Les examens du second semestre ont commencé, depuis le 22 mai, à l’Université des Comores. C’est la faculté de droit et sciences économiques qui a ouvert le bal. Les autres départements, eux, ont pris le relai depuis hier jeudi. Mais voilà qu’une inquiétude, et pas des moindres, pointe déjà le nez : les enseignants pourraient ne pas corriger les examens en cours.
La nouvelle est tombée le mardi 30 mai, lors d’un point de presse organisé par le syndicat du personnel et celui des enseignants de l’Udc. Les conférenciers ont menacé également de ne pas organiser les examens de la deuxième session si leurs doléances ne sont pas prises en compte d’ici le 10 juin.Les enseignants ne réclament qu’une seule chose : le dépôt à l’Assemblée pour examen de la version amendée de la loi sur l’enseignement supérieur, adopté au mois de décembre 2022. Selon le syndicat national des enseignants de l’Université des Comores (Sneuc), ce texte reste incomplet.
«Il n’y a plus d’autonomie avec cette nouvelle loi. L’université a été réduite à un lycée, ou disons un collège qui sera administré par le ministère de l’Éducation. Même les affectations. Rien ne se fera plus comme avant. Par exemple, les recrutements des enseignants qui, autrefois, faisaient l’objet d’un appel à candidature, ne seront pas gérés par le conseil scientifique. Ce qui ouvrira la voie à des copinages», a dénoncé le secrétaire général du Sneuc, Abdou Saïd Mouignidaho.
Trop de patience
Il a aussi regretté l’absence de précisions sur les critères que les chefs des composantes devront remplir. « Après 6 ans de préparation, on nous pond une loi qui ne tient pas en compte l’avenir de l’institution en matière de développement. Que vont devenir ceux qui enseignaient pendant toute cette période transitoire», s’est-il demandé.
Pourtant, avant l’envoi du texte au Parlement, le ministère avait invité les enseignants aux travaux d’élaboration. Sauf que «leurs propositions n’ont jamais été intégrées», déplore le mouvement syndical. Depuis la démission en janvier 2018 du président Saïd Bourhane, l’Université des Comores n’a pas de président démocratiquement élu. Le processus électoral engagé pour l’élection de son successeur a été suspendu d’abord par le ministre de l’Éducation de l’époque, Salim Aberemane, avant d’être annulé définitivement par le chef de l’Etat. Ce dernier nommera, en 2020, un administrateur provisoire en la personne d’Ibouroi Ali Tabibou, mais la durée de son mandat n’a pas été determiné. Ce vide juridique touche également les composantes dont les doyens qui devaient normalement être remplacés depuis 2019, à l’issue toujours d’élections. Certains, lassés par ce laisser-aller, ont démissionné pendant que d’autres sont partis à la retraite.
Durant ces six dernières années, le gouvernement évoquait la nécessité d’adapter l’ancienne loi sur l’enseignement supérieur avec la nouvelle Constitution. Toutefois, le nouveau texte adopté est loin de faire l’unanimité, notamment du côté des enseignants. Ceux-ci ont soumis une série d’amendements qui ne sont toujours pas déposés à l’Assemblée.
Voilà pourquoi, les enseignants, soutenus par le personnel, ont haussé le ton. « La patience a ses limites. Nous avons trop encaissé. Malheureusement certaines personnes du ministère de l’Éducation pensent que l’Université des Comores appartient à un régime et non à l’Etat », a renchéri le secrétaire général adjoint du Sneuc, Mohamed Hadji Mohamed Mbama.Les autorités vont-elles accéder à la requête des enseignants ou pas ? Si la situation restait en l’état, quelle sera la réponse du Sneuc ? Le compte à rebours est donc lancé. Tic-tac.