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Pénurie d’enseignants à Ndzuani : les écoles primaires à bout de souffle

Pénurie d’enseignants à Ndzuani : les écoles primaires à bout de souffle

Éducation | -   Hamidou Ali

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Deux mois après la rentrée, les écoles primaires publiques de Ndzuani fonctionnent avec un déficit inquiétant d’enseignants. Classes surchargées, niveaux jumelés : les directeurs tirent la sonnette d’alarme.

 

À Ndzuani, le manque d’enseignants du primaire se fait sentir avec acuité. Pour y faire face, certains chefs d’établissements disent être contraints d’alterner les enseignants entre les classes, de regrouper les élèves ou d’en répartir certains dans d’autres divisions.L’École primaire publique de Bungweni, dans la région de Sima, illustre bien la situation. Sa directrice, Fatima Abdallah, évoque un effectif total de 599 élèves répartis en 18 divisions. Selon elle, les classes de l’Ép1 et de l’Ép2 ne forment qu’un seul groupe de 124 élèves pour un seul instituteur. Les classes de l’Ép3 et du Cp accueillent, elles, 226 élèves, dont 100 pour le Cp, toujours avec un seul enseignant par classe. Elle précise que les rapports de rentrée ont été transmis aux autorités éducatives de l’île et qu’un inspecteur, M. Kamal, a lui-même constaté la gravité de la situation.


À l’Epp Mgnamba de Mutsamudu, la directrice Rachidat Saïd Omar déplore que le nombre de divisions dépende désormais du nombre d’enseignants disponibles. « Je suis malheureusement obligée de réduire le nombre de salles de classe. Si cela perdure, nous serons peut-être contraints de limiter les inscriptions. Avec 640 élèves, notre école ne compte plus que 14 divisions au lieu de 16, ce qui ne respecte pas les règles didactiques et pédagogiques », explique-t-elle, précisant que cette situation n’est pas propre à son établissement.Même constat à l’Epp de Missiri Arzanaly, où certaines classes dépassent 50 élèves. Quatre enseignants n’y ont toujours pas été affectés, pour un effectif total de 440 élèves âgés de 3 à 14 ans, selon Haydat Saïd Omar. Tous les directeurs d’école interrogés affirment par ailleurs qu’ils n’ont jamais bénéficié d’enseignants de langue arabe.

115 écoles primaires publiques à Ndzuani

À l’Epp Pagé 1, le manque d’enseignants est « moins critique », selon le directeur Saïd Mahamoud, qui indique que seuls deux postes sont vacants. Toutefois, il précise que plusieurs enseignants partiront à la retraite dès janvier prochain. L’école compte 404 élèves répartis en 11 divisions. La situation est différente à l’Epp Bungweni, où plus de 500 élèves sont recensés pour cinq enseignants manquants, ce qui a conduit le directeur Zouher Soidri à regrouper plusieurs niveaux.À l’Epp Shitsangani, la directrice Hadidja Soumaila indique que l’effectif a baissé, passant de 300 élèves en 2024-2025 à 250 en 2025-2026, ce qui a légèrement atténué la pression. « L’an dernier, j’étais obligée d’alterner les enseignants : certaines classes n’avaient cours que deux ou trois jours par semaine au lieu de cinq », se souvient-elle.


De son côté, le directeur de l’enseignement primaire de Ndzuani, Kaldine Soihibou, confirme la gravité de la situation. « Les rapports de fin d’année ont fait état d’un manque de 249 enseignants. Pour cette rentrée, nous n’avons pas encore reçu tous les rapports : une vingtaine de chefs d’établissement ne les ont pas encore transmis. Il est donc difficile d’établir un chiffrage précis », fait-il savoir. Le directeur assure toutefois que des recrutements sont déjà engagés, notamment à Moroni, et que les nouvelles recrues devraient bientôt prendre leurs fonctions. Il s’inquiète néanmoins du surdimensionnement des classes, et rappelle qu’une division devrait idéalement compter entre 35 et 45 élèves, alors que certaines dépassent aujourd’hui les cinquante.

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