«Les négociations sont en cours mais vous n’êtes pas sans savoir que cela prend du temps». Dans un long entretien, le ministre de l’Education nationale, Moindjié Mohamed Moussa a réagi aux différentes grèves qui émaillent le secteur. Dans le secondaire, l’Intersyndicale des agents de l’Education entame un arrêt de travail de 72h à compter de ce matin avec le risque d’une grève illimitée si les choses restent en l’état. Pour le ministre de tutelle, ces grèves «sont d’abord le signe d’une démocratie et on est donc très loin de la dictature dont certains nous parlent». Aussi, pour ce qui est de l’intersyndicale le ministre affirme que les discussions se poursuivent. Et, à l’en croire, plusieurs des revendications des syndicalistes ont été résolues ou en cours de satisfaction. Il citera notamment la question des augmentations de salaires. «On s’était convenu qu’ils allaient faire le nécessaire auprès des députés pour que la loi des finances soit adoptée et ça n’a pas été le cas. Aujourd’hui, il faut attendre la prochaine session parlementaire en avril prochain pour que cette loi soit votée», affirme Moindjié Mohamed Moussa.
Ce dernier déclare, par ailleurs, qu’au départ, le ministère a convié les enseignants du primaire et du secondaire à des discussions dans l’optique de trouver des solutions et le protocole qui a été signé suit son cours. «Nous avons toujours laissé la porte ouverte aux négociations et c’est un signe qui montre notre volonté à résoudre ces différents problèmes qui gangrènent le secteur. A cela s’ajoute de nombreux projets notamment dans le domaine de la réhabilitation des écoles qui sont en cours ou qui vont débuter prochainement».
Moindjié Mohamed Moussa insistera sur le fait que les négociations en cours et futures doivent concerner le ministère de l’Education et le mouvement syndical. Les autres ministères «c’est à moi de servir de relais et non pas à l’Intersyndicale de s’interférer».
Le corps de l’inspection générale
Au niveau de l’Université des Comores, le Syndicat national des enseignants de l’Université des Comores (Sneuc) «doit apprendre à s’adresser à l’Udc qui est son supérieur et non au ministère. Notre pouvoir commence là où s’arrête celui de l’Université. C’est à cette dernière de nous saisir. Je suis là pour servir de relai et non pour m’ingérer dans l’autonomie d’une telle institution», déclare Moindjié Mohamed Moussa. Et toujours selon notre source «les paiements au sein de l’Udc est synchronisé avec celui du reste des agents de l’Etat comme l’a recommandé le Sneuc». Dès lors, «je ne comprends pas pourquoi le Sneuc dit être en grève, je rappellerai que ce mouvement syndical a entamé une grève pour non-paiement le 4 janvier alors que ledit paiement était en cours, ce n’est pas normal.
Le ministre de l’Education nationale a aussi fait savoir que «nous leur avons demandé, eux les enseignants-chercheurs de nous proposer, avec l’aide d’agents de certains ministères une solution afin d’assurer le fonctionnement d’une façon pérenne mais il n’en est rien jusqu’à maintenant». Ce sont les élèves et les étudiants qui paient au final le prix des grèves.
Toujours à l’Université des Comores, le président actuel, Abdullah Saïd Hassane a été nommé et pour l’heure l’élection pour la présidence de l’institution n’a toujours pas eu lieu. Le ministre affirme que les textes qui ont été révisés vont être soumis à l’Assemblée nationale et c’est après cette période que l’élection aura lieu.
Autre grève, autres revendications. Les nouveaux encadreurs pédagogiques ont en effet entamé une grève illimitée depuis peu et ont suspendu leurs activités dans les circonscriptions d’inspection pédagogique régionale (Cipr) où ils exercent depuis un an. Les trente-cinq grévistes réclament leur intégration dans le corps de l’inspection générale de l’Education nationale. «Il nous faut voir comment et pourquoi trente-cinq agents ont été recrutés au même moment comme inspecteur pédagogique. Ces personnes doivent comprendre que la grève n’est pas une finalité. L’intérêt supérieur de l’élève doit toujours primer». Aussi, «je tiens à rappeler que personne n’a le droit de piétiner le droit des autres pour avoir les siens». Moindjié Mohamed Moussa ne manquera pas de revenir sur le niveau général de l’enseignement dans le pays. Et selon lui, «la responsabilité ne revient pas seulement aux enseignants. C’est tout le système qui n’est pas aux normes. A cela s’ajoute les effets de notre époque où sms et autres messages sont abréviés à longueur de journées, ce qui a pour effet de nuire au niveau».
La société est aussi pointée du doigt par le ministre puisque ne montrant pas l’exemple. Dans ce chaos tout n’est pas perdu «puisque certains de nos étudiants réussissent leurs études dans des universités étrangères partout dans le monde. Et s’ils viennent à échouer ce n’est pas un problème de niveau mais de condition». Pour autant, Moindjié Mohamed Moussa pense à la diversité de la formation. «Il nous faut une diversité de formations techniques et professionnelles qui sera en adéquation avec les besoins du pays», déclare-t-il.
L’année 2020 a été déclarée année de l’Education par le président de la République. Et dans les faits cela se traduit par «des actions puisque bientôt auront lieu les Assises nationales sur l’Education lesquelles permettront de revoir tout le secteur». Il rappellera que les années précédentes ont été déclarées «année de l’énergie et année des infrastructures et cela s’est traduit par des politiques fortes menées par le chef de l’Etat et son gouvernement». Un rapport de l’inspection générale de l’éducation nationale (Igen) fait état de plusieurs collèges et lycées qui ne présentent pas les conditions minimums d’un établissement d’enseignement.
Metrre de l’ordre
Pour le ministre ce rapport est une bonne chose mais il est perfectible. Enfin, Moindjié Mohamed Moussa a parlé des rapports avec les partenaires techniques et financiers et à l’en croire, «nous devons mener la danse et non suivre des directives que d’autres tracerons à notre place». «La vision du président consiste justement à impulser une nouvelle donne basée, entre autres, sur le fait que les partenaires doivent venir nous appuyer et non l’inverse. Nous devons nous-mêmes entreprendre notre politique avec nos propres experts et arrêter de chaque fois attendre que des experts viennent de l’étranger pour nous dire ce que nous devons faire», affirme le ministre de l’Education nationale. Il ajoutera que chacun doit rester à sa place et «nous ne voulons plus être des assistés».
Pour autant, cela ne veut pas dire qu’il y a des «conflits ou autres choses entre nous et nos partenaires». Le ministre dit vouloir mettre de l’ordre après des années de laisser-aller. «L’éparpillement des responsabilités entre les îles et l’Union ces 17 dernières années a permis aux partenaires techniques et financiers de jouer le rôle de coordinateur du secteur éducatif national et la reprise en main des activités consécutive au nouveau cadre constitutionnel du pays se heurte a une petite résistance qui n’est pas pour autant méchante mais handicapante», a-t-il constaté. «Nous nous mettons ensemble pour trouver un nouveau compris qui répondra aux ambitions de la nation et aux missions de nos partenaires», a conclu Moindjié Mohamed Moussan