L’intersyndicale des agents de l’éducation a convié les médias, mardi 2 novembre, à une conférence de presse au Lycée Saïd Mohamed Cheikh de Moroni. Le mouvement syndical a axé sa conférence sur trois points essentiels : les affectations et les recrutements des enseignants, la décision des autorités d’obliger les enseignants à choisir entre le privé et le public et l’impayé du mois de mai 2017 des enseignants des Cipr de Washili et Dembeni.
«La faute des autorités»
S’agissant du premier point, le patron de l’Intersyndicale des agents de l’éducation, Moussa Mfoungouliye, estime que les autorités, en l’occurrence le ministère de l’Education nationale, ont failli. Parce que si effectivement «il y a des enseignants qui ont déjà reçu leurs affectations, d’autres sont toujours en attente alors que la rentrée est déjà effective. Pire, bon nombre d’enseignants ont tout bonnement été mis à la disposition de la Fonction publique parce que le ministère de tutelle ne sait plus quoi en faire», déclare Moussa Mfoungouliye pour qui cette «situation est lourde de conséquences pour les deux dernières catégories puisque si la Fop ne leur trouve aucune utilité, ils risquent de perdre leurs emplois».
Aucun critère pédagogique
Et si on en est là, «c’est uniquement la faute des autorités. Il y a eu des recrutements fantaisistes qui ne reposaient sur aucune logique si ce n’est la politique. Conséquence, on nous dit qu’il y a plus d’enseignants que de divisions. Aujourd’hui, nous proposons que les enseignants disposent d’horaires d’enseignement même moindre en attendant l’assainissement du fichier de la Fop lequel comporte beaucoup d’agents fictifs et de personnes décédées». Autre solution proposée par le mouvement syndical : la fermeture d’un grand nombre d’écoles privées qui ne répondent à aucun critère pédagogique et physique.
Parce que «licencier des personnes et en recruter d’autres, c’est à la fois un non-sens et ne pas résoudre le problème d’autant que ces personnes licenciées constitueront un problème sans précédent», a fait savoir Moussa Mfoungouliye qui promet qu’ils ne se laisseront pas faire.Pour ce qui est du deuxième point, le conférencier, entouré par son équipe, explique que le syndicat qu’il dirige est contre l’obligation de choisir entre le privé et le public. Pour lui, les «conditions ne sont pas réunies pour imposer une telle décision».
Il fait ainsi allusion «à l’absence d’avancement et au fait que la révision de la valeur indiciaire pourtant exigée tous les cinq ans par la loi n’a pas été réalisé depuis de nombreuses années». Pour les enseignants, «exercer dans le public et dans le privé est une question de survie». Il fera savoir que certains enseignants partis à la retraite «doivent apporter une somme souvent conséquente à la Caisse de retraite pour pouvoir bénéficier d’une pension (convenable, ndlr), ce qui est regrettable». Moussa Mfoungouliye parlera ensuite de la «nouvelle grille indiciaire qui demeure une utopie jusqu’à présent alors qu’il y a eu des avancements, il y a une dizaine d’années, avant que le président en exercice ne vienne par sa seule parole abroger une loi».
Un poids deux mesures qui a du mal à passer d’autant que «c’est nous, agents de l’éducation, qui avons milité pour sa mise en place et que nous sommes les seuls à en être les victimes puisque d’autres corps comme les médecins ont gardé cette revalorisation salariale».
Et à propos des médecins, le conférencier regrette que les autorités exigent que ce soit les seuls enseignants qui aient à choisir entre le privé et le public alors que «nos collègues de la santé n’ont pas cette restriction tout comme les agents du ministère des Finances qui enseignent dans les différents instituts de la place. La constitution est contre toute forme de discrimination et nous userons de tous nos pouvoirs pour aller à l’encontre de cette décision des autorités».Dernier point abordé lors de cette conférence, le paiement du fameux mois de mai 2017 qui a longtemps été un point de discorde entre les autorités et l’intersyndicale. Et si aujourd’hui, on croie le problème résolu, ce n’est pas totalement le cas.
En effet, tous les agents ont été payés sauf ceux des Cipr de Washili et Dembeni. Une erreur si l’on en croit le mouvement syndical, «mais une erreur qui doit être rectifié pour que nos collègues bénéficient de leur droit». Et si la question n’est pas réglée, Moussa Mfoungouliye promet qu’ils accompagneront leurs collègues concernés par cette situation pour leur trouver une solution. Cela pourrait passer par une grève «même si on n’espère pas en arriver jusque-là».