Les 561 étudiants comoriens qui attendent, depuis un mois, des visas pour se rendre au Maroc ont, à nouveau, bloqué l’entrée du ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale hier. Ils réclamaient la restitution de leurs passeports avec les frais de dossiers. Le Maeci se dit surpris de la réaction des étudiants dans la mesure où le traitement des dossiers est toujours en cours. Le directeur de l’enseignement supérieur sera dépêché sur place pour suivre de près la situation. Les étudiants comoriens inscrits dans les établissements privés au Maroc oseront demander formellement la restitution de leurs dossiers ? C’est désormais la question que l’on se pose. Après avoir organisé un sit-in qui était à deux doigts de dégénérer, ils ont pu rencontrer le ministre de l’Intérieur et le directeur de cabinet chargé de la défense hier, jeudi en fin d’après-midi. Le matin, ils avaient bloqué l’accès du ministère des Affaire étrangères et de la coopération internationale (Maeci). «Plus de prochain délai. Veuillez rembourser notre argent et rendre nos passeports», tels sont les slogans écrits sur la banderole des manifestants.
Celle-ci était suspendue au portail du ministère. Il a fallu l’intervention de la police nationale, appuyée par la gendarmerie, pour libérer le passage. Quelques accrochages avaient même éclaté avant que des représentants de ce collectif d’étudiants, qui veulent poursuivre des études au Royaume chérifien, puissent être reçus. Cela fait un mois depuis que les réponses se font toujours attendre. C’est d’ailleurs pour cette raison que les étudiants s’étaient réunis devant le conseil de l’île de Ngazidja ce jeudi. Ils ont finalement été reçus par le secrétaire générale du ministère des Affaires étrangères, Ali Mohamed Soilih. A en croire ce dernier, les procédures n’ont connu aucune interruption. «Le 5 novembre j’ai écrit à notre ambassadeur, El-Badaoui Mohamed Fakih, pour lui rappeler les points qu’ils avaient discuté lors de son séjour de Moroni concernant les étudiants. Cette lettre tournait autour de trois choses : la récupération par nos services des dossiers transmis par DHL de nos étudiants, l’envoi de la liste globale réaménagée par établissement et la prise de contact avec l’ambassade du Maroc à Dar-es-Salam», a-t-il expliqué. «Nous avons accepté d’accompagner le ministère de l’Education car cela fait partie de nos missions. Toutes les institutions viennent solliciter notre assistance. Sans oublier que tous les étudiants comoriens ont les mêmes droits. L’Etat a une responsabilité là-dessus. Jusqu’à maintenant, le Maroc n’a pas refusé de délivrer les visas. Mais les choses avancent. J’ai fait le point devant expliquer au collectif», a encore souligné le secrétaire général du Maeci.
La preuve, l’ambassade du royaume du Maroc a, à travers une lettre en date du 13 novembre qu’Al-watwan a consulté, confirme la réception des demandes de visas. «Les demandes sont soumises à l’avis préalable du ministère des Affaires étrangères marocaines», lit-on dans ce courrier dans lequel figurent les neuf pièces obligatoires que doit présenter quiconque voudrait demander un visa. Mais devant l’inquiétude grandissante, le Maeci a décidé d’envoyer d’ici dimanche le directeur de l’enseignement supérieur, Ali Mohamed Ali. «Sa mission une fois sur place sera d’aider notre ambassade. Il appréciera une fois sur place. S’il trouve qu’il y a la possibilité d’obtenir des réponses mieux ça sera. Si les étudiants que nous accompagnons dès le début décident d’abandonner c’est leur choix. En tout cas la décision est irréversible», a mis en garde le Sg du Maeci.
Le porte-parole du Collectif avait, au cours du rassemblement d’hier, évoqué devant des centaines d’étudiants une date butoir du 30 novembre. Une fois cette date dépassée, l’ambassade ne délivrerait plus de visas, selon ses mots. Cette information a été démentie par Ali Mohamed Soilih au cours de notre entretien hier. Notre interlocuteur affirmait n’avoir jamais reçu une note allant dans ce sens. «Cela fait un mois depuis que nous faisons le tour partout pour connaitre notre sort. Nous connaissons une personne qui n’a même pas le bac alors qu’il a déjà obtenu son visa depuis Nairobi. Il était venu ici samedi dernier avant de décoller pour le Maroc. On se demande comment cela a pu être possible. Pourquoi ceux qui ont des masters au moins avec des inscriptions en main n’ont toujours pas eu de réponses. Notre ultimatum est clair, d’ici le jeudi, prochain, nous voulons nos dossiers», a lâché le président du collectif, Youssouf Saïd. C’est aujourd’hui, vendredi qu’ils doivent se prononcer si, oui ou non, ils veulent qu’on leur remette ou non les passeports. Ces étudiants ne sont pas à leur première manifestation. Ils s’étaient déjà rassemblés devant le ministère, le 29 octobre dernier.