La rentrée universitaire de septembre 2003 aura posé les bases de ce voyage qui aura vu des milliers de Comoriens et quelques étrangers s’asseoir sur les bancs de l’unique université du pays. Dr Ibouroi Ali Tabibou, actuel président de l’Université des Comores, déclare : « Il est temps de faire le bilan des succès accomplis, des difficultés actuelles et des défis à relever, tout en explorant les perspectives prometteuses qui conduiront l’université vers l’émergence. Au cours de cette année, nous allons retenir les cas de bonnes pratiques, les majors de nos étudiants, montrer où sont nos sortants, ce qu’ils deviennent… ».

Au cours des 20 dernières années, l’Udc a diplômé 36 423 personnes sur les 57 387 étudiants qui s’y sont inscrits. Certains sont partis poursuivre leurs études à l’étranger et y rester, d’autres sont revenus rejoindre ceux qui se sont arrêtés à la licence, qui a longtemps été le plafond en termes de diplôme dans plusieurs filières. «Nos sortants font partie de l’élite nationale. Nos diplômes sont reconnus partout dans le monde et certains de nos anciens étudiants finissent majors de leurs promotions respectives. Les succès académiques des étudiants de l’Udc témoignent de la qualité de l’enseignement dispensé », s’en réjouit le patron de l’Udc.

Adapter la formation

De même, «la possibilité offerte aux Comoriens d’étudier sur place est un grand pas pour le pays ». Aujourd’hui, les responsables de l’institution disent s’engager dans une démarche d’amélioration continue en renouvelant des partenariats avec d’autres institutions universitaires. «Des évaluations, effectuées par des pairs du monde académique, nous réconfortent dans notre volonté», affirme-t-il. Et c’est dans ce sens que «la création d’une école doctorale représente un défi majeur, mais réalisable, pour renforcer la recherche». «Des améliorations des infrastructures, telles que le transport et les cantines, sont également nécessaires pour offrir un environnement propice à l’épanouissement des étudiants», poursuit-il.

Présentement, l’Udc veut adapter les programmes de formation aux besoins du marché du travail. «Nous aspirons, sur la base d’un atelier tenu en 2021 en présence du chef de l’État, à devenir un acteur de la cohésion sociale en spécialisant des sites universitaires et en capitalisant ainsi sur les atouts spécifiques de chaque région. Cette approche favorisera une meilleure répartition des ressources et renforcera les liens entre l’université et la société », assure Dr Ibouroi Ali Tabibou. Dans sa logique, l’Udc a mis en place un fonds de solidarité pour les projets innovants, bénéficiant du soutien du Service de coopération et d’action culturelle (Scac) de l’ambassade de France à Moroni. La création d’une faculté de médecine serait également en cours d’étude, avec l’appui de l’Organisation mondiale de la santé et d’autres partenaires et pays amis. «Ces initiatives visent à répondre aux orientations du chef de l’État pour le développement du pays et l’émergence à l’horizon 2030», selon lui.

De nombreux défis

Cependant, malgré les réalisations et les avancées de l’Université des Comores au cours de ces 20 dernières années, il est important de souligner les nombreux défis et difficultés auxquels elle est confrontée. L’Udc doit aujourd’hui répondre aux besoins du pays en créant des formations professionnalisantes en phase avec le marché de l’emploi. Elle doit aussi résoudre le problème du manque d’infrastructures adéquates, et lutter également contre les comportements indignes de certains enseignants. L’adoption d’un nouveau texte n’a pas tout arrangé, et le Syndicat national des enseignants de l’Université des Comores prône également le renforcement des ressources humaines. Dans le cadre de ces vingt ans, Al-watwan publiera un dossier spécial Université des Comores.

Quelques chiffres de l’Université des Comores

57 387 étudiants depuis 2003 dont 12 680 actuellement
36 423 diplômés
306 enseignants actuellement dont près d’une centaine ayant le titre de doctorat
l38 diplômes sont préparés au 1er cycle dont 6 Dut et 09 licences professionnelles
10 masters dont 5 professionnels sont disponibles pour le second cycle.
Près d’une dizaine de sites universitaires