logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Hamada Madi: “N’ayons pas de doute, l’indianocéanie relèvera bien le défi de la transition énergétique”

Hamada Madi: “N’ayons pas de doute, l’indianocéanie relèvera bien le défi de la transition énergétique”

Politique | -   Nazir Nazi

image article une
A la fin de ce mois, la Coi va accueillir ses Etats membres pour le premier forum régional des énergies durables après avoir tenu son comité de pilotage du programme COI-ENERGIES au début de mars dernier. Dans une interview accordée à Al-watwan, le secrétaire général de la Coi, Hamada Madi, parle dudit forum à travers ses axes, des énergies renouvelables dans la région, de son dernier comité de pilotage…

 


La Commission de l’océan Indien (Coi), à travers son projet COI-ENERGIES financé par l’Union européenne, organise, du 28 au 30 mai à Maurice, son premier Forum régional des énergies durables. Pourquoi cette initiative ?


 


Le Forum régional des énergies durables est organisé par la Commission de l’océan Indien dans le cadre de son programme ENERGIES financé par le 10ème Fonds européen de développement, le FED. Le principal objectif de cette manifestation qui, rappelons-le, est une première pour la région, est de mettre en réseau les professionnels engagés dans le domaine des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique dans nos Etats membres afin qu’ils puissent partager les derniers développements en matière de gouvernance de l’énergie, d’intégration des énergies renouvelables dans les systèmes électriques et d’amélioration de l’efficacité énergétique des différents secteurs de l’économie.

Ces sujets sont d’autant plus d’actualité que les États membres de la COI dépendent à plus de 80% d’énergies fossiles importées. Cela a des implications non seulement pour la balance de paiements de ces pays, mais aussi en termes de changement climatique, lequel affecte davantage les Petits Etats Insulaires en Développement comme les nôtres. Il faut également souligner que ce Forum aboutira à la création d’un Cluster d’entreprises et de centres de recherche au niveau de nos Etats membres afin de dynamiser les échanges entre eux.


Sur quels et combien d’axes vont porter les échanges de ces trois jours de travail avec la participation de tous les pays membres de la COI ?



Les interventions et discussions s’axeront autour de trois sujets principaux. D’abord sur la gouvernance, l’environnement réglementaire et le climat des affaires pour l’accès à l’énergie. Ce qui permettra d’avoir la définition et la mise en œuvre de stratégies énergétiques visant les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Ensuite les participants vont échanger sur l’intégration des énergies renouvelables dans les systèmes électriques. Pour enfin étudier l’efficacité énergétique dans l’industrie et le secteur du bâtiment en particulier.


Peut-on dire que cette rencontre sera un premier dialogue public-privé dans l’Indianocéanie?



Cette manifestation se veut être avant tout une plateforme “business-to-business” (B2B). La raison est simple : le secteur privé est un acteur central du développement de l’accès universel à l’énergie, des énergies renouvelables et de la performance énergétique. En les mettant ainsi en réseau notre objectif est de créer un écosystème régional des énergies durables.


Cela étant dit, nous ambitionnons de créer des liens durables entre tous les acteurs de la filière, qu’ils soient les représentants des organismes de régulation, les représentants des administrations en charge de l’énergie, les sociétés nationales d’électricité, ou encore les acteurs publics et privés de la recherche et de l’innovation.


Ce rendez-vous régional bénéficiera du soutien de l’agence française de l’environnement et de la maitrise de l’énergie (ADEME). En quoi consistera essentiellement son assistance à ce forum ?


 


D’une part l’ADEME co-finance les dépenses liées à ce Forum. D’autre part, des représentants de l’ADEME interviendront lors de cette manifestation. Il y aura même un stand ADEME dans le hall d’exhibition du Forum.


Le comité de pilotage du programme COI-ENERGIES, financé par l’Union européenne, s’est tenu les 6 et 7 mars dernier. Quelles sont les conclusions de cette rencontre ?



Lors du dernier comité de pilotage du Programme les représentants des Etats membres ainsi que ceux de la Délégation de l’Union européenne ont approuvé le programme de travail du projet ENERGIES de la COI jusqu’à Juin 2019.


Y-a-t-il déjà un pays membre de la COI qui aurait enregistré plus d’avancées en matière d’énergies renouvelables dans le cadre du programme COI-ENERGIES ?



Globalement, il est certain que La Réunion possède une avance significative en termes d’intégration des énergies renouvelables dans son système électrique et d’efficacité énergétique. Les énergies renouvelables y représentaient déjà 34,1% de l’électricité produite en 2016.
Autre exemple, le gouvernement Comorien a réaffirmé son engagement pour l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique comorien à 50% d’ici 2030. C’est extrêmement encourageant de voir qu’en Indianocéanie, malgré les réalités financières variées de nos Etats membres, chacun tend vers des objectifs communs.


Trois projets énergétiques ont été lancés en Union des Comores par COI-ENERGIES. Quelle appréciation faites-vous de leur exécution ?



Trois projets ont effectivement été lancés aux Comores sous la composante “appel à propositions du programme COI-ENERGIES” qui vise à cofinancer des projets de production d’électricité à partir d’énergies renouvelables. Le premier, qui est porté par Initiative Développement, ambitionne l’émergence d’une filière locale de fabrication et de distribution de cuiseurs autonomes sur l’ile de Ndzuwani afin de diminuer la demande en bois pour la production d’énergie. Ainsi, 2,500 cuiseurs autonomes seront distribués à la population de Ndzuwani et un plan d’action forêt/énergie sera élaboré.


Le deuxième projet, également porté par Initiative Développement avec Cœur de Forêt, vise à améliorer les pratiques de distillation des producteurs-distillateurs d’ylang-ylang de manière à les rendre plus efficaces en termes d’énergie. Cela implique notamment la distribution de 55 Unités de Distillation à foyer économe (dont 40 à Ndzuawani et 10 à Mwali) et la formation de distillateurs à leur utilisation. Le troisième projet est centré autour de la réalisation d’une mini- centrale électrique alimentée par le gaz issu de la biomasse contenue dans les déchets traités à Moroni avec le Bureau Géologique des Comores et la mairie de Moroni.
Concernant leur exécution, il faudra attendre la fin de la période de mise en œuvre pour avoir une estimation complète.


A l’heure actuelle, n’y a-t-il pas un pays membre de la COI qui ne bénéficie pas au moins un projet d’énergies durables ?



Tous les pays de la région, sans exception, font de leur mieux pour réduire leur dépendance sur les énergies fossiles en exploitant le soleil, le vent, l’eau et la biomasse. Il faut toutefois tenir compte de certaines contraintes techniques et financières qui freinent parfois cette transition énergétique si nécessaire mais le fait demeure que l’avènement de celle-ci est inévitable.  

 


Comment situez-vous les pays de la COI en matière d’énergie renouvelable par rapport au dernier rapport relatif aux statistiques de capacité renouvelable de 2018 publié par l’agence internationale des énergies renouvelables (IRENA)?



Je ne me hasarderai pas à tirer des conclusions à ce stade mais je conseille vivement à tout un chacun de consulter ce document :(https://www.connaissancedesenergies.org/sites/default/files/pdf-pt-vue/irena_re_capacity_statistics_2018.pdf). Il contient des statistiques extrêmement détaillées sur l’utilisation des différentes formes d’énergies renouvelables (hydraulique, éolienne, solaire, bioénergie, etc.) dans pratiquement chaque pays de la planète.
 


L’année 2030 reste une date butoir des projets pour presque tous les pays de la planète en matière d’énergies durables. La région indianocéanique sera-t-elle au rendez-vous vu les avancées des chantiers ?



Je n’ai aucun doute qu’elle le sera. La transition énergétique est tout simplement l’un des défis majeurs de notre ère ! Le changement climatique va aller en s’accélérant, surtout dans les pays insulaires comme les nôtres qui sont particulièrement vulnérables.

Un autre élément de réponse important réside dans le fait que les coûts associés aux énergies propres diminuent rapidement, arrivant même dans certains cas à parité avec les énergies fossiles. Le choix s’imposera dès lors comme une évidence. N’ayons pas de doute, l’indianocéanie relèvera bien le défi de la transition énergétique !


Commentaires