Le gouverneur de l’île de Ngazidja, Ibrahim Mohamed Mzé, accompagné de son délégué à l’Education, Soighiri Mlindé, a effectué, mardi dernier, une visite pédagogique inopinée dans certains établissements scolaires primaires publics de la région de Mbadjini, notamment dans la zone de Nguwengwe. Dans les 12 localités visitées, le gouverneur a constaté «une situation alarmante et déplorable».
Bien que l’éducation de base figure parmi les missions du gouvernorat de l’île, les solutions adéquates doivent émaner, selon le gouverneur, du gouvernement central, en particulier du ministère de l’Education nationale. Il citera, par exemple, les compétences en matière d’affectations et les missions des conseillers et inspecteurs pédagogiques parmi les prérogatives du ministère. Ibrahim Mohamed Mze s’est dit «satisfait» d’avoir confronté la réalité des choses mais «mécontent» de la situation rencontrée.
Les explications fournies au gouverneur, par les chefs d’établissement rencontrés et certains enseignants montre que «le ministère de l’Education nationale a abandonné l’éducation de base ». Dans presque toutes ces écoles, l’on a remarqué les difficultés liées aux capacités d’accueil, le manque des fournitures scolaires (les craies, matériels géométriques) et le manque d’équipements pédagogiques (cahiers de journal, curriculums), et autres.
L’Inspection pédagogique pointée du doigt
«J’ai 328 élèves répartis en 13 divisions avec 9 enseignants dont 4 bénévoles. Outre la difficulté de la gestion de ces bénévoles, il y a le manque de fournitures scolaires », a détaillé Hadidja Said Mmadi, directrice de l’école primaire publique de Ntsinimwashongo, avant d’affirmer n’avoir rien reçu pour la rentrée de cette année, de la part de notre ministère. «Les morceaux de craie et matériels géométriques qu’on utilise sont offerts par les associations communautaires et les Wanamdji (groupe coutumier du village) lesquels s’engagent habituellement à payer les enseignants bénévoles», a-t-elle indiqué.
En ce qui concerne les résultats enregistrés à l’examen d’entrée en sixième, Ali Mzé, enseignant de classe de Cm2, n’a pas maché ses mots. Il a clairement évoqué « des résultats médiocres » qui reflètent, selon lui, la réalité. «Les résultats ont chuté de 98 à 51%», avoue-t-il, citant certaines raisons, notamment l’absence d’inspection pédagogique et les nouvelles réformes mises en place par le ministère. L’enseignant a affirmé également n’avoir jamais été inspecté pendant ses 20 ans de carrière.
A Kandzile, la directrice affirme qu’il lui arrive de refuser d’inscrire certains enfants à cause du manque de places. Selon elle, les capacités d’accueil de son établissement sont très limitées. L’Epp de Kandzile compte 239 élèves répartis en 9 divisions avec seulement 4 salles de classes éparpillées.Pour pouvoir gérer cet effectif, Salmata Toibibou fait des jumelages, lesquels restent difficiles à gérer avec les effectifs. «Dans 2 ans, cet effectif pourrait doubler. J’ai donc proposé aux autorités villageoises de réfléchir à l’extension de l’établissement. La proposition est bien accueillie et l’idée est en gestation », a expliqué la directrice, invitant le gouverneur à s’enquérir de la situation et de faire sienne l’éducation de base.
Le chef de village de Mbude ya Mbwani, Mohamed Moussa Djalim, a, pour sa part, salué l’initiative du gouverneur de visiter les établissements scolaires pour «constater de ses propres yeux que ces structures scolaires sont assurées par les communautés villageoises». Le notable regrette l’attitude des responsables politiques «qui ne prennent pas au sérieux l’éducation de nos enfants».En tout cas, l’Epp de Mbude ya Mbwani, qui compte environ 200 élèves repartis en six divisions, avec quatre enseignants, est le seul établissement des douze localités visitées qui a reçu des fournitures scolaires.