Les jeunes filles inscrites au Lycée français Henri-Matisse qui le souhaitent pourraient-elles porter correctement le voile dans les prochains mois ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres au sein de l’établissement, le seul affilié à l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (Aefe). En effet, le 7 novembre dernier, le secrétaire général du ministère comorien de l’Éducation nationale, a écrit à la proviseure pour l’informer que l’école qu’elle dirige n’avait « aucun droit d’imposer l’interdiction du voile ».
Un courrier qui fait suite à une plainte d’un parent dont la fille aurait été victime « d’un incident survenu » au Lycée Français Henry Matisse, le 16 octobre dernier.
Jusqu’ici, le règlement intérieur dans son point 7 consacré aux tenues vestimentaires acceptées, précise que « les membres de la communauté scolaire sont invités à se présenter dans une tenue vestimentaire propre et décente. Le port d’un couvre-chef capuche est interdit. Dans tout l’espace de l’établissement, une tolérance autorise le foulard lâche, c’est-à-dire avec les racines des cheveux, les oreilles et le cou découverts».
Une plainte d’un parent révolté
Avant de se prononcer, le secrétaire général du ministère de l’Éducation, dans son courrier, consulté par Al-watwan, s’est appuyé sur l’accord de l’Aefe et l’accord de coopération entre les Comores et la France. M Said Soule, qui n’a pas donné suite à nos demandes de commentaires, a aussi recommandé la révision du règlement intérieur afin « de préserver le respect mutuel et éviter d’autres tensions qui peuvent être d’ordre juridiques et politiques ». Nous avons essayé d’avoir une réaction de la proviseure du Lycée français international Henri-Matisse(Lfihm), mais elle n’a jamais donné suite. A l’origine de cette décision du ministère de l’Éducation nationale, « un incident survenu à l’école » et qui a poussé un parent à saisir les autorités.
Tout a commencé le 16 octobre. Ce jour-là, une lycienne aurait été victime d’un comportement jugé « inapproprié » de la part de la proviseure à cause de la façon dont elle portait son voile. « Ma fille m’a informé que vous l’aviez saisie par le bras à son entrée dans l’établissement, apparemment, en raison de votre désapprobation quant à la manière dont elle portait son voile.
Lorsque je vous ai ensuite approchée pour discuter de cet incident et vous demander de ne plus toucher mon enfant, vous avez reproduit vos actions en me saisissant également le bras », a dénoncé la maman dans sa plainte formelle, à laquelle nous avons eu accès. Dans la même correspondance, la mère assure que quand elle a laissé entendre qu’elle se tournerait vers les autorités compétentes, la directrice du Lfihm lui a répondu « qu’elle connaissait bien le pays et n’avait rien à craindre ».
Toujours dans cette plainte formelle, la maman de la jeune fille rapporte que son enfant a reçu « des menaces d’exclusion à cause de cette affaire ». « Je trouve vos actions et votre réaction inacceptables. En tant qu’éducatrice et directrice, vous occupez une position de responsabilité et de confiance, et l’utilisation de la force physique envers un élève, quel que soit le contexte, est extrêmement inquiétante », juge la maman de l’élève. Par ailleurs, nous avons contacté la proviseure pour avoir sa version sans succès. L’association des parents d’élèves n’a pas souhaité non plus donner suite à nos relances.
Des critiques récurrentes envers la directrice
Le Lycée français Henri-Matisse a été fondé en 1979. L’école reste le seul établissement implanté aux Comores qui a signé une convention avec l’agence pour l’enseignement français à l’étranger. Cette homologation permet aux élèves qui y sont inscrits, de bénéficier du même programme d’enseignement que leurs camarades qui sont en France. Ce n’est pas tout.
La convention ouvre la voie à d’autres diplômes reconnus mondialement tels que le Brevet, le bac français ou encore des bourses, réservées exclusivement à ceux qui ont la nationalité française. Toutefois, ce statut soumet le lycée à des inspections de son personnel. Accueillant près de 11 nationalités, le lycée est géré par l’association des parents qui est le propriétaire des locaux.
Le lycée recrute des employés locaux même si des fonctionnaires, à l’instar de la Proviseure y sont détachés depuis la France pour appuyer l’enseignement. Pour ce qui est du règlement intérieur, il est voté par de nombreuses entités comme la direction, les parents d’élèves entre autres. Celui qui est en vigueur a été validé en juin 2023, toutefois, il fait l’objet de quelques critiques car considérés par certains parents comme « contraires aux us et coutumes et plus largement à la constitution, notamment sur la question du voile ». Sera-t-il révisé ou pas ?