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Mayotte : “Accompagner les paroles d’actes”

Mayotte : “Accompagner les paroles d’actes”

Mayotte | -   Maoulida Mbaé

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Il est beau de dire que “nous avons de notre côté le droit” mais encore faut-il en faire usage. C’est ce que réclame du gouvernement Faouzi Ahamada, président du Comite Maore, sur le contentieux de l’île comorienne de Mayotte. “Accompagner les paroles d’actes”, pour ainsi dire

 

"La France a la force, mais nous avons le droit”, déclarait en conférence de presse, mercredi 9 mai, le ministre des Affaires étrangères, Souef Mohamed El-Amine, par rapport à la décision prise par la France, le 4 mai dernier, d’étendre la suspension des visas à tous les ressortissants comoriens. Une déclaration que le Comité Maore, qui a organisé hier jeudi une conférence devant une trentaine d’étudiants de l’École supérieure de technologie (Est), “salue avec force”, pour citer son président, Faouzi Ahamada.

User du droit

L’objectif de cette conférence, organisée sous forme de tournée dans les universités et instituts, est d’initier la jeunesse au contentieux de l’île de Mayotte, pour l’impliquer dans ce “combat de tous les Comoriens”.

L’historique de la question a été ainsi exposée, depuis le temps des sultanats, en passant par l’accession de l’indépendance en 1975, jusqu’au bras de fer actuel entre les Comores et la France. La position du gouvernement fait globalement l’unanimité. Reste que les intervenants souhaitent que celui-ci “accompagne ses paroles d’actes”.

“Nous soutenons la position du gouvernement. Il ne faut surtout pas lâcher, accepter le diktat et les intimidations de la France”, dira le président du Comité Maore. Et de poursuivre : “nous avons le droit avec nous, certes, mais il faut le montrer, oser porter la question devant la Cour internationale de justice (Cij), la Cour pénale internationale (Cpi), le Comité des droits de l’homme (Hcdh) et autres organisations internationales”.


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Faouzi Ahamada demande également de rompre avec le “théâtre” des présidents comoriens sur la tribune des Nations unies, lesquels ne prennent pas le taureau par les cornes, et d’enfin soumettre la question pour débat en assemblée générale ; en plus de saisir des organisations telles que la Ligue arabe, l’Union africaine (Ua) par la réactivation notamment du Comité des sept. Toutes ces organisations internationales, explique-t-il, “reconnaissent de facto Mayotte comme faisant partie intégrante des Comores. Le problème, c’est que l’on s’enferme dans le silence. La France n’a pas hésité un seul instant à suspendre les visas à des simples citoyens comoriens.

Il ne faut donc pas avoir peur, puisque nous avons le droit de notre côté, de recourir à toutes les voies légales”.

Ce qui ne veut pas dire, selon lui, qu’il faut rompre les négociations ; mais “y associer obligatoirement un arbitre, sinon ce sera le combat de David contre Goliath”.

Ville morte

Un appel du pied relayé par le coordonnateur de la Cajc (Coordination des associations des jeunes comoriens), Chamir Abdou Chatoi, laquelle s’est plus distinguée, jusqu’ici, par son silence qu’autre chose. “La France a recours à la force, nous devons recourir au droit. Il n’y a pas lieu de jouer à cache-cache. Nous devons prendre le problème à bras le corps. Ce sont les résolutions des Nations unies que la France piétine”, exhorte-t-il.

Le coordonnateur de la Cajc estime d’ailleurs que la jeunesse est écartée de la prise de décisions. Une “intériorisation de la question” qu’un des conférenciers reprochera d’ailleurs au gouvernement. Le problème “concerne tous les Comoriens”, dit-il, citant la société civile, les jeunes, etc.

Le président de la coopérative de l’École supérieure de technologie, tout comme les étudiants ayant d’ailleurs intervenu lors cette confé- rence, affiche son “entier soutien” au gouvernement. Il regrette, cela dit, de n’entendre que la voix du ministre des Affaires étrangères dans cette question. Moustoifa Mohamed Abdou sollicite ainsi des mesures pour donner plus d’effet aux propos de Souef Mohamed El-Amine.


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“Nous avons soutenu dernièrement la marche du Comité Maore (jeudi 12 avril, ndlr). Mais elle n’a pas eu trop d’impact parce que le gouvernement n’a pas suivi. Maintenant, ce qu’il faudrait, c’est une journée ville morte, initiée par le gouvernement. C’est un moyen, entre autres, de toucher l’opinion mondiale”, propose-t-il. 

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