Regroupés comme convenu samedi 3 février au Lycée Saïd Mohamed Cheikh de Moroni pour la marche pacifique prévue pour réclamer le paiement du salaire du mois de mai, les enseignants de l’enseignement secondaire se sont vus interdire ce rassemblement pas les forces de l’ordre. Ils seront accueillis par les militaires devant le portail du Lycée Saïd Mohamed Cheikh de Moroni où était prévu le départ. Cette manifestation est interdite par le ministre de l’Intérieur qui l’a annoncé dans l’après-midi du vendredi, montrant que celle-ci “n’est pas autorisée”.
Nous sommes dans un pays de droit. Les enseignants ont bien le droit de manifester, mais il y a une limite à ne pas franchir, arguait-il.
Pour Mohamed Daoudou, cette manifestation, n’a pas lieu d’être, pour la simple raison que le gouvernement s’est engagé à répondre aux exigences de l’Intersyndicale. Le ministre dénonce une “marche qui n’a rien de pacifique”, car, selon lui, celle-ci serait motivée par des intérêts politiques visant à déstabiliser le pays en cette période des assises nationales.
“Violation”
Il n’y a pas de connotation politique dans cette action, assure le secrétaire général de l’Intersyndicale, Moussa Mfoungouliye, qui laisse entendre que le gouvernement n’a pas l’intention de payer” mais entend seulement “apaiser la situation en attendant que les assises se déroulent.
Concernant la délégation des professeurs envoyés en pourparlers au ministère des Finances, elle reviendra bredouille. “Le gouvernement veut payer le salaire en deux tranches. Une partie lors du paiement des salaires du mois de février et l’autre au mois de mars. Nous ne sommes pas tombés d’accord”, annonce le secrétaire général du mouvement syndical. L’Intersyndicale va en conséquence suspendre les cours toute la durée des assises, et “tenir ses propres assises” au lycée Saïd Mohamed Cheikh, fait savoir Moussa Mfoungouliye.
Pour revenir sur les péripéties de ce feuilleton, une sortie de crise semblait se profiler en début de semaine dernière, puisque ladite marche avait été finalement annulée. Une entente semblait avoir été trouvée entre l’Intersyndicale des agents de l’éducation et le ministère de l’Éducation nationale. Le gouvernement s’était en effet engagé à payer l’arriéré de salaire du mois de mai 2017, principale revendication de l’Intersyndicale, au plus tard le vendredi 2 février.
La question, toutefois, devait être tranchée lors du conseil hebdomadaire des ministres de mercredi 31 janvier. Mais comme le ministère de l’Éducation nationale a remis le paiement du mois de mai à une date ultérieure, pour cause de l’ajournement du conseil hebdomadaire des ministres, l’intersyndicale, à travers une rencontre de délégués syndicaux, a annoncé que “la marche est maintenue” pour manifester son mécontentement vis-à-vis de la violation du “mémorandum de compréhension” signé vendredi 2 juin 2017 à Mrodjuu entre l’Intersyndical des agents de l’Éducation nationale et les gouverneurs des îles autonomes. Cette marche est la suite de l’arrêt de travail de 48 heures observé en décembre 2017, et de la non-validation des résultats du premier trimestre.
Pour le moment, les élèves des établissements publics restent, eux, suspendus aux humeurs des uns et des autres. Jusqu’à présent, les résultats du premier trimestre ne sont pas sortis.”Je suis impatiente de connaître les résultats. C’est indispensable pour tout élève, surtout ceux qui sont en salle d’examen. Pour ma part, cela me permettrait de me situer par rapport au deuxième trimestre”, affirmait vendredi dernier Naima Mohamed, en classe de 1ère A1 II au lycée Saïd Mohamed Cheikh.
“Quand les feuilles de devoir ne nous sont pas remises, cela me pose déjà problème, n’en parlons plus maintenant que les bulletins ne sont pas remplis”, déclarait de son côté Ahmed Ben Youssouf, en terminale TA4 III. Ce matin, ils devront rester au lit.