Tous les ans, un problème de capacité d’accueil se pose à l’Université des Comores. Et la rentrée académique de cette année n’échappera pas à la règle bien au contraire. En effet, il n’est un secret pour personne qu’à cause du Coronavirus, plusieurs pays rechignent à ouvrir leurs universités. Cette réticence d’importer le virus via les étudiants étrangers oblige par conséquent les milliers de bacheliers comoriens à se tourner vers l’Udc. Mais jusqu’à présent, il y a une question qui revient sur toutes les lèvres. Comment l’Université connue pour ses manques d’infrastructures va-t-elle gérer ces nouveaux flux en ce temps de Covid ?
Selon les données du ministère de l’Éducation nationale, il y aurait sur la plan national 6410 bacheliers. D’ailleurs, depuis l’ouverture des préinscriptions jusqu’à aujourd’hui, on a enregistré plus de 5000 inscriptions, tous de nouveaux bacheliers. Un chiffre qui annonce déjà la couleur de la rentrée du mois de novembre prochain. D’après les estimations, les effectifs des licences 1, même pour les départements caractérisés par des effectifs moins nombreux risquent d’exploser.
Plus de 700 étudiants
Ce constat alarmant, le directeur de l’enseignement supérieur, Ali Mohamed Ali ne le conteste pas et admet que le pays a le devoir de former ses enfants. “La Covid-19 va fortement impacter la rentrée universitaire, nous en avons conscience. Prenons le cas de nos pays amis comme le Maroc qui avait accepté de nous octroyer 330 bourses dont une centaine pour la formation professionnelle. Jusqu’à présent, les chances de voir nos bacheliers partir sont minces. Car sur place, il y a même des universités qui n’ont pas achevé leurs examens à cause de la maladie. On est dans le devoir de trouver une solution pour accueillir nos bacheliers. Des pistes ont déjà été tracées”, a-t-il fait savoir. Pour rappel, le nombre d’étudiants de la licence 1 ne cesse de grimper au fil des ans.
Dans la plupart des départements, l’effectif moyen tourne autour des 400 étudiants. En 2019, la licence 1 d’Aes, comptait à elle seule pas moins de 700 étudiants. Ceux de la géographie avaient atteint la barre des 300.
Départager les étudiants
Tout ce beau monde se trouve obligé de s’entasser dans des salles non équipées et exsangues. “L’année dernière, nous avions 700 étudiants rien que pour la première année de droit. Le plus souvent, les étudiants se débarrassent des tables banc pour pouvoir s’asseoir. Ce chiffre sera dépassé d’après les données disponibles au sein de la scolarité. Comment enseigner dans ces conditions avec des salles ne disposant même pas d’un micro”, s’interroge le chef du département de droit, Abdoussalam Mohamed qui appelle les autorités à agir en conséquence. Certains proposent même la réquisition des foyers de la capitale pour affecter les étudiants de la 1ère année.
Aujourd’hui, il ne fait plus aucun doute que la tâche sera compliquée pour les responsables de l’Université des Comores qui doivent faire face à un double défi : accueillir plus de 90% des bacheliers et faire respecter les règles sanitaires.
Pour l’instant, le ministère de l’Enseignement supérieur semble avoir trouvé une solution pour le premier problème. “Il y a une salle de 900 places en construction à N’vuni mais elle ne pourra pas être au rendez-vous du moins pour la rentrée prochaine. L’option qui est sur la table en ce moment est la séparation des étudiants de la première année en deux groupes. Maintenant, il revient au ministère de réfléchir à une éventuelle augmentation de budget pour payer les enseignants qui verront leurs heures se multiplier. L’administration de l’Udc soumettra ses propositions”, a dévoilé le directeur de l’enseignement supérieur que nous avons interrogé hier.
Sera-t-il possible d’imposer le respect des mesures barrières dans ces circonstances ? Notre interlocuteur n’en est pas sûr est moins convaincu au vu de la situation.
Pour les cours de la licence 2, par contre, ils seraient dispensés à distance. Encore faut-il que les conditions matérielles et techniques suivent.
