La Coordination des écoles privées de Ngazidja (Cepn) tire la sonnette d’alarme face à certaines décisions du ministère de l’Éducation nationale qu’elle juge « préoccupantes » pour l’avenir de l’enseignement privé aux Comores. Lors d’un entretien tenu lundi à l’École privée franco-arabe de Moroni Mbuweni, le président de la Cepn, Ali Ahamada, a rappelé les sujets débattus récemment avec le ministre de l’Éducation. Parmi eux figurent les autorisations des enseignants du privé, les transferts d’élèves entre écoles publiques et privées, la mise en place du bulletin unique, ainsi que la date de la rentrée fixée au 8 septembre pour les enseignants et au 15 pour les élèves.
Si certaines convergences ont été trouvées, notamment sur la nécessité d’expérimenter le bulletin unique avant son application généralisée, plusieurs points continuent de susciter des désaccords.
Le plus sensible reste la note de service du secrétaire général du ministère interdisant aux établissements privés d’exclure les élèves en retard de paiement. « Comment comprendre que le ministère veuille taxer 500 francs par bulletin, alors qu’il nous empêche d’exclure ceux qui ne régularisent pas leurs frais de scolarité ? », s’interroge le responsable. La Cepn appelle à appliquer les recommandations des récentes assises nationales sur la transformation de l’éducation, qui prévoient des financements pour soutenir les écoles privées. Elle estime que le ministère devrait s’attaquer en priorité aux frais exigés dans les établissements publics et à l’Université des Comores, comme ceux des dossiers de candidature aux examens nationaux qui varient entre 4 000 et 10 000 francs.
Autre sujet de tension : la question des transferts d’élèves. Si la Cepn se félicite de la prolongation des délais, elle regrette que le ministère refuse de laisser les écoles privées gérer directement ces mouvements. « La majorité de nos établissements sont endettés auprès des banques. Nos difficultés financières sont ignorées par les cadres du ministère », déplore Ali Ahamada. Face à l’interdiction d’exclure les élèves débiteurs, il propose que chaque établissement fasse signer aux parents une fiche d’engagement fixant des échéances précises pour les paiements. En cas de non-respect, l’exclusion pourrait alors être appliquée sans enfreindre les consignes officielles.
Tout en saluant certaines initiatives ministérielles visant à redresser le système éducatif, la Cepn met en garde contre des décisions prises « à la va-vite » qui risqueraient de fragiliser un secteur déjà confronté à de graves difficultés financières.