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Université des Comores : Encore une grève aux multiples enjeux

Université des Comores : Encore une grève aux multiples enjeux

Éducation | -   Abdou Moustoifa

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L’Université des Comores est, depuis samedi, rentrée dans une grève illimitée. Comme ils l’avaient annoncé lundi dernier, après une assemblée générale consacrée au report «brusque» de l’élection du président de l’institution, les enseignants, par la voix de leur principal mouvement syndical, viennent de mettre à exécution leur menace. La seule revendication en toile de fond, n’est rien d’autre que l’organisation, dans les plus brefs délais, du second tour du président de l’Université devant opposer Achmet Saïd et Ouledi Ahmed.

 

«Nous avions lancé un préavis de grève de  72 heures depuis mardi en respect des droits syndicaux. Le temps de voir si les autorités allaient nous faire sortir un calendrier. Nous voulions par la même occasion permettre en même temps aux étudiants de passer la deuxième session. Malheureusement et malgré nos espérances, le gouvernement brille par le silence. Toujours pas de date.  Comme convenu, nous déclenchons notre grève avec toutes les conséquences que cela peut engendrer», a  déclaré le secrétaire général du Sneuc, Hassane Yousouf, en guise d’introduction lors d’une conférence de presse organisée samedi 30 juin. «Etant des personnes privilégiant le dialogue comme moyen de désamorcer n’importe quelle crise, il était important de faire preuve de patience, mais force est de constater qu’il y a, par là, une volonté manifeste de bloquer le processus», déplore-t-il.

Les propos du ministre de l’Education

Si le syndicat est allé jusqu’à affirmer, une intention de «boycott» de la part des autorités, il a ses raisons. La première qui a renforcé l’inquiétude des enseignants est la réponse donnée à la délégation d’enseignants reçue par le ministre de l’Education, Salime Mohamed Abderemane, le mercredi, 27 juin, soit deux jours après leur assemblée générale. Remplis d’espoir en apprenant qu’ils allaient rencontrer le patron de l’Education, lui qui avait reporté «unilatéralement» l’élection, les enseignants, restaient optimistes.

«Le fait que nous allions nous entretenir avec le ministre quelques heures après le conseil des ministres, était un bon signe. Mais entendre de la bouche de notre hôte,  que nous avions le droit de réclamer des salaires, des bancs, des craies mais pas une élection du président de l’Université, et que cela nous ne concernait pas, selon lui. C’était vraiment écœurant.», a dénoncé le conférencier. Stupéfait lui aussi, de la déclaration du ministre, le trésorier du Sneuc, Gaffour n’a pas mâché ses mots.

Autonomie de l’Udc

«Donc on veut nous faire comprendre que Damir Ben Ali, Said Omar,  Moussa Said, Rachad et moi ainsi que d’autres enseignants, fondateurs de l’Université  ne sont  pas concernés par l’élection du président de l’Udc, alors que ce fut notre combat depuis 2003, à savoir garantir une autonomie de l’institution», s’interroge-t-il. Le secrétaire général adjoint du Sneuc, Moumine Mohamed, parle de provocations.  Selon ce dernier, la période  des commissions qui géraient l’institution est révolue.

«Nous avons des statuts, votés à l’Assemblée nationale. Nous ne tolérerons pas une quelconque violation de ces textes.  Que celui qui veut se faire élire vienne participer aux élections», a t-il martelé. Pour les trois conférenciers, il  est clair que certaines personnes veulent anéantir et ruiner l’autonomie de l’université. Ces derniers promettent de ne pas se laisser faire  et de défendre le respect des textes en vigueur.  Pour étayer ses arguments, Hassane Youssouf se demande comment le gouvernement a pu démarrer la conception d’autres textes destinés à la gestion de l’université sans implication de l’administration, ni du syndicat encore moins des enseignants. «Sinon qu’on nous dise si l’université ne compte  pas des juristes capables d’y prendre part» lâchera Gaffour.



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