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Mutuelle de santé des étudiants-Université I Une gestion «opaque» des fonds collectés

Mutuelle de santé des étudiants-Université I Une gestion «opaque» des fonds collectés

Éducation | -   Abdou Moustoifa

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L’éclatement de l’affaire a suscité un tollé aussi bien chez les étudiants que les chefs de composantes, lesquels exigent des explications. Le ministère de l’Éducation s’est saisi du dossier et tente d’éteindre le feu.

 

L'affaire de la «mutuelle de santé des étudiants» de l’Université des Comores (Udc) fait grand bruit en ce moment. Depuis une semaine, des révélations sur la manière dont ont été gérées les cotisations de la mutuelle de santé des étudiants agitent l’Udc. Cet argent était censé financer la mutuelle de santé de l’année académique 2020/2021, mais pour de raisons diverses, le processus n’a pas avancé.

 

Se retrouvant avec cette manne financière, les présidents des coopératives ont décidé de se départager pour, dit-on, «financer quelques travaux dans les sites». La démarche suscite la controverse et renforce l’hypothèse d’une gestion «opaque» des fonds.

Détournement d’objectifs

nterrogé, le président de l’union des étudiants de l’Udc (Unecom), Maoulida Ahamada a livré sa version des faits. «Cette année, les étudiants de Patsy ont exigé la restitution de leur argent. On nous a demandés d’accéder à cette requête et nous l’avons fait.

 

La coopérative de Mwali a emboité le pas. Il ne restait plus que les cotisations de Ngazidja. Comment aurions-nous pu payer la mutuelle avec le peu qui nous restait», s’est-il défendu. Au cours d’un entretien avec Al-watwan, mardi, Maoulida Ahamada était accompagné des chefs des coopératives de quatre sites de Ngazidja.


La question qui revient sur toutes les lèvres est comment a-t-on pu autoriser des jeunes étudiants à se départager une manne financière aussi importante ? D’autant que ces millions ont été récoltés dans le seul but de financer une mutuelle de santé. N’est-ce pas là un détournement d’objectifs ? Un juriste que nous avons interrogé a répondu par l’affirmative et parle d’une «violation» du principe budgétaire de spécialités de crédits.

 

Du coté des étudiants aussi c’est l’incompréhension totale. “Cette histoire nous a tous surpris. A défaut de nous le restituer, ils auraient dû garder notre argent jusqu’à trouver une solution au lieu de financer des travaux qui ne sont pas de notre ressort», s’insurge un étudiant en géographie.


Si la voie empruntée est décriée, les coopératives assurent pourtant leur côté pourtant avoir eu la bénédiction du ministère de l’Éducation et de l’université à travers deux personnes : Le conseiller du ministère en charge de l’enseignement supérieur ainsi que le secrétaire général adjoint de l’université. « Nous leur rendions des comptes.

 

Ils étaient tous au courant du plan du départage de l’argent», a déclaré Maoulida Ahamada au cours de notre entrevue. Mais depuis l’éclatement de l’affaire, le ministère et l’Université tentent de se dédouaner. Mercredi dernier, le ministre de l’Éducation disait «ignorer l’histoire promettant une enquête dessus».

4 millions en jeu

Quant à l’actuel président de l’Udc, il nie avoir rencontré qui que ce soit. «Je mets simplement au défi quiconque qui justifiera s’être entretenu avec moi, et dans quel cadre, sur les questions que vous évoquez. Cette allégation n’est pas recevable à mon niveau. Je ne gère pas la mutuelle», nous a répondu, Ibouroi Ali Tabibou. Sauf que le décaissement des fonds de la mutuelle de santé est avalisé par la signature de l’agent comptable de l’Udc, lequel a besoin de l’accord du président de l’institution.

 

A l’heure actuelle, l’affaire fait beaucoup jaser aussi bien au ministère de l’Éducation qu’à l’Udc. Ils se refilent la patate chaude. Nommés pour assurer les affaires courantes en attendant la tenue d’élections, les chefs des coopératives étalaient-ils habilités à décider d’affecter cet argent à des travaux de réaménagement d’infrastructures ? «Même s’ils étaient élus, rien ne leur autorise à utiliser cet argent à d’autres fins», a souligné notre juriste.


Cette année, l’Université compte «à peu près 13 420 étudiants». Avec une cotisation individuelle de 2 500 francs, la mutuelle de santé aurait permis de récolter environ «33,5 millions de francs». Le président de l’Unecom affirme avoir reçu seulement 29,50 millions. Soit donc la part des étudiants de la licence.Ndzuani a reçu 10 millions pendant que la coopérative de Mwali s’est contentée d’un million.

 

Le reste 18.50 millions, «les coopératives de Ngazidja se sont partagées». Certains se demandent où se sont donc passés les 4.500 millions des étudiants en Master. Selon les dernières informations, le ministère chercherait à convaincre les chefs de composantes d’accompagner les étudiants dans la gestion des fonds qui seront ultérieurement collectés. 

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