logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Mise en place du conseil d’administration de l’Udc I Le syndicat conteste le processus, l’Université défend la procédure

Mise en place du conseil d’administration de l’Udc I Le syndicat conteste le processus, l’Université défend la procédure

Éducation | -   Abdou Moustoifa

image article une
Avant la mise en place des deux conseils, les enseignants élisent leurs représentants dans ces organes. Le syndicat dénonce «des manquements» supposés dans la désignation et la mise en place du comité en charge de ce processus. L’administration de l’Université assure «avoir bien suivi la procédure».

 

Les employés de l’Université des Comores ont officiellement levé leur mot d’ordre de grève, le 29 juillet, après un mois d’arrêt de travail. La reprise des activités universitaires a été motivée par la publication du calendrier instituant les organes décisionnels, notamment le conseil d’administration. Cependant, le bureau du Syndicat national des enseignants de l’Université des Comores (Sneuc) critique déjà le processus.

Les responsables syndicaux dénoncent « la violation par l’administration centrale de certaines dispositions » relatives à la mise en place du comité en charge d’organiser les élections. «Monsieur le ministre, c’est avec un sentiment de regret que le bureau du Sneuc tient à vous faire part de son inquiétude grandissante par rapport au respect de la feuille de route portant normalisation de l’Université», déplore le numéro un du Sneuc, Abdou Said Mouignidaho, dans un courrier adressé au ministre de l’Éducation, consulté par Al-watwan.


Les syndicalistes ont soulevé trois principaux griefs. D’abord, le choix des personnes mandatées pour intégrer l’organisation en charge de l’élection des représentants des enseignants, qui doivent par la suite siéger au sein des deux conseils. Ledit scrutin a eu lieu le mercredi dernier. D’après le Sneuc, la répartition veut que trois enseignants soient membres du conseil d’administration, pendant que pour le conseil scientifique, chaque composante en envoie un. Une fois ces délégués désignés, les conseils peuvent officiellement être convoqués.

Une nouvelle élection

Le problème, selon le syndicat, est que « la composition du comité n’a pas suivi les règles ». A en croire le Secrétaire général, seule l’administration centrale y siège actuellement alors qu’il devait y avoir aussi des délégués du syndicat et du ministère de l’Éducation. «Mais quand l’administrateur de l’Université décide de mettre en place un comité chargé des élections sans respecter le règlement intérieur de l’institution. Ou encore quand le comité chargé des élections se permet de recaler certains enseignants des listes électorales des conseils scientifiques et d’administration sans des motifs valables. Toutes ces inquiétudes et incompréhensions nous laissent croire que l’administration centrale de l’Université veut compromettre la gestion démocratique de l’Udc», s’insurge, dans son courrier, le bureau du syndicat des enseignants.


Il est aussi reproché à cette même commission « d’appliquer seulement une partie de la loi sur l’enseignement supérieur promulguée le 15 décembre 2023, tout en ignorant le reste du texte ». En ce qui concerne les articles non respectés, le syndicaliste a cité l’article 50 de la nouvelle loi promulguée le 15 décembre 2023. Cette disposition accorde automatiquement à certains enseignants le statut de maîtres assistants, ce que le comité refuse de faire, selon notre interlocuteur. D’après les enseignants, « ces manquements répétés compromettent le processus déjà en cours ». Le bureau du Sneuc exige une rectification qui ne peut se traduire que « par l’organisation d’une nouvelle élection transparente ».

Des critères universels

Contactée, l’administration universitaire livre une version différente de celle du syndicat, estimant « avoir bien suivi la procédure ». Selon le secrétaire général adjoint, « aucune loi n’a été violée » en l’espèce. «Quand nous n’avions pas suivi la procédure, nous avons été rappelés à l’ordre. On a recommencé le processus», a d’abord répondu, le secrétaire général adjoint de l’Udc, Mouigni Hamza Said. A propos du non-respect supposé du règlement dans la constitution du comité électoral, il assure que l’administrateur provisoire de l’Udc était « dans son droit dans la désignation des membres » de celui-ci, parmi eux des enseignants et des administrateurs.

«Un membre du syndicat était candidat pour le conseil scientifique même s’il a été vaincu. Pour le changement de statuts de certains enseignants qui ont passé 10 ans, certes la loi l’autorise mais ils oublient que cela ne peut se faire sans des arrêtés ministériels qui actent les nouveaux statuts. Donc, certains enseignants ne peuvent pas d’un coup être des maîtres de conférences», a expliqué, Mouigni Hamza Said qui, dans la foulée, a insisté sur la nécessité de tenir compte des normes universelles. «Il faudrait au moins que l’enseignant ait un doctorat. Nous devons aussi se pencher sur les critères de son recrutement. Une personne qui a rejoint l’université en tant qu’administrateur, ne peut pas devenir maître-assistant juste parce qu’il a dix ans d’expérience», a ajouté le secrétaire général adjoint de l’Udc.


L’Université des Comores a été paralysée, du 26 juin au 29 juillet, par une grève du personnel, soutenue par les enseignants. Bien que les activités n’aient pas encore été interrompues depuis, les dates des examens de la deuxième session ayant été annoncées, la menace d’une nouvelle grève plane toujours, d’autant plus que, en plus des contestations soulevées par le syndicat, l’heure n’est toujours pas à la sérénité dans les rangs du personnel. L’administration centrale, elle, dit vouloir apporter des réponses aux doléances des deux syndicats « mais avec méthode dans le strict respect des textes en vigueur ».

Commentaires