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Quel avenir pour le lycée d’excellence de Ngazidja ?

Quel avenir pour le lycée d’excellence de Ngazidja ?

Éducation | -   Abdou Moustoifa

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Alors que pendant la dernière année scolaire, les responsables de l’exécutif de l’ex-gouverneur Hassani Hamadi en fuite, peinaient à honorer leurs obligations financières envers les enseignants et les élèves, le sort du Lycée d’excellence de Ngazidja est plus que jamais incertain. A l’heure actuelle, le personnel, les enseignants et les élèves comptent un an d’arriérés de salaires. Autant de facteurs qui rendent l’avenir du lycée encore plus sombre.

 

Le Lycée d’excellence de Ngazidja ouvrira-t-elle ses portes à la prochaine rentrée de classes ? A un mois de la rentrée scolaire pour le compte de l’année 2019-2020, l’avenir de cet établissement crée par l’ancien gouverneur de l’île semble hypothétique. Et pour cause : le changement du locataire de Mrodjuu à l’issue de la révision d’une nouvelle constitution. Celle-ci a réduit drastiquement les prérogatives autrefois réservées aux exécutifs insulaires. La question que l’on se pose en ce moment est : le gouvernement central accompagnera-t-il le lycée ? 

De fait, en janvier 2017, voulant satisfaire une promesse de campagne, Hassani Hamadi, alors gouverneur de l’île autonome de Ngazidja qui disposait d’une autonomie à part entière avait décidé d’ouvrir un lycée d’excellence de Ngazidja. Sans même avoir pris le temps de faire au préalable une étude, d’après de nombreux professionnels de l’Education. 

Dans la précipitation 

Nombre d’observateurs estimaient qu’on avait mis les charrues avant les bœufs. «Bien que nous ayons effectué une visite à Ndzuani pour s’inspirer du modèle anjouanais, il était clair que le projet nécessitait quelques réajustements. Donc un peu de temps avant de lancer la machine. Nous étions conscients que durant les premières années, nous n’allions pas tout de suite atteindre le sommet de la gloire. Une telle initiative demeurait une expérimentation», reconnait l’ex-commissaire à l’Education, Maoulida Ben Ousseine, à qui on avait confié le dossier. 

Aucun round n’a été versé

 A l’en croire, la loi d’orientation de 1994, autorisait aux exécutifs insulaires à créer des établissements de ce type pour promouvoir l’excellence dans les rangs des élèves. «Le gouverneur a voulu en créer une dans son île. Il a même insisté pour que le lycée soit créé le plus tôt possible. D’où la raison pour laquelle, la rentrée a eu lieu en janvier 2017, soit la période du deuxième trimestre. Connaissant le niveau des élèves, issus de différentes écoles, on peut dire que les résultats étaient satisfaisants à l’issue des examens nationaux. Mais il faut du temps. On ne doit pas abandonner le projet. Il faut sauver ces enfants», a-t-il poursuivi. Il est clair que le manque de préparation est à l’origine des problèmes qui menacent la survie de l’école.  

Ardoise de plus de 21 millions 

Cette année sur 22 terminalistes, 21 ont décroché le baccalauréat dont trois avec mentions. Un d’entre eux s’est absenté. L’année dernière, ils étaient 21. Sur 11 de la série C, 3 ont obtenu des mentions Assez-bien, 5 avaient été déclarés admis, les 3 restants partaient à la recherche des points pour obtenir l’examen. Ceux de la terminale D, étaient 9 :  6 sont passés au premier groupe avec une mention pendant que les autres devaient faire les épreuves orales. 

Si au lendemain du dernier référendum, l’exécutif de Ngazidja, commençait à «suffoquer» financièrement avec la centralisation des recettes-n ‘ayant plus d’argent à recouvrer, la situation n’avait en réalité jamais été si rose. Rien que pendant l’année qui vient de s’écouler, aucun round n’a été versé. 

Boursiers, enseignants, administrateurs du lycée, personne n’a vu la couleur de l’argent d’un salaire. Les bus qui faisaient la navette Moroni-Ntsudjini avait cessé de ramener les élèves des mois avant la fin de l’année. Jusqu’en février 2019, la facture s’élevait à 21 millions de francs comoriens. Sans inclure les arriérés des quatre derniers mois (mars à juin 2019). Une réunion a eu lieu en février entre le ministère de l’Education et les responsables du lycée sur ce sujet. Six mois plus tard, «les choses restent au point mort», regrette Maoulida Ben Ousseine qui espère voir le lycée former des bacheliers dans les années à venir. 

Les autorités centrales vont-elles supporter le passif laissé par l’ancienne équipe ? Ou, va-t-on procéder à la fermeture du lycée d’excellence après trois ans d’existence ? La nouvelle gouverneure Sitti Farouata Mhoudine prendra-t-elle le flambeau au nom de la continuité en plaidant pour le maintien de l’établissement auprès des autorités ? 

Quel sort sera réservé à la première génération prise en charge depuis la classe de seconde qui passera le baccalauréat l’année prochaine ? Pour l’instant à Ngazi Ngome, on se réserve de se prononcer sur le sujet. Nous avons tenté de faire parler le cabinet du ministère de l’Education, mais nous n’avons pas eu de réponse. 

 

Abdou Moustoifa

 

 

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