Nous sommes à quelques jours de la 28ème conférence des parties sur le climat (Cop28) à Dubaï. Cette fois-ci, qu’attendez de ce rendez-vous climatique ?
La Conférence des Parties sur les changements climatiques a été créée en vue d’initier une action collective d’ordre mondial sur les sujets liés au climat. Chaque année, des décisions fortes sont supposées être prises pour consolider la stratégie de lutte contre le réchauffement climatique. Cela a notamment été le cas en 2015 avec l’Accord de Paris. Ainsi pour la Cop28 le point d’orgue des travaux est le bilan mondial. Il s’agit d’un exercice lancé en 2021. La Cop28 est un moment charnière du cycle de l’ambition, afin de passer en revue et d’évaluer les progrès collectifs accomplis dans la réalisation de l’accord de Paris. Cette ambition n’est pas limitée uniquement à la réduction des émissions, mais concerne aussi l’adaptation, les moyens de mise en œuvre et l’équité (ce qui inclut les questions financières et la transition juste).
Et vos pressentiments par rapport à cette évaluation ?
Les conclusions de ce premier bilan mondial seront probablement sans surprise : les engagements des États ne sont pas à la hauteur des objectifs de l’Accord de Paris, et les Parties seront encouragées à renforcer leur ambition et augmenter l’échelle de leur action. Alors que les émissions mondiales doivent baisser de 43 % entre 2019 et 2030 pour rester sous le seuil de 1,5°C, selon le Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (Giec), les engagements actuels des 193 Parties à l’Accord de Paris ne permettront pas de réduire les émissions que de 0,3 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2019.
Le développement des fonds d’aide est l’un des quatre points chauds que l’Afrique va porter haut ; le pays a-t-il des projets à exposer pour atteindre des fonds ?
Le fonds de financement des pertes et préjudices aux pays vulnérables durement touchés par les catastrophes climatiques, qui est créé lors de la Cop27 en 2022, présente une grande avancée pour l’action climat. Mais de nombreux points restent à préciser, en particulier sur les sources de financement du fonds.
Justement, est-ce les contributions doivent être sous forme de dons ? De subventions ? Ou de prêts ?
Cette question est un point épineux qui aura des conséquences sur la dette des pays bénéficiaires. Les bénéficiaires ne sont pas encore précisément identifiés non plus : les pays en développement, avec un accent mis sur les pays les plus vulnérables, sont éligibles, mais la définition de la notion de vulnérabilité climatique et la détermination d’un seuil de vulnérabilité restent à déterminer. Le pays a déjà l’habitude de travailler avec ses partenaires pour la mobilisation des financements climatiques. Plusieurs projets sont en cours d’exécution et un financement additionnel de 40 millions de dollars dont 20 millions issus du fonds d’adaptation aux changements climatiques et autres 20 millions du fonds pour l’environnement mondial (Fem) sont en train d’être mobilisés pour financer des programmes sur la sécurité civile, l’agriculture, la zone côtière, l’aménagement des bassins versants etc.
La diminution progressive de la dépendance énergétique fossile est l’une des quatre points ; l’acquisition de nouveaux groupes électrogènes à la veille de la Cop n’est-elle pas une contradiction avec l’élan continental et mondial ?
Effectivement, les Parties aborderont également la question de la transition vers une économie durable, avec la sortie des énergies fossiles et le triplement des énergies renouvelables ainsi que les besoins et réparations des pays les plus vulnérables, impactés par la crise climatique.
C’est pourquoi l’autre grand engagement de la présidence pour la Cop28 vise à faire adopter un objectif de triplement du taux annuel de déploiement des énergies renouvelables d’ici 2030. La tendance est actuellement dans le mix énergétique. La trajectoire adoptée actuellement est en adéquation avec la tendance mondiale car aucun pays au monde n’utilise uniquement les énergies renouvelables.L’évaluation globale des progrès réalisé dans le cadre de l’accord de Paris depuis son entrée en vigueur en 2015 occupera également une place dans les discussions.
Comment vous évoluez dans la réalisation des Comores ?
Les études réalisées notamment les communications nationales et la contribution nationale déterminée (Cdn) montrent que notre pays reste un puits de carbone. Cela revient à dire que nos émissions sont négatives.
Cette situation est liée au fait que notre ministère a initié une campagne de reboisement intitulé «un comorien, un arbre» et cela favorise les absorptions des gaz à effet de serre (Ges. Les énergies renouvelables couvriraient d’ici 2030, 50% de la couverture énergétique nationale. Toutes ces actions visent à aligner le pays dans la trajectoire des objectifs assignés par l’Accord de Paris.
Propos recueillis
par Nazir Nazi