Père fondateur de l’Université des Comores (Udc) en 2003, le chef de l’Etat, Azali Assoumani, a présidé la cérémonie de célébration des 15 ans de l’institution samedi matin à l’Institut de formation des enseignants et de recherche en éducation (Ifere). Cette journée était placée sous le thème du bilan et des perspectives d’avenir qui s’offrent à l’Udc avec la présence de la communauté universitaire et des autorités publiques. Dans son discours, le président de la République a affirmé que «cette institution est appelée à jouer un rôle éminent» dans la politique devant amener le pays à atteindre l’émergence à l’horizon 2030.
Services publics
S’il pense que l’État apportera sa part en investissant notamment sur le monde numérique, la construction et la réhabilitation des infrastructures, la formation et le renforcement des capacités des chercheurs ou encore l’autonomie énergétique, le président estime tout de même que le plus important du travail revient à l’Université quant à sa gestion. Azali Assoumani affichera son souhait de voir l’Université des Comores «devenir une institution de référence au niveau de l’Océan indien».
Il estimera que le temps est venu après 15 ans d’existence, «d’analyser les capacités de l’Université à faire face à sa mission de service public» en insistant notamment sur l’orientation, l’insertion professionnelle, l’adaptation aux exigences actuelles et futures, imposer une identité propre et se fixer un cap pour l’avenir. Le président de l’Union concèdera que l’un des grands défis auquel l’État doit faire face, c’est de créer des emplois pour les jeunes pendant que l’Université doit faire face à des défis liés au monde du numérique, à la pédagogie, à la mondialisation, à la recherche, à la bonne gouvernance, entre autres.
«L’Université, un levier
de l’émergence»
«En 15 ans d’existence, l’Université a relevé ses défis à moitié. Elle a le devoir de former l’élite comorienne, former des entrepreneurs et des responsables de demain», a-t-il exigé avant de s’attarder sur l’impact positif de l’Université sur les ménages comoriens. Outre le fait que les familles modestes aient pu s’éviter les énormes difficultés liées à l’envoi des enfants pour des études à l’étranger, Azali Assoumani notera également que «l’institution a mis des milliers d’élèves, qui obtiennent le baccalauréat de plus en plus jeunes, à l’abri des idéologies extrémistes en les formant à l’Université des Comores. Cette dernière nous aura évité les transferts de milliers de francs comoriens dans des pays tiers».
Quant au ministre de l’Education nationale, Salime Mahmoud Hafi, l’Université rencontre des difficultés chroniques qui nécessitent plusieurs réformes dont la révision des textes, la définition de l’autonomie, la clarification des responsabilités de chaque corps et la formation des enseignants. Il s’agirait également, selon ses propos, d’organes de gouvernance non structurés ou peu efficaces, ne répondant pas aux exigences requises et des capacités de gestions inadéquates. Le ministre reviendra tout de même sur le bilan de ces 15 ans en révélant qu’aujourd’hui, l’Université compte 101 docteurs au lieu de 14 lors de son lancement, 15.000 étudiants au lieu de 1.700 en 2003, des laboratoires, des capacités renforcées, un amphithéâtre d’une capacité de 1.000 places en cours. Salime Mahmoud Hafi évoquera ensuite plus de «50 partenariats avec les universités du monde et l’ouverture de plusieurs licences et masters professionnelles à l’image du master en décentralisation ou encore en développement des relations internationales».
Invité à intervenir à l’improviste, le grand mufti Saïd Toihir a basé son discours sur l’importance du savoir et de l’apprentissage. Le président de l’Université, Abdullah Ben Saïd Hassane, quant à lui, malgré les difficultés structurelles, en particulier financières, «depuis son ouverture, l’Université a sorti plus de 25 mille diplômés».
Il fera savoir que le comité intérimaire de gestion de l’Université entend diligenter un audit financier et que des travaux sont en cours pour réformer les textes.
Mohamed Youssouf