logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Me Ali Abdou Elaniou : "S’opposer maintenant à la politique du gouvernement sur l’île de Mayotte serait un crime contre la nation"

Me Ali Abdou Elaniou : "S’opposer maintenant à la politique du gouvernement sur l’île de Mayotte serait un crime contre la nation"

Mayotte | -

image article une
Al-watwan publie des extraits d'une lettre ouverte de Me Ali Abdou Elaniou adressée aux partis politiques comoriens. "J’ai la profonde conviction que s’opposer maintenant à la politique du gouvernement sur l’île comorienne de Mayotte serait un crime historique contre la nation", écrit-il.

 

" Je tiens d’abord à rappeler que je ne suis ni l’ami ni l’ennemi d’aucun parti politique. Quant aux partisans, s’il est vrai qu’il y en a qui sont mes amis, ou mes parents (il ne pourrait pas en être autrement dans un pays qui doit son étendue à la mer qui l’entoure) il n’en est pas moins vrai que je ne compte parmi eux aucun ennemi connu….C’est donc d’un cœur serein et confiant que je vous adresse à tous un salut chaleureux et fraternel.

Je prends le risque de vous parler au nom de tous les Comoriens.

Ambition d’autant plus démesurée que dans ce "tous" il y a absolument tout le monde : vous, moi, ceux que j’aime, ceux que vous aimez, et les autres…

Comme si je vous téléphonais d’un monde où tout le monde est l’ami, le frère, ou la sœur de tout le monde, un monde où ne règneraient que l’amitié et l’amour….Vous savez que je n’ai jamais appartenu à aucun parti politique si ce n’est celui que j’avais fondé à l’époque Johar et que j’avais appelé "NOUR" (Nouvelle Orientation pour l’Unité de la République) NOUR comme la lumière…. C’est souvenez-vous le parti qui avait eu l’honneur de présider la fameuse Conférence de la Table Ronde initiée par le Président Johar et qui a eu à gérer les premiers soubresauts de séparatisme après celui de Mayotte. Quand je me suis rendu compte qu’il devait fonctionner comme tous les autres c’est à dire selon des règles que je ne pouvais appliquer, j’ai compris que je risquais d’être entrainé dans des eaux qui n’étaient pas les miennes et je l’ai laissé mourir d’inanition….

Je vous écris au nom de tous pour vous dire qu’en ce qui concerne l’ile comorienne de Mayotte, l’heure n’est plus à l’opposition systématique, négative, j’allais dire destructrice.

J’ai la profonde conviction que s’opposer maintenant à la politique du gouvernement sur l’île comorienne de Mayotte serait un crime historique contre la nation.

Je ne veux entrer dans aucune polémique. Je vous dirai simplement que la situation aujourd’hui n’est plus ce qu’elle était hier. Nous avons élu un président qui dès les premiers jours a montré un très grand intérêt pour la question de Mayotte. Alors que son prédécesseur pendant tout son quinquennat, a soigneusement évité tout débat sur le sujet, refusé de recevoir le Comité Maore (qui comme chacun sait, était pratiquement le seul à porter le drapeau à l’époque)  le Président AZALI, lui, a pris l’initiative de convoquer cette ONG, de lui faire part de son intention de l’associer à la recherche d’une solution. Certes sur ce point précis, les choses en sont restées au stade du projet, mais il faudrait se demander si le nouveau bureau du Comité Maore installé après le congrès de Kwambani n’a pas estimé devoir se passer de cette collaboration. L’avenir nous le dira….

Le certain aujourd’hui, c’est ce que nous voyons. Certes, l’interdiction faite aux navires et aéronefs d’embarquer des Comoriens expulsés de Mayotte n’est pas nouvelle. Elle a été tentée du temps du Président SAMBI mais elle n’a duré que quelques heures parce que de l’autre côté, ils avaient agité le chiffon rouge du visa…et tout est rentré dans l’ordre. Aujourd’hui nous avons un ministre des Affaires étrangères qui ose dire : "la France peut suspendre les visas diplomatiques tout le temps qu’elle veut, nous ne céderons pas". Ce langage ferme, les séparatistes ne l’avaient pas encore entendu !!! Il a dû surprendre ce cher Mansour Kamardine qui avait spontanément proposé à "son" gouvernement de rééditer le coup du visa espérant obtenir le résultat ultra rapide de 2014 quelle ne fut sa surprise de constater qu’en 4 ans les Comores avaient changé de visage ?

Il faut reconnaitre que nous avons définitivement tourné une page. Une véritable bataille diplomatique a commencé et l’ouverture des négociations n’est pas loin !

Je sais que pour beaucoup d’entre vous, ce que je demande c’est la chose la plus difficile pour un être humain : "rendre le bien pour le mal" Je sais qu’il y en a qui ont des blessures profondes anciennes ou récentes, et qu’il est difficile d’oublier… mais ne regardez pas qui est au pouvoir aujourd’hui regardez droit devant vous l’avenir de la nation…c’est vous peut-être demain… ! La mère-patrie à qui nous devons tout ne peut compter que sur nous pour relever la tête, redresser l’échine brisée, retrouver les rêves saccagés sécher les larmes et le sang qui coulent depuis 1975.Ne vous trompez pas de cible !

(...)

Oubliez vos querelles. Enterrez la hache de guerre. " 

Me Ali Abdou Elaniou


 

Commentaires