Comme annoncée il y a deux semaines par le ministère de l’Education nationale, la rentrée scolaire a eu lieu avant-hier lundi 30 novembre. Contrairement aux années précédentes, la rentrée de l’année scolaire 2020-2021 revêt une certaine particularité à cause de la pandémie. Une crise sanitaire qui oblige les établissements scolaires à adopter les mesures de lutte contre la Covid 19. Et en attendant le début des cours à Ngazidja demain jeudi, c’est effectivement le coronavirus qui domine les débats.
Le ministère de l’Education a d’ailleurs publié une note dans laquelle il recommande aux écoles de redoubler d’effortS pour éviter la propagation du virus. A Ngazidja, les établissements ne font pas preuve de légèreté. A l’exemple du Groupe Scolaire Avenir (Gsa). ″Afin de respecter la distanciation obligée pour la lutte contre la pandémie, on a dû augmenter les salles. Et comme vous l’avez certainement remarqué à l’entrée, on a placé des sceaux d’eau afin que les élèves se lavent les mains en entrant tout comme en sortant. Pour ce qui est du port des masques, je dirais que 95%, de nos élèves surtout ceux du primaire au secondaire les ont portés″, a assuré l’assistant de direction du GSA, Nadhumoudine Combo.
“Les enfants de moins de 7 ans ne supportent pas le port du masque”
L’autre établissement privé où les mesures d’hygiène étaient au rendez-vous est le Groupe Scolaire Fundi Abdoulhamide (Gsfa) où le non-port du masque peut entrainer la convocation du parent de l’élève à en croire le directeur du primaire et de la maternelle, Hassane Miradji, que nous avons rencontré lundi pendant notre reportage. Le seul constat qu’il a dressé est le suivant : “les enfants de moins de 7 ans ne supportent pas le port du masque pendant plusieurs heures.
Je porte tous les jours mon masque pour venir à l’école pour me protéger contre le virus, même si des fois j’ai un peu du mal à supporter”, a aussi témoigné un écolier du Groupe scolaire avenir, répondant au nom de Layana Ibrahim. Au niveau des établissements publics, tout est en ordre du moins dans les écoles que nous avons visitées à l’instar du lycée de Moroni : installation des sceaux, port du masque et limitation des effectifs dans les salles.
A l’école primaire Fundi Saïd Mnemoi (Moroni Application), les responsables offrent même des masques aux bambins qui n’en possèdent pas. La difficulté que rencontrent les lycées et collèges publics de la capitale est “l’absence de certains enseignants affectés ailleurs sans que les directeurs ne soient informés”, comme l’a fait savoir le directeur du collège rural de Moroni Coulée, Abdou Ibrahim.
Dans l’île de Mwali, les écoles publiques n’ont pas encore débuté les cours tandis que celles du privé ont déjà commencé l’année. A Fomboni, la capitale, seules les écoles privées respectent les mesures barrières, avons-nous constaté hier mardi. C’est le cas de l’établissement “Nouria School”. “Les élèves dont la majorité sont des enfants, doivent obligatoirement porter leurs masques avant de franchir le portail. Les parents sont avertis et la direction est très exigeante là-dessus”, a fait savoir la directrice de l’école, Ramlati Ali, interrogée par Al-watwan. Le lundi, jour de la rentrée par contre, cette dernière avait recensé plusieurs enfants ne portant pas les masques.
“Ils n’avaient pas bien été informés et ignoraient que le port était recommandé”, a-t-elle reconnu. Pour les autres équipements notamment les seaux d’eau savonné, les gels hydro alcooliques, tout était en place. A l’opposé, au collège de Fomboni plus particulièrement, les mesures barrières laissaient à désirer. Aucun élève ne portait de masque et il n’y a avait ni gel ni eau pour de se désinfecter les mains.
Tout le monde se comportait comme dans une période ordinaire. Le directeur général explique ce laisser-aller par “l’absence d’accompagnement des autorités sur la mise en place des mesures barrières”. Son collège n’a rien reçu “pas même un savon”. Mais Abdou Mmadimari compte bien imposer aux élèves le port du masque.
A Ndzuani, la rentrée des classes s’est normalement déroulée. C’est notamment le constat d’Amri Elarisse Mohamed, le proviseur du lycée de Mutsamudu (entre autres chefs d’établissements interrogés), qui parle d’une “rentrée réussie”, car dispensée de grève. “Le corps enseignant a compris que les grèves n’arrangent pas le niveau des élèves, qui est déjà lamentable.
Il est grand temps de réfléchir à une nouvelle façon de réclamer nos droits auprès du gouvernement, puisque les cessations des cours ne font que pourrir davantage le niveau des élèves”, nous a-t-il confié. Une rentrée réussie, peut-être, mais avec quelques bémols. Comme pour le respect des mesures barrières contre la pandémie de Covid-19, qui n’est pas tout à fait au point.
Un droit d’autorisation d’ouverture
D’ailleurs aucun des établissements, publics et privés, visités à Mutsamudu tout au long de la matinée du mardi, n’a autorisé Al-watwan à prendre des photos de l’intérieur, pour la simple raison que la plupart des élèves (et même une partie du personnel) ne portaient pas de masques. Le directeur de l’enseignement primaire, interviewé en milieu de journée, n’a pas été sûr de sa réponse à ce sujet.
“Ce qui est certain, c’est qu’il y avait eu remise de matériel pour le lavage des mains dans tous les établissements scolaires de l’île. Nous n’avons pas encore fait une évaluation, mais il est impératif que les mesures barrières soient observées dans les écoles”, a expliqué Ali Moustoifa, qui estime par ailleurs qu’avec “le ratio de vingt-cinq à trente élèves par classe”, soit “deux élèves par table-banc”, la distanciation physique est bel et bien respectée puisque “chaque table-banc mesure un mètre”.
Outre l’application pas encore stricte des mesures anti-coronavirus, la rentrée serait également marquée par les affectations de nombreux enseignants, ainsi que par le malentendu encore persistant entre la coordination des écoles privées et la direction insulaire de l’enseignement privé, au sujet d’un récent arrêté ministériel. Un arrêté qui impose aux établissements d’enseignement privé de payer un droit d’autorisation d’ouverture de vingt-cinq mille francs, et de ramasser des dossiers complets des enseignants qu’ils emploient, accompagnés d’un autre droit de cinq mille francs par dossier.
“La rentrée se déroule normalement, il n’y a pas de problème particulier, seulement de nombreux enseignants ont appris par surprise leur affectation dans d’autres endroits. Ajoutés aux transferts des élèves d’un établissement à un autre, toujours en cours, cela rend les débuts un peu lents”, estime Saïd Ibrahim, professeur d’anglais dans le public, l’un des plus sollicités également dans le privé.
En effet, alors que certains enseignants pensent “subir des affectations arbitraires motivées par des vengeances politiques”, pour Ali Moustoifa, le directeur de l’enseignement primaire, il n’y a pas de problème spécifique lié à ces affectations, si ce n’est que le ministère se soucie de mettre fin au sous-emploi. “Chaque année, le ministère de l’éducation décide des affectations de façon provisoire et nous donne un mois pour une éventuelle rectification, avant que celles-ci soient communiquées à la Fonction publique.
Les années passées, des enseignants se permettaient d’envoyer des “bénévoles” occuper leurs places pendant qu’ils s’investissaient dans d’autres activités. Et comme le ministère veut résoudre le problème des bénévoles, il a été décidé que chaque enseignant puisse être employé à temps plein, pour voir quelles places restent à pourvoir”, précise-t-il.
S’agissant du bras de fer engagé par les écoles privées contre les mesures du ministère, alors que ce dernier, tout comme Houssam Mouhidine, un des responsables de l’école privée Dzialandze de Mutsamudu, croient savoir que le fameux arrêté ministériel “a été finalement suspendu, après des négociations soutenues entre le groupement des établissements privé et le ministère”, c’est un autre son de cloche qui retentit du côté de la directrice de l’enseignement privé de l’île, Hariri Attoumane. “Le ministre leur a dit que cette année les établissements envoient au ministère leurs dossiers et s’acquittent du droit d’autorisation d’ouverture.
Il a toutefois pris l’engagement de ne pas fermer des établissements cette année ; il suspend cette mesure jusqu’à l’année prochaine. Car il y a des établissements qui ne répondent pas aux critères et qui devront être fermées. La coordination des écoles privées a tout simplement mal compris”, affirme-t-elle. La situation est donc confuse à ce sujet, puisque de leur côté, les représentants des écoles privées estiment que c’est la directrice qui “a mal compris”.
Sardou Moussa, Abdou Moustoifa,
Nourina Abdoul-Djabar,
Adabi Soilihi Natidja