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Karimou Abdoulwahab, candidat à la députation de Moroni-Sud : «On ne vend pas les connaissances comme l’on vendrait des oignons»

Karimou Abdoulwahab, candidat à la députation de Moroni-Sud : «On ne vend pas les connaissances comme l’on vendrait des oignons»

Elections | -   Ali Abdou

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A deux jours de la fermeture de la campagne électorale, relative au premier tour de l’élection des représentants de la nation, prévue le 19 janvier prochain, le candidat à la députation de la 15ème circonscription électorale de Moroni-Sud, Karimou Abdoulwahab nous a accordé une interview pour revenir sur ses principaux projets, une fois élu député de la 15ème circonscription électorale.

 

Dans votre programme de campagne, vous avez fait allusion à l’autosuffisance alimentaire et à votre volonté de contribuer à atteindre cet objectif. Comment un député, de plus indépendant, pourra-t-il y parvenir ?

Je pars de l’hypothèse que tous les comoriens veulent que les produits agricoles soient suffisants et moins chers. Pour y arriver alors, il faut optimiser la production, pour faire en sorte que l’offre en produits agricoles (culture vivrière) soit supérieure ou égale à la demande. Je tiens à rappeler une théorie simple qui dit que les facteurs clés pour une optimisation de la production sont : la terre, le capital, la technologie (techniques et outils modernes), et la les ressources humaines (travailleurs de la terre notamment les ingénieurs, les techniciens et des ouvriers qualifiés). Pour un député, le premier acte est donc de rendre disponible les surfaces cultivables pour leur exploitation.


Sur ce sujet, en 2020, on ne peut pas faire comme le Mongoz Ali soilihi qui recommandait la nationalisation des terres (ndo mtoiyificho yé ardhui). Moi, je proposerai la révision de la loi sur le foncier pour permettre de reconnaître les ayants-droits des terres arables afin de faciliter la concession ou l’affermage de ces terres sans courir le risque de léser les parties intéressées (investisseurs et rentiers). Pour accéder au capital dédié à investir dans le secteur agricole, nous proposerons la révision de la politique d’octroi de crédits pour rendre le secteur plus attractif et encouragerons la mise en place d’une politique de subvention en faveur de la production agricole.
Après, il reviendra aux acteurs de se doter des technologies et la main d’œuvre qualifiée pour un accroissement de la production agricole. L’État en collaboration avec les députés veilleront à ce que la richesse créée soit bien repartie entre les acteurs. Ainsi, le travailleur de la terre, dont j’ai le plus grand respect, ne vivra plus au gré des saisons mais aura son salaire mensuel et travaillera avec des outils modernes qui permettront de réduire substantiellement la pénibilité liée au travail de la terre.

Parmi les points qui vous tiennent à cœur figure l’éducation. Qu’en est-il du partenariat entre l’Etat et le secteur privé dont vous évoquer souvent ?


Ce partenariat est indispensable pour arriver à une éducation de qualité. Depuis des années, l’Etat comorien n’a pas su construire les écoles suffisantes pour faire face au développement de la démographie. Les écoles privées comblent ce vide et aujourd’hui, elles accueillent une partie non négligeable des élèves comoriens. C’est un fait indéniable. Et le fonctionnement de ces écoles ne doit pas être ignoré par l’Etat qui doit plutôt renforcer son contrôle sans complexe, puisqu’on ne vend pas les connaissances comme l’on vendrait des oignons.
Ce contrôle à la fois administratif et pédagogique orienté vers la protection et l’épanouissement de l’enfant doit s’effectuer dans le cadre d’un partenariat qui sera dessiné à l’Assemblée. Il doit aboutir notamment à la maîtrise de la fixation des frais d’écolages, la titularisation des professeurs, le suivi du parcours de chaque élève avec un fichier unique informatisé et actualisé. Et tout cela pour éviter les faux bulletins et les passages forcés en classe supérieure, la gestion des manuels de cours au programme, le renforcement de l’inspection pédagogique et celui du contrôle des performances des écoles avec au bout la possibilité de développer les meilleures écoles et de les aider à s’implanter où besoin sera sur l’ensemble du territoire.

Et c’est tout ce que vous proposez ?


Ce sont les projets les plus urgents. Sinon, des réformes structurelles doivent être apportées dans plusieurs secteurs notamment pour plus d’efficacité. Prenons l’exemple de la sécurité intérieure. Actuellement, la fonction de sécurité intérieure est tenue par deux entités distinctes à savoir la police et la gendarmerie. Est-ce qu’un Etat pauvre comme le nôtre peut se permettre d’entretenir deux institutions pour remplir pratiquement les mêmes missions avec le coût que tout cela engage sans l’efficacité souhaitée ? Je crois que non.
Autant s’adapter à notre réalité et fusionner ces deux corps aux missions identiques pour la création d’une unique force plus efficace et mieux organisée. Une fusion qui permettra de mutualiser les moyens que sont les effectifs, les outils, les moyens financiers pour un meilleur déploiement sur l’ensemble du territoire afin de permettre à la police d’être présent partout où besoin sera et de jouer son rôle de prévention, de dissuasion et de sécurité.
Une force qui pourra être mieux organisée avec des brigades spécialisées telles que : la brigade d’intervention, la brigade de mœurs, la brigade criminelle, contre les stupéfiants, la brigade scientifique, les brigades recherches, les brigades renseignements, la brigade routière etc.

 

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