Cette marche avait pris son départ au palais du gouvernorat, Dar-nadjah. A la fin d’une cérémonie de «présentation des vœux de l’Aïd» au gouverneur, laquelle avait rassemblé de nombreuses personnes, celles-ci, munies de banderoles hostiles au pouvoir central, ont entrepris cette marche depuis le siège de l’exécutif insulaire. Selon les consignes des organisateurs, la manifestation ne devait, toutefois, pas dépasser quelques centaines de mètres, hélas elle a fini par échapper à leur contrôle.
«On avait convenu que la marche devait s’arrêter à l’endroit où avaient stationné les bus, devant le Conseil de l’île. Mais arrivée à ce niveau, une partie des manifestants a entraîné les autres vers la route nationale. L’on n’a pas pu maîtriser les manifestants, et ils ont continué leur chemin, déterminés à aller jusqu’à Mutsamudu. La nouvelle a été communiquée à la gendarmerie qui a aussitôt rappliqué», nous a témoigné un proche collaborateur du gouverneur.
Une autre personne interrogée, présente sur place au moment des faits, précise que «l’affrontement a commencé lorsque les gendarmes, qui n’étaient que six dont quatre armés, ont voulu arracher une deuxième banderole des mains des manifestants».
La suite a été plutôt calme, contrairement à ce que certains avaient craint. En effet, selon toujours les témoignages concordants de plusieurs participants à cette marche, un contingent de gendarmes et de soldats est venu dresser un point de contrôle à l’endroit dit Trenani, non pas pour procéder à des arrestations mais plutôt pour tenter d’apaiser la situation.
«Ils arrêtaient les bus, juste pour dire aux passagers que le pays avait besoin de paix», raconte un des conducteurs des bus, qui reconduisaient les participants au rassemblement vers leurs localités respectives. Il faut souligner qu’au cours du rassemblement de Dar-nadjah, le gouverneur Salami a prononcé un discours, dont le message clé a été jugé «séditieux» par certains.
Le chef de l’exécutif anjouanais a, en effet, appelé «les comoriens d’anjouan» à «ne plus avoir peur de rien», et de «défendre enfin la dignité et les droits» de leur île. Il a également dit aux gens venus l’écouter de «rentrer tranquillement» chez eux et d’attendre «le jour où» il les «appellera pour aller quelque part».
Sardou Moussa