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La parole aux candidats / Mzimba souhaite rétablir l’ordre et mettre les Comoriens au travail

La parole aux candidats / Mzimba souhaite rétablir l’ordre et mettre les Comoriens au travail

Elections | -   Mariata Moussa

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Al-watwan donne la parole à tous les candidats pour faire part de leur vision des Comores et dévoiler leurs projets et priorités pour le pays. A la suite de notre tirage au sort, c’est le candidat indépendant Ibrahim Ali Mzimba qui sort premier. Il ouvre le bal de «La parole aux candidats».

 


Vous visez la magistrature suprême. Qu’est-ce qui motive cette candidature ? Et avec quels moyens?



Je fais partie de ceux qui ont accompagné le président Azali dans l’idée des Assises autour d’une table-ronde pour qu’il y ait des discussions franches et fructueuses pour le pays. Avec le temps, on a constaté que ces enjeux se sont transformés en un enjeu personnel, des montages stratégiques pour s’approprier du pouvoir pendant quelques années. A partir de la, nous assistons à une destruction de l’arsenal institutionnel qui a construit notre pays depuis maintenant 20 ans, à savoir la destruction de tout ce qui est autonomie des îles, qui est la clé de voute de l’édifice de notre Etat. On a cassé les forces juridiques et constitutionnelles de notre pays, le changement de la nature de la tournante. Mais au-delà de la destruction des institutions, nous vivons une menace quasi-totale sur les libertés des personnes et toute particulièrement, sur les libertés fondamentales... Je prends un exemple, le manque d’autonomie pour la justice. Remettre de l’ordre dans tout cela a motivé ma candidature.
Concernant le financement de ma campagne, ce n’est pas un secret pour personne, je finance moi-même ma campagne par le fruit, la force de mon travail, par la crédibilité de mon cabinet et avec un apport considérable de mes amis. J’ai reçu des apports de la part de mes amis de Mbadjini, de Mbude, la ville de Djomani  m’a soutenu financièrement et des amis de Ndzuani ont également collecté des fonds pour financer ma campagne, qui est aussi  la leur. J’ai eu des aides venant d’un peu partout, mais le gros de cette campagne est personnel.
 


Au sujet de la justice, elle est souvent pointée du doigt, accusée de laxisme et de favoriser la culture de l’impunité. La lutte contre la corruption est également mise à l’index. Votre programme en fait-il mention ?



Vous comprenez bien que lorsque l’immixtion de l’autorité politique dans la justice est si flagrante, il n’y a aucun avenir économique possible. Il y a aussi le manque de respect des procédures judiciaires dans les incarcérations multiples... Notre objectif est donc de rétablir une confiance juridique, une confiance des textes pour que tout citoyen puisse bénéficier d’une justice équitable qui le mène vers le progrès pour tous car sans justice, sans équité dans les procès, il n’y a pas de progrès pour tout le monde.             
      


Le secteur éducatif va de mal en pis, quelles seront vos mesures pour lui redonner ses lettres de noblesse ? Et pour le secteur sanitaire ?



À notre époque, nous avions une éducation normale fondée sur une pédagogie. Aujourd’hui, il est dommage de constater que l’aspect pédagogique a disparu dans les milieux éducatifs. J’ai assisté personnellement à des cours à Dembeni et à Mitsamihuli et j’ai été désagréablement étonné de voir  des enseignants expliquer les cours de mathématiques et de français en comorien. A notre époque, il était impossible de voir un enseignant parler en comorien en classe. Il y a un changement de vision de l’éducation qui n’est pas prise en considération par l’autorité. Il y a un problème pédagogique. C’est le rôle de l’Etat d’avoir une vision de l’éducation et considérer les enseignants car je trouve absurde la manière dont les enseignants sont traités. Ils ne bénéficient pas du statut qui devrait être le leur.  


En matière d’économie, qu’envisagez-vous comme projets pour rehausser la croissance et résorber le chômage des jeunes ?



Le chômage des jeunes est un problème qui vient dans tous les sens. On ne peut pas créer une université qui produit tous les ans des jeunes diplômés sans ouvrir l’économie et permettre à ces jeunes sortant de l’université de trouver du travail. Il ne suffit pas d’ouvrir des murs, barricader les bacheliers et leur dire qu’ils sont à l’université. Il faut avant tout, créer une dynamique économique qui va accompagner l’instruction de ces jeunes. C’est ce que font nos voisins mauriciens. Les universités mauriciennes ne créent pas une filière, s’ils ne savent pas la destination de celle-ci, au niveau professionnel. Ici, on crée des filières sans qu’on sache les débouchés professionnels liés à cette filière. Notre méthode, c’est faire une école qui permet aux étudiants d’acquérir des connaissances qui leur permettront d’être opérationnels immédiatement après leurs formations. Je prends le cas du droit, en ce moment, j’ai demandé à mes collègues avocats d’être tolérants pour permettre aux jeunes diplômés de l’université d’entrer dans les différents métiers de la justice. J’ai demandé cela dans le simple but de donner espoir à ces jeunes qui ont étudié pendant des années dans cette université.
En ma qualité d’avocat, je me suis battu pour l’installation du Groupe Bolloré, Moroni Terminal, pour permettre au pays d’avoir un grand groupe international, car ce sont ces genres de groupes qui absorbent le chômage. Je prends l’exemple de Maurice, un pays ayant la même superficie que les Comores, il y a plus de 350 grandes entreprises internationales. Aux Comores, Bolloré seulement, qui gère un service public. Nous n’avons pas d’entreprise qui investissent pour ouvrir le secteur d’activité économique et embaucher les jeunes diplômés. Notre méthode est de dire aux Comoriens que le travail est une valeur réelle pour faire vivre la famille. Et pour commencer, il faut ouvrir tous les secteurs économiques et permettre aux Comoriens de travailler. Prenons le cas du riz. Il n’est pas normal qu’un directeur nommé par un président se donne le monopole de commercialisation du riz. Pourquoi ne donnerait-on pas la chance à tous les Comoriens pour négocier le riz ? Nous allons casser ce monopole. Tout le monde aura la chance de négocier et vendre du riz afin de faire manger aux Comoriens du riz de bonne qualité.                    


Quelle sera votre politique pour le retour de l’île comorienne de Mayotte et qu’en sera-t-il de la coopération internationale ?



A l’époque ou quand j’étais ministre des Affaires étrangères, il y avait une centaine de pays où les Comoriens pouvaient s’y rendre sans visa. Maintenant, ils sont seulement au nombre de quarante, pendant que Maurice, c’est le monde entier. C’est ce que nous allons faire, nous allons nous inspirer du model mauricien, promouvoir une coopération qui permet aux Comoriens de circuler dans le monde entier, car si les Comoriens ne voyagent pas, ils ne peuvent pas imiter. Maurice est devenu un pays puissant dans la région de l’Océan indien car sa population voyage, voit ce qui se passe à l’extérieur alors que le Comorien lui, est cloitré, il a très peu d’endroit pour y aller, même s’il a de l’argent, il ne peut pas se rendre où il veut quant il veut.
Une fois élu, je mettrais en place une coopération dynamique, ouverte et bannir les ambassades bidons.  Des ambassades qui font que pomper de l’argent. Toutes les ambassades qui existent sont inutiles, nous aurons que des coopérations. Il faut distinguer ambassade et coopération. Une ambassade est une structure qu’un pays met en place pour montrer sa puissance et monter qu’on pèse. Une coopération est plutôt technique, un moyen de faire venir des valeurs ajoutées dans le pays et demander de l’expérience. Nous allons tabler plus sur la coopération, sur la diplomatie.
Sur la question de Mayotte, c’est un dossier qui ne vit que sur de l’improvisation. Il n’y a rien qui est réfléchi à fond pour arrêter une position comorienne. Personne n’est en mesure de dire quelle est la position comorienne, si ce n’est de dire que Mayotte est comorienne. Cela ne constitue pas de position pour des négociations internationales. La position d’un pays est une méthode et pour l’instant, il n’y a pas de position comorienne sur la question. Ce que nous allons faire une fois élu, nous allons demander l’expertise comorienne, qui sera jointe d’une expertise internationale pour essayer de définir et affiner une position comorienne face à la question de Mayotte.


Mm

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