation nationale revendique le versement de la totalité des salaires. Ce bras de fer, engagé avec le gouvernement, fait date et les élèves en ont visiblement marre.

«Nous avons longtemps attendu une solution qui ne vient pas. Nous nous rendons au lycée comme en villégiature», grogne Abdourazak. Pour cet élève de la classe de 1ère D1, «ce qui définit un élève, ce sont les résultats. Ils lui permettent de se motiver, en fonction de ses performances. Nous estimons donc aujourd’hui que cela ne vaut pas la peine de continuer». Et il ne faut pas s’attendre, poursuit-il, à ce que le mouvement faiblisse.

Ras-le-bol

«Demain aussi, nous ne viendrons pas», assure-t-il. Abdourazak déplorera en passant l’état de délabrement du Lycée, qu’ils doivent déjà supporter : l’eau qui fuse de la toiture, les éclats de béton qui leurs tombent sur la tête, les ordures qui jonchent les lieux, entre autres. «Ce n’est pas humain. Ils ont étudié dans ce même lycée. S’ils sont là où ils sont, c’est grâce à ce lycée. Aujourd’hui ils le laissent pourrir», s’agace-t-il. Et d’ajouter : «autant retourner au village cultiver le manioc, plutôt que de moisir ici».

Le même ressentiment ressortira des mots de Djohar, un élève de la 1ère G : «Ne croyez pas que nous ne suivons pas l’actualité. Quelqu’un a dit un jour qu’il fallait appeler ivrogne un ivrogne, et voleur un voleur. J’ajouterais qu’il faut appeler ingrat un ingrat», s’adresse-t-il directement à ces dirigeants qui ont fait leurs études au lycée Saïd Mohamed Cheikh et qui, aujourd’hui, crachent dans la même soupe qui les a nourris. Il assure qu’ils n’ont pas de parti pris, mais «nous revendiquons seulement nos droits». Le but de la démarche, selon lui, est d’amener les enseignants à interpeller le Syndicat pour qu’il renoue les négociations avec le gouvernement parce que «ils peuvent trouver une solution».

Sans parti pris

Du côté des enseignants, la surprise est totale. «Je suis venu ici à 9 heures pour enseigner. Des élèves sont venus dire à leurs camarades qu’ils ne pouvaient pas étudier tant que les bulletins ne seront pas remplis. Ils les ont priés de quitter la salle. Sur le moment, je n’ai pas su quoi faire. Je me suis replié à la salle des professeurs», explique Ahamadi Ibrahim, un enseignant de Chimie.

Le secrétaire général de l’Intersyndicale, Moussa Mfoungouliye, affirme que les enseignants vont continuer à se présenter quotidiennement aux cours, «tant qu’ils ne nous agressent pas». Pour le reste, la situation n’a pas évolué, l’Intersyndicale attend toujours le versement de la partie restante des salaires. Le gouvernement aurait pris l’engagement, il y a quinze jours de cela, d’achever le paiement avant la fin de ce mois de mai, mais «à part les salaires versés auparavant, aucun enseignant n’a été régularisé. Or, on arrive demain (aujourd’hui, Ndlr), au terme du mois».


Commentaires