Le bruit courait depuis des semaines. Mais, c’est désormais officiel puisque l’intéressé a confirmé lui-même l’information. Ali Abdoulhamid, ex doyen de la faculté des Lettres et des Sciences humaines, a rendu son tablier le mois dernier. Les raisons qui l’ont poussé à renoncer après plus de 5 ans sont nombreuses. Parmi elles, figure «la situation administrative de l’institution».Depuis la démission de Said Bourhane en 2018, l’Université n’a pas de président élu démocratiquement. C’est le chef de l’État qui nomme des responsables. «Tous les acteurs de l’Université des Comores constatent que tout se dégrade.
Il y a des choses que je ne peux cautionner», a indiqué, dans un premier temps, l’ancien responsable de la Flsh. Il poursuivra que «cela fait 4 ans l’institution fonctionne sans textes. Les autorités disent qu’ils sont caducs et doivent être révisés. Or, jusqu’à maintenant aucun texte n’a été voté. Vous imaginez que cela fait trois ans que le conseil d’administration, organe suprême de l’Université, n’a pas siégé». La première conséquence de ce vide institutionnel, «l’Udc travaille sans budget depuis maintenant trois ans», dénonce Ali Abdoulhamid. Mais pour cet enseignant du département des lettres modernes françaises (Lmf), «ces problèmes de dysfonctionnement arrangent un groupe de personnes qui a la main mise sur l’institution».
Main mise
«Le problème des textes est secondaire. On pouvait se servir de ceux qui existent. Seulement, ces individus qui se croient tous puissants profitent de cette désorganisation pour faire ce qu’ils veulent. Pour moi, c’est inadmissible. À cause de tous ces facteurs, j’ai démissionné car en tant que responsable de la faculté des lettres et des sciences humaines, j’avais dû mal à exercer mes fonctions», s’est expliqué, l’ex doyen élu depuis 2016, dans un entretien exclusif accordé à Al-watwan, hier.
Non seulement ces personnes vont «au-delà de leurs compétences mais elles commettent des actes non prévus dans les règlements», selon ses termes. «Il est inconcevable qu’on impose aujourd’hui aux composantes l’admission d’étudiants recalés ou qui n’ont même pas pris part à ces examens, lesquels sont censés être très sélectifs. Je fais allusion aux concours de l’Iut et à l’Ecole de santé», déplore Ali Abdoulhamid.Pas plus tard qu’en 2020, le chef du département de statistiques, Abdillah Said Amana avait démissionné à cause de «ces ingérences». Pire, ces dernières années, alerte l’ancien doyen, «ces pratiques ont pris des proportions énormes».
Des dettes non payées
L’on se demande pourquoi avoir si attendu pour se retirer alors qu’il affirme que cette situation dure depuis trois ans. A ce propos, Ali Abdoulhamid a livré ses explications . « On a toujours pensé que les choses allaient s’améliorer et que les nouveaux textes arriveraient enfin hélas». En plus de l’absence de textes, se posent également le manque de moyens de fonctionnement. A en croire l’ancien doyen même pendant les examens, les composantes les organisaient difficilement. « On n’est même pas capables de multiplier les copies des examens. On le fait ailleurs. Dans ma faculté, nous avons jusqu’à maintenant des dettes contractées auprès d’un fournisseurs.
Personne ne sait quand la facture sera réglée. Idem pour la surveillance nous n’étions pas en mesure de recruter des surveillants suffisants sachant que le nombre d’étudiants ne cesse d’augmenter. Ces difficultés, toutes les composantes les rencontrent», assure notre interlocuteur. Des témoignages corroborés par d’autres chefs de sites que nous avons interrogés.La plupart d’entre eux déplorent cette centralisation. « Les composantes n’ont plus de budget. Tout est décidé par l’administration centrale», a conclu, Ali Abdoulhamid dont la démission a pris effet depuis le 31 juillet dernier.