L’école Malezi a été récemment secouée par la découverte troublante d’un élève de 15 ans en classe de 5eme retrouvé en possession d’un couteau, d’un tournevis et d’une feuille servant à rouler un joint. Une situation qui illustre, selon les responsables d’établissements scolaires, la montée inquiétante de la violence et des comportements déviants dans les écoles. Le directeur de l’école Malezi, Abderemane Ali, raconte les faits. «J’avais des doutes sur cet élève. Il ne suivait pas correctement les cours, ne faisait pas ses exercices et traînait souvent», confie-t-il. Le mardi 21 octobre, alors qu’il se trouvait dans la cour de récréation, le directeur a demandé instinctivement à l’élève de lui remettre son sac à dos.
Rivalités de quartiers
C’est en l’ouvrant qu’il a découvert les objets suspects. «Je n’ai pas cherché midi à quatorze heures, je l’ai immédiatement exclu», affirme-t-il, avant de préciser que le jeune a tenté de se défendre en prétendant que le sac ne lui appartenait pas, alors que ses cahiers et livres s’y trouvaient. Pour le directeur, cet incident n’est pas isolé. Il met en cause les mauvaises fréquentations et les conflits de clans entre jeunes issus de différents quartiers. «Il y a des groupes, comme ceux de Madjadju et de Dawedju, qui se forment et règlent leurs comptes jusque dans les écoles. Récemment, un groupe est venu pour s’en prendre à un élève.
Heureusement, les surveillants ont pu les faire fuir, mais une personne a quand même été frappée», raconte-t-il, déplorant au passage l’inaction des forces de l’ordre. «Des policiers routiers étaient présents et n’ont pas bougé le petit doigt», ajoute-t-il, déçu. Le directeur pointe également le manque d’implication des parents. Il se souvient d’une soirée récente où il a dû rester jusqu’à 22 heures avec une élève de CE2 dont le père ne s’était pas présentée. «J’ai tenté de le contacter à plusieurs reprises, sans succès.
Je n’ai pas voulu confier l’enfant à des voisins dans le monde où nous vivons. J’ai finalement conduit la fillette au poste de police», explique-t-il. Le père a fini par rappeler tard dans la nuit, affirmant qu’il travaillait à Shuwani et avait laissé son téléphone au bureau de son supérieur. Face à ces situations répétées, le directeur dit avoir instauré une règle : tout retard dans la récupération d’un enfant après la fin des cours est désormais sanctionné par une amende de 2000 francs. «C’est une mesure dissuasive, mais nécessaire», estime-t-il.
Le phénomène n’épargne pas les plus jeunes. À l’école La Pléiade, le directeur Mohamed Mansouri confirme que la présence d’objets dangereux dans les sacs d’élèves devient courante. «Récemment, un couteau a été découvert dans le cartable d’un enfant de CP1. C’est la professeure qui nous a alertés. Comment un parent sain d’esprit peut-il laisser un enfant venir à l’école avec un couteau ?», s’interroge-t-il. Le directeur évoque aussi d’autres dérives, notamment des élèves qui apportent des parfums à l’école, ce qu’il juge dangereux et contraire aux valeurs religieuses. «Ce sont souvent les filles qui en apportent, mais elles ne se rendent pas compte des risques», estime-t-il.
Dans le même établissement, un élève aurait récemment agressé un camarade par des coups de pierres, simplement parce qu’il avait été cité sur une liste d’élèves bavards. Pour Mohamed Mansouri, «ces comportements agressifs viennent de mauvaises fréquentations, souvent extérieures à l’école». Un témoin, qui veut garder l’anonymat, décrit une réalité tout aussi alarmante : «Ma nièce, élève de 5eme, est venue à la maison avec ses copines pour faire un exposé. Au lieu de travailler, elles ont sorti une chicha électrique pour fumer.
Ce sont des enfants de 12 ou 13 ans seulement», s’etonne-t-il. Face à ces constats, le directeur de l’école Malezi appelle à une mobilisation générale. «Les parents doivent redevenir les premiers éducateurs. L’école seule ne peut pas tout faire», conclut-il.

