Dans notre édition du mardi 24 mai dernier, nous vous annoncions que la grève enclenchée par les dix-huit enseignants docteurs contractuels du site de Patsy était suspendue et la reprise des négociations attendait le retour au pays de l’administrateur de l’Université des Comores, Ibouroi Ali Toibibou. Revenu comme prévu le samedi 28 mai dernier, son retour n’a, pour le moment, pas eu les effets escomptés puisque les positions restent figées et les grévistes n’écartent pas l’idée de reprendre le flambeau de la grève en plus d’autres actions.
Après la grève de la faim
Abderemane Soilihi Djaé, juriste et docteur en sociologie du genre et membre du mouvement des grévistes, a fait savoir que l’administrateur de l’Université a envoyé un émissaire, le secrétaire général de l’institution, en vue de discuter avec les acteurs concernés.Seulement, «il est venu proférer des menaces et mentir», selon l’enseignant qui affirme aussi que les informations à «notre disposition nous désolent, car on nous a dit que si nous ne prenons pas part aux examens, d’autres viendront les faire à notre place. Il en est de même pour les soutenances auxquelles nous refusons de participer. Cela veut dire qu’à l’Udc, on peut évaluer des étudiants sans les avoir enseignés. Le secrétaire général de l’Udc n’est pas venu mener des discussions pour trouver une solution, mais est venu plutôt nous menacer». Par conséquent, «si les choses restent en l’état ou empirent, nous irons vers une grève», assure Abderemane Soilihi Djaé qui dit ne pas comprendre «pourquoi les autorités parlent de déterminer si le besoin existe alors que nous enseignons depuis des années. Si le besoin n’existait pas, on ne serait pas là depuis toutes ces années. Nous ne demandons qu’à être régularisé, à être payé durant les vacances et à cotiser à la caisse de retraite».
Le directeur de cabinet du gouverneur de Ndzuani, Mohamed Saïd Moussa, joint au téléphone, a expliqué que lors de la réunion avec le chef du site de Patsy et le secrétaire général de l’Udc, toutes les parties se sont convenues que des efforts doivent être fournis pour que la situation s’améliore, mais «un travail doit être effectué et ce dans les meilleurs délais pour sortir de cette crise surtout que l’université, à travers son secrétaire général reconnait que les revendications des enseignants docteurs contractuels sont légitimes». De leur côté, les grévistes envisagent, après la grève de la faim, «d’écrire à toutes les représentations diplomatiques présentes dans le pays pour leur expliquer notre situation en attendant de mener d’autres actions», déclare Abderemane Soilihi Djaé avant d’ajouter qu’ils souhaitent «rencontrer le chef de l’Etat, mais nous n’y sommes pas parvenu jusqu’à maintenant. Et à maintes reprises nous avons demandé une confrontation avec l’administrateur de l’Université, en vain.
L’université est censée être nationale, mais il y a un deux poids deux mesures quant au traitement qui nous est réservé».De son côté, Dr Ibouroi Ali Toibibou a rencontré le Syndicat national des enseignants de l’Université des Comores et, selon le secrétaire général dudit syndicat, Abdou Saïd Mouignidaho, l’intéressé campe sur sa position. Néanmoins, le patron du Sneuc a tenu à faire savoir qu’ils ne soutiennent pas directement le mouvement de Patsy, «mais plutôt tous les agents dudit site, quel que soit leurs statuts, pour qu’ils soient régularisés à condition qu’ils aient déjà eu deux contrats».
«Aucune suite»
A l’en croire, l’administrateur de l’Udc, Ibouroi Ali Toibibou leur a promis de rencontrer tous les acteurs concernés pour trouver une solution. Seulement, il «nous a dit que sans conseil scientifique, il lui est impossible de recruter des enseignants-chercheurs. L’idéal selon lui est d’attendre que les nouveaux textes soient adoptés. Nous pensons qu’on peut toujours recruter sur la base des anciens textes en attendant que l’assemblée nationale adopte les nouveaux et nous travaillons pour qu’ils soient adoptés avant la fin de cette session sinon cela fera six ans que l’Université navigue à vue et c’est regrettable pour une telle institution».Pour Abderemane Soilihi Djaé, «il est facile de dire que le mandat du conseil scientifique est arrivé à terme alors que le mandat même d’Ibouroi Ali Toibibou est arrivé lui aussi à terme et pourtant il est toujours là».Al-watwan a réussi à joindre Ibouroi Ali Toibibou qui nous a promis de nous rappeler «le temps qu’il se renseigne» et depuis il n’a pas donné suite à nos multiples tentatives de lui parler. Même situation pour le ministre de l’Education nationale, Takiddine Youssouf.