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Non remplissage des bulletins du public : “une année blanche qui ne dit pas son nom”

Non remplissage des bulletins du public : “une année blanche qui ne dit pas son nom”

Éducation | -   Abdallah Mzembaba

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Depuis décembre dernier, les élèves du public – du primaire au lycée – ignorent leurs notes et autres performances scolaires à cause du non remplissage de leurs bulletins. Toute une année à travailler sans obtenir le moindre indicateur de performance. La cause : la décision de l’Intersyndicale des agents de l’éducation de ne pas remplir, en signe de contestation, les bulletins scolaires. Samedi dernier, dans une conférence de presse, les directeurs et proviseurs des écoles publiques ont lancé un cri d’alarme à l’endroit du gouvernement, du syndicat et des parents. Certains n’hésitent plus à parler d’ “année blanche”. Un cri d’alarme

 

“C’est une année blanche qui ne dit pas son nom”, tel est le constat de nombre de responsables d’écoles publiques du pays. Dans une conférence de presse tenue samedi dernier au Lycée Saïd Mohamed Cheikh de Moroni (Lsmc) en présence notamment du président de l’Association des maires comoriens, Djoumoi Saïd Abdallah, proviseurs et directeurs de collèges et lycées de Ngazidja, ont, à trois semaines des grandes vacances, décidés de lancer un cri d’alarme sur la situation qui prévaut au niveau de l’enseignement public. D’entrée de jeu, les conférenciers annoncent “ne pas avoir de solution à proposer” et, moins encore, chercher à savoir “qui, du gouvernement et du syndicat, a raison”. Le proviseur du Lsmc, Mohamed Ali Abdallah, déclare que de décembre 2017 à mai 2018 aucun bulletin n’a été rempli. Autant dire que c’est toute l’année scolaire. Une situation causée par le statuquo entre le gouvernement et l’Intersyndicale des agents de l’Education.

Statuquo
 
Pour inciter les enseignants à rattraper le mois de mai 2017 suite à la grève dans l’enseignement public, le gouvernement a demandé aux grévistes d’enseigner durant le mois de juillet – un mois de vacance normalement – avant de procéder au paiement de mai 2017. Les grévistes avaient alors accepté et attendaient le paiement du mois de mai en question dès la fin du rattrapage de juillet. Seulement, jusqu’à maintenant ledit paiement n’a pas été assuré dans sa totalité, “seuls certains enseignants ont perçu leurs salaires du mois de mai 2017”. Un an donc depuis que la situation perdure avec toutes les conséquences que cela implique. Pour Mohamed Ali Abdallah, “il s’agit d’une grève depuis tout ce temps”.


Son collègue du Lycée Saïd Mohamed Cheikh de Mitsamihuli, Mohamed Ali Mohamed, va dans ce sens et parle d’une “année blanche qui ne dit pas son nom”. Pour les conférenciers, si une solution n’est pas trouvée dans les meilleurs délais et ce, avant même de partir en vacance, c’est tout le système qui risque d’en pâtir. Ils citeront en exemple le redoublement général des élèves du public faute de note sur leurs bulletins, une année blanche donc puisque “les résultats étant la condition indispensable pour valider une année scolaire”, la probabilité d’engager d’autres budgets pour faire revenir les enseignants de leurs vacances afin de remplir les bulletins, la caducité des livrets scolaires mis en place par le commissariat à l’Education pour mieux suivre l’évolution des élèves et surtout lutter contre les passages en classes supérieures immérités, sans oublier encore l’avantage qu’auront les élèves du privé sur leurs collègues du public lors des examens nationaux.

Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

Proviseurs et directeurs dénoncent un enseignement à deux vitesses où certains élèves sont, dès le départ, défavorisés. Les conférenciers dénoncent par ailleurs le comportement des parents d’élèves qui jusqu’ici se sont mus dans le silence depuis le début de ce statu quo. Néanmoins, Ali Mohamed Abdallah va plus loin et affirme que “nous sommes tous responsables de cette situation et ce n’est pas cette image que nous devons transmettre à nos enfants. Nous avons le devoir de faire mieux et de bien le faire”. Mais à l’en croire, lui et ses collègues ne peuvent jouer aucun rôle déterminant dans cette situation si ce n’est “ce cri d’alarme”.

“Depuis décembre nous avons espéré une solution, en vain. Aujourd’hui, certains enseignants ont été payés alors pourquoi ne pas commencer à remplir les bulletins ?”, s’interroge-t-il.

Selon ses informations, il y aurait… six mille bulletins à remplir… rien qu’au Lycée Saïd Mohamed Cheikh de Moroni. Effectivement, pourquoi l’Intersyndicale des agents de l’éducation ne demande pas à ses agents qui ont perçu le salaire du mois de mai 2017 de remplir les bulletins de leurs élèves ? Pourquoi il y a trop de lenteur dans le processus de paiement alors qu’il y a urgence ? Que deviendront les élèves du public à quelques semaines des examens nationaux ? Et enfin pourquoi, gouvernement et syndicat, n’arrivent pas à s’entendre sur un problème qui dure depuis neuf mois ? Telles sont les questions qui brûlent les lèvres de la population.

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