Selon les autorités, la grève a débuté depuis le 17 mai. Mais pour les étudiants d’agronomie de l’Université des Comores, le mouvement de contestation a bel et bien commencé bien avant cette date. En tout cas, cela fait presque plus de trois semaines que le Centre national horticole (Cnh) est paralysé. La raison de la colère des étudiants serait l’absence de meilleures conditions de travail.
«Notre centre est censé former des ingénieurs agricoles. Comment allons-nous devenir des spécialistes alors que les matières de base ne sont pas enseignées. Ils oublient que si nous voulions apprendre le français et des langues vivantes, nous serions allés nous inscrire dans les autres facultés de l’Université», déplore le chef de la coopérative des étudiants, Charif Said Hassane.
Ce dernier a énuméré d’autres doléances qui sont à l’origine de la grève. Il a évoqué, par exemple, l’absence de travaux pratiques faute d’équipements et de matériels. «Devenir des ingénieurs sans pour autant être capables de préparer ne serait-ce que des semences. C’est incompréhensible, non. La personne qui découvrait cela ne se moquerait pas de nous», s’interroge l’étudiant. En dehors de ces problèmes purement pédagogiques, les étudiants déplorent en plus et surtout le fait que jusqu’à maintenant, ils ne disposent pas de cartes scolaires.
Alors qu’ils ont payé les droits. Quant aux étudiants de la licence 2, ils ne disposeraient pas de relevés de notes de l’année précédente. «Pendant l’examen, les épreuves de certaines matières étaient écrites au tableau. Faute d’impression. Nous avons interpellé le ministère de l’Éducation à plusieurs reprises sur ces problèmes, en vain. D’où le déclenchement de la grève», a conclu le chef de la coopérative.
Aucun budget
Sans chercher à renier ces problèmes structurels du Cnh, le directeur de l’enseignement technique et la formation professionnelle a précisé que les difficultés soulevées ne datent pas d’hier. «Au départ, le centre dispensait quelques formations sur le jardinage. Les autres filières sont venues s’ajouter au fil du temps sans que le Cnh ne bénéficie de budget de fonctionnement. Encore moins d’un financement. Avec 4 millions par an, comment peuvent-ils travailler», a souligné le directeur Mohamed Toihir.
Ce manque de fonds, à en croire le directeur de l’enseignement technique, ne facilite pas le recrutement des professionnels.
Il faut noter que des centres techniques comme l’Ecole nationale de formation professionnelle de Ndzuani bénéfice d’une ligne budgétaire de plus de 100 millions de francs. «Nous sommes conscients que pour donner vie au CNH, il faut un budget. A ce propos, le concours du ministère des Finances est nécessaire pour trouver une solution pérenne au problème. L’année dernière, les discussions avaient évolué mais le projet n’a pas été acté», regrette Mohamed Toihir.
A propos de la crise, ce dernier a annoncé l’ouverture de négociations. Il a même parlé de déblocage de la situation qui se traduirait par une reprise des cours au plus tard lundi prochain. Interrogé, le chef de la coopérative des étudiants ne semble pas donner de crédit à ce dialogue. «Ils seraient venus rencontrer l’administration mais pas nous, les étudiants. Jusqu’à maintenant, notre mot d’ordre reste d’actualité et exigeons le départ du directeur», a martelé Charif Saïd Hassane.