Le ministère de l’Education nationale en partenariat avec l’Agence française de développement (Afd), a lancé, samedi 10 mai, dans l’après-midi, les travaux de réhabilitation du lycée Said Mohamed Cheikh. Il s’agit également, à en croire les promoteurs de ce projet, de travaux de construction et de fourniture d’équipements mobiliers, lesquels vont aider à moderniser ce patrimoine commun qu’est le lycée emblématique de Moroni. Cette initiative marque un grand tournant de ce lycée historique construit aux années 50, et qui a formé les premiers cadres du pays.
La cérémonie organisée à l’occasion a vu la présence de plusieurs personnalités, notamment le secrétaire général du gouvernement, Nour El-Fath Azali, le ministre de l’Education nationale, Bacar Mvoulana, le gouverneur de Ngazidja, Ibrahim Mohamed Mze, l’ambassadeur de France aux Comores, Sylvain Riquier, mais également plusieurs représentants de différentes institutions ainsi que des enseignants et élèves de ce principal lycée du pays.
Le berceau de l’élite comorienne
Dans son discours, le ministre de l’Education nationale s’est dit «profondément ému» de voir ce chantier se concrétiser. «C’est un jour historique pour notre système éducatif. Le lycée Said Mohamed Cheikh est plus qu’un bâtiment ? C’est le berceau de l’élite comorienne, un symbole d’unité et d’excellence», a-t-il rappelé.Bacar Mvoulana a tenu à remercier le président Azali Assoumani pour son engagement en faveur de l’éducation. «Je tiens à exprimer toute ma gratitude au chef de l’Etat pour son engagement constant en faveur de l’éducation. C’est sous son impulsion qu’a été organisée la conférence des partenaires au développement des Comores (Cpad) à Paris, grâce à laquelle le secteur éducatif a bénéficié d’une enveloppe de 56 millions d’euros, orientée notamment vers l’enseignement technique, la formation professionnelle et l’enseignement générale», a-t-il expliqué.
Le ministre remerciera, en outre, l’ambassadeur de France pour «son soutien actif» et celui de de son pays qui a permis de concrétiser cette coopération stratégique, dans le cadre du plan de développement France-Comores (Pdfc).
Il fera ainsi savoir que les projets structurants tels que le programme «Bundo la Malezi» traduisent «l’ambition du gouvernement d’améliorer l’éducation dans un environnement sain». Il appelle alors tous les cadres comoriens, passés directement ou indirectement dans ce lycée, à unir leurs forces afin d’accompagner le plan de rénovation de ce patrimoine national aux côtés du gouvernement comorien et des partenaires de l’éducation. Il a appelé aussi les anciens élèves et cadres de la nation à s’unir pour préserver et valoriser «ce symbole fort de la République».
La finalisation de ce chef-d’œuvre
«Depuis les années 50, ce site a abrité d’abord le corps régional pour devenir ensuite le collège complémentaire en 1954. Ce collège qui a assuré les niveaux Cm2 et troisième deviendra le lycée des Comores entre 1964 et 1966 avant de devenir le lycée Said Mohamed Cheikh. Ce lycée a accueilli sur ces bancs une grande partie de l’élite comorienne. Cadres, hauts fonctionnaires, scientifiques, littéraires et dirigeants de notre nation, parmi eux le président Azali Assoumani, la première dame Ambari Daroueche et moi-même en tant que ministre de l’Education nationale», a-t-il rappelé.
De son côté, le secrétaire général du gouvernement a souligné la portée nationale de ce projet. «Ce lycée n’est pas un bâtiment ordinaire. Il est le lieu de naissance de l’élite comorienne, un symbole de dignité de notre nation», a-t-il lancé avant de rappeler que depuis son inauguration dans les années 50 par feu Said Mohamed Cheikh, il a accueilli plusieurs générations de jeunes, venus des quatre îles de l’archipel, unis par la même soif de savoir, l’espérance d’un avenir meilleur et la création d’une nation construite sur la base de ce savoir.
«Ici, se sont côtoyés des enfants de Ndzuani, Mwali, Maore et Ngazidja, ils ont partagé les mêmes bancs et les mêmes rêves, habité les murs de l’internat qui était ici, tissé des amitiés qui ont traversé le temps et les épreuves d’une indépendance naissante. Le lycée Said Mohamed Cheikh est un patrimoine vivant, témoin de notre histoire partagée, un creuset de l’unité nationale. Si le temps a évidemment terni les murs de ce bâtiment emblématique, il n’a pas réussi à ternir les mémoires de ces hommes et femmes qui ont été éduqués et forgés dans cet établissement», a précisé Azali Nour El Fath, impatient de voir la finalisation de ce chef d’œuvre. Comme le ministre de l’Education, le secrétaire général du gouvernement a tenu à préciser que cette réhabilitation s’inscrit parfaitement dans la vision du président Azali «pour une refondation du pays, une vision qui place l’éducation au cœur de l’émergence des Comores».
L’ambassadeur Sylvain Riquier a rappelé, pour sa part, l’importance du partenariat franco-comorien. «C’est dans une relation mutuellement respectueuse que nous pouvons tracer un avenir commun. Le soutien à l’éducation traduit notre volonté de bâtir un monde plus juste et résilient », a-t-il déclaré avant d’ajouter que cela contribuera également à mettre en œuvre la politique de la France en matière d’investissement durable et de solidarité à l’international. «Ce chantier ambitieux marque une nouvelle étape vers une éducation de qualité aux Comores», s’est réjoui le diplomate français.
1,18 milliards de francs
Ce projet estimé à plus de 2,4 millions d’euros, soit environ 1,18 milliard de francs, s’inscrit dans le cadre du programme de gouvernance et de performance de l’éducation (Pgepe) qui comprend trois volets principaux, à savoir le projet qui vise à renforcer la gestion du système éducatif et la qualité des apprentissages, le projet d’amélioration de l’environnement scolaire (Paes) qui cible la réhabilitation des établissements scolaires ainsi que le projet qui vise à promouvoir l’éducation physique et sportif (Peps).Les travaux engagés seront réalisés par l’entreprise malgache, Tan 2000, sous la supervision du groupement Quadra-Iama-Egis Mada.
Il est prévu la réhabilitation totale des 50 salles de classes, avec une mise aux normes de 6 nouveaux laboratoires scientifiques, d’une bibliothèque avec une salle de stockage, une salle informatique, 12 salles annexes telle que l’infirmerie, de nouveaux magasins, des salles d’archives et d’entretien, des vestiaires ainsi qu’une buvette.Ces travaux engagent également la reconstruction du bâtiment administratif communément appelé Centre de documentation scientifique (Cds), de nouveaux blocs de latrines ainsi que l’aménagement extérieur de l’établissement avec un local pour les vigils, une citerne, une cour, une allée, une rampe en béton, un muret de soutènement, une clôture, un caniveau, un plateau sportif et un espace végétalisé.