La grève illimitée que traverse l’Université des Comores est entrée dans sa deuxième semaine depuis hier, jeudi. L’occasion pour les grévistes de faire le point sur l’évolution du mouvement déclenché pour protester contre les difficultés de paiement qui frappent l’institution, laquelle compte deux mois d’impayés. Dans une conférence conjointe tenue ce 4 juillet à l’école de Santé, les syndicats des enseignants et du personnel administratif ont salué la solidarité observée par l’ensemble des sites universitaire du pays. «Au niveau des trois îles, tout le monde a suivi le mot d’ordre. Nous tenons à remercier tous les agents», a déclaré le secrétaire général du syndicat des enseignants de l’Université des Comores (Sneuc), Abdou Said Mouignidaho.
Les syndicalistes regrettent toutefois l’inaction des acteurs concernés par cette crise, notamment le ministère de l’Éducation nationale. Pour cette raison, les enseignants et le personnel administratif ont prévenu que sans la satisfaction de leurs deux doléances, aucune rentrée n’est envisageable. Celle-ci ayant lieu habituellement en septembre, donc d’ici trois mois au plus tard.
Le point d’achoppement qui revient est l’absence d’organes légaux au sein de l’institution. «Nous nous sommes battus pendant six ans pour obtenir cette loi, considérée tout le temps comme le principal obstacle de la tenue d’une élection. Elle a été promulguée depuis décembre. Les statuts sont signés par le président de la République. Pourquoi tout est au point mort. Ils veulent qu’on livre encore une seconde bataille pour une application des textes. Quand même !», a pesté Abdou Said Mouignidaho. Les conférenciers ont été unanimes : sans les conseils d’administration et scientifiques, il n’y aura pas de rentrée.
Pour rappel, cela fait 6 ans que l’Université des Comores fonctionne sans budget, tâche qui devait revenir aux membres du conseil d’administration. Le plus étonnant selon les deux syndicats, est qu’il existe une feuille de route tracée par le ministère de l’Éducation afin de mettre en place toutes les institutions de l’Udc.
Examens non délibérés
Ladite note prévoit en effet des dates pour la normalisation de la gouvernance de l’Université. Depuis le 10 mai, un appel à candidatures devait être lancé pour le recrutement du recteur. Hier jeudi, aurait dû être le jour de la prise de fonction officielle de ce dernier. Les grévistes dénoncent donc une volonté de vouloir éterniser cette période transitoire, ouverte après la démission de Said Bourhane en 2018.
Pendant la conférence de presse de ce jeudi, les employés ont appelé le nouveau ministre de l’Éducation, ainsi que les autres membres nouvellement nommés au sein du gouvernement, à se pencher sur cette grève. Notons qu’à cause de ce mouvement, l’année académique en cours n’est toujours pas achevée. De nombreux départements attendent le dénouement de la crise pour délibérer les examens de fin d’année. Une fois cette étape franchie, les partiels de la deuxième session s’en suivront. Sans oublier les soutenances dans les écoles comme l’Institut universitaire des technologies (Iut).